Fyctia
1-2 Le premier face à face
Après plus de quatre heures de débriefing avec son équipe. Ted prend une plaquette de paracétamol pour soulager son mal de tête. Même le bruit du comprimé qui sort de sa capsule métallique semble raisonner au plus profond de son crâne. D'où vient ces céphalées ? Pas besoin de se poser trop de questions. Emil a interrompu le commandant plus d'une trentaine de fois pendant qu'il énonçait la vision de son plan. Bien sûr, ce n'étaient que des interruptions très pertinentes : "vous êtes sûr que la porte est en métal ?", "si le laboratoire est abandonné, on a probablement pas le droit d'y entrer", "est-ce que je pourrai porter une arme ?", "peut-être qu'on tombera sur des expériences hors du commun, imaginez on tombe sur Frankenstein ou Wolverine !", "vous pensez qu'il y aura des fantômes ou des spectres comme dans les films ?". Pour cette dernière, Ted a répondu à la négative, mais il n'est pas exactement aussi sûr de lui qu'il aurait dû l'être. Seule Sarah a remarqué son étrange comportement. Emil était beaucoup trop excité à l'idée de faire cette "sortie".
Sarah arrive derrière son ami et pose délicatement sa main sur son épaule. Ted soupire et en un seul regard, Sarah comprend qu'il risque d'éclater si Emil ose faire une connerie lors de l'exploration du laboratoire. Elle lui sourit pour le rassurer. Elle sera là, il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Emil est un peu immature et guilleret, mais il a de grandes capacités. Le commandant termine son café et fait un signe de tête à sa petite équipe pour l'inciter à le suivre vers la sortie du commissariat. Autant cette intervention risque de leur faire du mal au niveau carrière, autant il est impossible pour le chef de prendre une vieille bagnole rouillée. Un bon gros fourgon peu discret sera au top du top. Il sort les clefs et fait biper la voiture avant d'y entrer. Sarah et Emil le suivent. Pendant le trajet d'environ quarante-cinq minutes, Emil n'a fait que de poser des questions et de s'imaginer comment allait se dérouler l'escapade. Ted maudit alors le laboratoire de s'être mis aussi loin du centre ville.
Arrivés sur les lieux, Ted se gare un peu plus loin pour ne pas paraître suspect, un peu ironique pour un flic mais soit. Emil sort du fourgon en criant un "YEAAAH". Ted se tourne immédiatement vers lui et se fait un facepalm un peu plus fort que prévu. Il aura tout vu avec ce gamin.
— Bon sang ! Emil ! Je te jure, tu te tais ! Si je t'entends encore une fois, je te ramène chez toi, c'est clair ?
— Je ne suis pas contre commandant, j'ai aucun moyen de locomotion pour rentrer chez moi, lorsqu'on aura terminer l'intervention.
— Sarah... Je t'en prie, aide-moi, je risque de l'étriper, supplie Ted.
— Emil, ne fais pas d'histoire. Ne vaut mieux pas que tu répondes à ton supérieur.
Emil se fait alors tout petit, mais son sourire, traduisant son excitation ne s'efface pas pour autant. Chacun récupère du matériel pour leur expédition. Emil ne manque pas de claquer bruyamment la portière du véhicule, sans faire exprès. Ted serre les poings mais ne dit rien. Le petit groupe s'approche alors des grillages entourant le domaine du laboratoire. Parfait pour sécuriser les lieux et pour éviter que les morveux viennent taguer les bâtiments. Ted pense soudainement à garder l'idée pour son bureau afin d'éviter qu'Emil y ait accès. Une merveilleuse idée, oui.
Sarah coupe les fils du grillage de sorte à relever une assez grosse partie pour se glisser à l'intérieur du domaine. Ce n'est pas très légal, surtout hors procédure, mais ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Ted fait un tour rapide des bâtiments et Sarah vérifie que les lieux ne sont pas surveillés. Pendant ce temps-là, Emil a le champ libre pour explorer l'extérieur. Les bâtiments sont gris et semblent ne pas avoir apprécié le temps qu'il s'est écoulé. Il trouve alors un espèce de gros boîtier électrique. Il l'effleure des mains et le boîtier s'ouvre. Emil sursaute, ne s'y attendant pas. Il regarde autour de lui pour voir si ses supérieurs sont dans les alentours. Personne. Emil écarte alors la porte et regarde tous les connectiques qu'il y trouve. Il sort son ordinateur et le branche au boîtier. Tout n'a pas l'air très en norme et pour un laboratoire, c'est étonnant. Emil peut entendre l'électricité et les grésillements l'accompagnant, circuler dans les fils. Le jeune homme continue à naviguer sur son ordinateur portable et manipule son clavier aussi rapidement qu'un étudiant qui prend des notes en amphi.
Au même moment, Sarah revient vers Ted pour lui annoncer que tout est bon. Ted hoche de la tête et regarde autour de lui en fronçant les sourcils.
— Il est où Emil ? Il n'était pas avec toi ? demande alors le commandant.
— Je pensais qu'il t'avait suivi.
— Génial ! En plus, je dois faire garderie. Essayons de le retrouver, même si je n'en ai pas très envie...
Sarah tourne des yeux en entendant cette réflexion. Ils se mettent ensuite à chercher le jeunot. C'est alors qu'un bruit d'explosion retentit de l'autre côté du premier bâtiment. Ted et Sarah courent vers le lieu de la détonation. Ils retrouvent Emil, par terre, contre le grillage, l'ordinateur coincé entre ses bras. Sarah, affolée, accourt vers lui et s'accroupit.
— Comment te sens-tu ? Que s'est-il passé, Emil ?
— Je vais bien... Le tableau de commande était juste un peu vieillot, il a juste explosé.
— Mais tu es inconscient ?! crie alors Ted.
— Ne le gronde pas. Il n'a pas voulu faire les choses mal, intervient Sarah avec une voix entraînant la compassion du commandant.
— Bon, très bien. Finis les bêtises, nous en reparlerons sûrement, Emil. En attendant, j'ai réussi à crocheter l'une des portes, on peut entrer.
— Bonne idée. Il commence à se faire très sombre, bientôt nous ne verrons plus grand chose ici et honnêtement, je préférerais rentrer le plus tôt possible.
Les trois officiers pénètrent alors dans le bâtiment. À leur entrée, les lumières s'allument par détection de leurs mouvements avec lenteur, faisant résonner les grésillements des vieux néons qui n'appellent qu'à être changés. Sarah sursaute.
— Si le laboratoire a été abandonné il y a trois mois, ces fonctionnalités ne devraient plus être possibles. Je ne comprends pas.
— J'ai légèrement piraté le système du laboratoire pour que l'on puisse avoir accès à la lumière et à l'ouverture des portes électroniques s'il y en a.
Ted allait ouvrir la bouche mais la referme aussitôt. Emil n'a pas été idiot sur ce coup-là. Bien sûr, complimenter le jeune homme risque de lui écorcher la bouche, alors il s'abstient. Leurs pas claquent sur le sol. Surtout ceux d'Emil, presque en train de danser au beau milieu des couloirs. N'importe qui comprendrait qu'il est content d'être ici.
Soudainement, les lumières s'éteignent dans un bruit assourdissant, comme si on avait éteint le générateur.
— Comme si Emil avait pu avoir une quelconque utilité... souffle le commandant.
Sans crier garde, un chariot se met à rouler à toute vitesse vers eux.
18 commentaires
A.C. Crossway
-
Il y a 3 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
-
Il y a 3 ans
cedemro
-
Il y a 3 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
-
Il y a 3 ans