Doname L'obsession de l'autre Reveries 3

Reveries 3

-On fera avec, et toi tu en es ou ?

-En fait au niveau du dispositif de prise en charge de l’addiction, les choses sont relativement claires et ne datent pas d’hier et pour une fois les différents changements de gouvernement n’ont pas modifiés l’objectif et les modalités de prise en charge.

-Explique.

-Aujourd’hui, il existe une structure unique de prise en charge : les centres de soin d‘accompagnement et de prévention en addictologie, « les CSAPA » qui ont la mission de prendre en charge toutes les addictions avec ou sans produit d’ailleurs. A ce sujet je t’ai pris un rendez vous pour soigner ton addiction au sexe il serait temps que quelqu’un s’en occupe !

- Ah ah très drôle.

- On fait ce qu’on peut. Pour revenir à notre sujet, je disais que ces structures prennent en charge tous les toxicomanes quelque soit le produit utilisé même si il y a encore quelques petites différences. Il y a des CSAPA plus centrés sur l’alcool, des CSAPA plus centrés toxicomanie et drogues illicites et les CSAPA généralistes qui eux sont indifférenciés, pas trop technique pout toi Pierre ?

- Non on arrangera ca plus tard répondit Pierre

-L’ensemble de ces structures est censé former un maillage cohérant pour prendre en charge n’importe quelle addiction sur l’ensemble du territoire. En fait, cela a été un véritable tour de passe-passe. Un tour de passe-passe gagnant exclusivement pour l’état bien sur, qui du jour au lendemain s’est retrouvé avec un maillage relativement correct sur l’ensemble des régions sans dépenser un euro. Pour cela, il leur à suffit de transformer les centres existants qu’ils soient de tabacologie, d’alcoologie ou de toxicomanie en centre d’addictologie. Ce n’est pas fort comme tour de magie. Et pour éviter toute revendication de ces anciennes structures elles devaient demander leur agrément en centre d’addictologie avec de nouveaux critères de fonctionnement et menace de fermeture si tous les critères n’étaient pas remplis.

-Génial s’écria Pierre ça c’est de la politique

-Je ne te le fais pas dire et puis j’ai noté quelques autres incohérences.

-Du genre ? demanda Pierre.

-En théorie, ces structures devaient être entièrement financées par l’état, mais en fait il y a une grande inégalité entre les financements publics, et beaucoup de structures ne pourraient pas rester ouvertes si elles n’étaient pas soutenues par un autre financeur .Ainsi par exemple sur Aulnay sous bois le CSAPA est financé à hauteur de quarante pour cent par la ville .Si la municipalité décide de couper les vivres le centre d’addictologie ferme.

Sur l’hôpital robert Ballanger à Villepinte ? Juste à coté du cadavre encore tiède de notre pauvre dealer, c’est pareil. Il n’y a pas eu de revalorisation du budget de la structure depuis plus de cinq ans et a l’époque un des deux postes de médecins était sous payé à tel point qu’aujourd’hui, ce centre fonctionne avec cinquante pour cent de ses effectifs médicaux en moins. Tu parles d’une cohérence.

-Mais dit donc c’est intéressant comme angle d’attaque, tu te rends compte une petite pointe d’injustice politique notre boss va adorer ça.

-Attend Pierre ce n’est pas tout. Même au niveau de la prise en charge thérapeutique des patients, il y a des injustices ou pour le moins des incohérences c’est comme tu veux.

J’ai ainsi découvert que les traitements pour les héroïnomanes comme la méthadone ou le subutex, ce qu’ils appellent des traitements de substitution aux opiacés, je n’ai pas tout compris, il faut encore que je creuse et bien ces traitements ils sont remboursés sans souci par la sécurité sociale, par contre pour les fumeurs, le remboursement des autres traitements en dehors des patchs ou des gommes nicotiniques, est quasi inexistant va comprendre la logique ?

- Ca c’est clair.

- Tu vois, je n’ai pas fait que rêver entre toi et moi, on a quelques angles d’attaques :

Une image fausse et très caricaturale de la seine saint Denis, ça tu me diras, c‘est une triste et éternelle habitude.

Des financements de structures incohérents ne respectant pas les textes et décrets approuvés par les différents gouvernements qui se sont succédés ces dernières années.

Des choix politiques et sanitaires qui prêtent à discussion et dont le véritable objectif était de donner une illusion de prise en charge cohérente à financement équivalent, un vrai tour de passe-passe je te dis.

Enfin, une prise en charge par la sécurité sociale inégale avec des remboursements à la carte. Bref que du bonheur pour notre cher patron tu ne crois pas mon cher ami ?

-Oui je suis tout à fait d’accord mon cher Bruno.

Pierre adorait ce jeu où ils ce la jouaient seizième. Il va falloir néanmoins mettre cela en musique afin de proposer une partition cohérente à notre cher patron comme tu l’as si justement nommé.

-Oui et puis il faut trouver le lien avec monsieur feu le dealer.

- Oui de ce point de vu là j’ai contacté un de mes amis au commissariat, il devrait me faire parvenir quelques infos sur les circonstances du décès. Je sais déjà qu’il a été retrouvé mort dans son appartement si on peut appeler ca un appartement, il ne semblait pas être une fée du logis. C’est un de ses voisins de palier qui avait appelé la police, il était étonné de ne plus le voir depuis quelques jours. Il avait longuement hésité parce qu’il trouvait reposant le calme qui régnait depuis,

-D’habitude, avait-il dit, c’était un véritable supermarché cet appartement Les gens passaient à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour …, il ne savait pas trop pourquoi avait-il dit à la police en étant manifestement embarrassé.

-Moi je ne me mêle pas des affaires des autres vous savez.

Mais comme depuis quelques jours plus personne ne venait, il avait fini par s’inquiéter et avait appelé le commissariat .Le dealer est un certain Patrick Duchenne.

-connu de nos services comme lui avait dit son ami de la police.

Cet homme avait été retrouvé mort dans son salon, enfin dans une pièce de ce petit palace.

Mort probablement depuis plusieurs jours au vu de l’odeur imprégnant déjà fortement l’atmosphère. Les premières constatations, avant l’autopsie permettaient de s’orienter vers une overdose ou un accident de shoot. Malgré l’état désastreux de l’appartement rien ne semblait avoir été volé. Pas de trace d’effraction et de violence sur les lieux du décès également, donc probablement un ixième accident de shoot banal.

-Mais tout cela devra être confirmé par l’autopsie, lui avait dit son ami, et surtout ne crache pas ça dans ton journal a deux balles je n’ai pas envie d‘avoir d’ennui avec mes chefs moi, avait-il rajouté.

- Rassures toi lui avait dit Pierre. D’abord notre article n’est pas une enquête de police il ne va pas paraitre avant plusieurs jours et la mort de ton mec n’est qu’une porte d’entrée, notre boss veut un truc plus général et plus politique tu t’en doutes.

-Ok Pierre allez au revoir je te fais parvenir plus d’informations des que j’en ai.

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23 commentaires

agnes930

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Il y a 2 ans

intéressante cette mise au point sur les dessous des financements...

SANDRA930

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Il y a 3 ans

Les professionnels de la santé qui suivent les patients pour des problèmes d’addiction comme l’alcool ne sont vu comme de vrai médecins prenant en charge de vrais patients. Les toxicomanes sont bien plus en lumière avec des aides et financement plus conséquent. Pourtant et ce de manière très sournoise l’alcool touche de plus en plus de monde. L’addiction peut être très rapide, contrairement aux drogues, l’alcool lui se trouve sans grande difficulté et à foison si nécessaire. Je trouve qu’un mairie qui s’implique dans la vie de sa ville, s’implique tout autant sur les points roses et les points noirs de sa commune.

Doname

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Il y a 3 ans

une drogue est une drogue

SANDRA930

-

Il y a 3 ans

Chapitre très intéressant, autour de ce thrilleur nous en savons plus sur l’envers du décor relativement aux structures tels que les Csapa, centres spécialisés et unités dans les hôpitaux. C’est tout le territoire qui devrait être soutenu par les municipalités avec le soutien de l’état. Agir de manière locale est bien plus efficace que des actions globales. On ne parle jamais des arrondissements parisiens qui sont bien plus touchés par consommation de narcotiques, stupéfiants, alcools, brefs tout ces produits qui au finale représente une belle somme d’argent (un vrai commerce parallèle sans taxes de l’état - jacpot pour les dealers et revendeurs).

Doname

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Il y a 3 ans

il faut toujours voir les deux faces d'une piece et le double language politique et medical

jenny93

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Il y a 3 ans

J’ai milité longtemps en politique bon c’était en partie un peu révolutionnaire il y a 17 ans déjà je prévenais de la privatisation des hôpitaux et des services de santé de public pourquoi on voit tant de personnes folles dehors parce qu’elles ne sont plus prise en charge bref c’est un autre débat Je ne savais pas que la municipalité participer à cela c’est franchement bien c’était juste une petite parenthèse

Doname

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Il y a 3 ans

parenthese interressante

Doname

-

Il y a 4 ans

un petit bout de roman policier

aichouche

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Il y a 4 ans

Bonjour, Bruno a fait du bon travail d'investigation à suivre.

Doname

-

Il y a 4 ans

malheureusement la realite est parfois plus cruel que la fiction
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