Fyctia

Thomas, assis sur leur banc, et Megan, toujours plongée dans ses pensées devant la fontaine, en étaient au même point. Ils avaient les mêmes souvenirs, les mêmes sentiments, les mêmes peurs. Incapable de faire un pas vers l'autre à cause de tout ce qui se jouait là. Une dramatique scène d'amitié amoureuse. Et chacun d'eux ne pouvait considérer réaliste que l'issue fatidique et dramatique qui finirait par les blesser.

Puis Thomas se souvint d'une chose. La sensation si familière, douce et agréable que le baiser de Megan avait prodigué en lui cette nuit-là. Ils n'avaient pas seulement couché ensemble ce soir-là. Ils s'étaient aimés, vraiment, intensément. Et ce qu'il avait ressenti à ce moment-là, il en était convaincu, elle l'avait aussi ressenti. Depuis, ils avaient fait semblant, avaient refoulé tous leurs sentiments au plus profond d'eux-mêmes de crainte de tout gâcher alors qu'il n'y avait plus rien à perdre. A quoi bon se taire désormais ? Tout avait déjà changé. Cet enfant, qu'ils l'élèvent ou non, avait déjà changé la donne. Ils ne seraient plus jamais les amis qu'ils avaient été. Et il ne pouvait nier qu'il aimait vraiment Megan. Dans un élan de courage et de prise de conscience, il prit son portable et téléphona à Megan.

Megan était toujours assise près de la fontaine quand son portable sonna. C'était Thomas. Elle décrocha, hésitante. Elle ne savait pas ce qu'il allait lui dire et elle en tremblait.

- Où es-tu ? lui demanda-t-il, inquiet.

- Près de la fontaine de l'université, pourquoi ?

- Tu penses qu'on peut se retrouver chez toi ? Disons dans un quart d'heure ?

Megan habitait un petit appartement à mi-chemin entre son studio et le parc dans lequel elle l'avait vu ce matin.

- Oui, si tu veux... Mais tu devrais prendre le temps de...

- J'ai déjà pris trop de temps, la coupa-t-il. Je te retrouve là-bas. A tout de suite.

Et il raccrocha. Megan était vraiment anxieuse à l'idée de l'affronter une seconde fois dans la même journée. Elle prit un taxi pour rentrer plus vite. Quand elle arriva à son appartement, il était déjà devant chez elle, assis sur les marches de l'escalier.

- Salut, lui dit-elle dans un souffle.

- Salut.

Elle le dépassa, ouvrit la porte et s'écarta pour le laisser entrer. Elle referma la porte derrière lui, soucieuse.

- Je ne sais pas pour toi mais j'ai déjà pris ma décision.