Fyctia
CHAPITRE 18 - Louise
Je sors dans le couloir encore toute essoufflée par ce tête à tête chargé en émotions et fixe Héléna les yeux ronds. J'ai l'impression d'être sur un nuage de coton tant mes jambes sont molles. Clairement, je ne dois pas ressembler à grand chose : mon manteau est en vrac et mes cheveux sont ébouriffés.
Je ne parle même pas de mon cœur qui cogne un peu trop fort dans ma cage thoracique. Mais ça, Héléna ne peut pas le voir, et j'en béni le ciel.
Elle me scrute longuement et fronce ses sourcils joliment dessinés.
Juste un baiser. Et je suis dévastée.
J'ai envie de me foutre des baffes. Comment n'ai-je pas pu résister à cette attraction ? Je me suis barrée comme une voleuse en essayant de rattraper le coup par une excuse bidon. Je me sens nulle et pathétique. Rapidement, je me repasse le film de mon baiser enfiévré avec Joram. Mes mains dans ses cheveux, la sensation de ses lèvres chaudes sur les miennes, son souffle erratique et son regard fébrile.
Ses yeux m'ont dit tant de chose, que terrifiée, j'ai préféré fermer les miens et faire abstraction de la boule qui m'obstruait la gorge.
Il a le même désir que le mien et ça ne me rassure pas du tout. Comment faire si aucun d'entre nous ne peut lutter contre l'attirance qui nous pousse l'un vers l'autre ?
Je suis foutue.
-Oh, Louise ?
Je secoue la tête, mécaniquement pour me remettre les idées en place. Héléna soupire bruyamment et enchaîne :
-Tu es vraiment dans la lune aujourd'hui ! Tu as entendu ? Un mec te cherche et il est devant l'accueil.
Je reviens sur Terre, et c'est comme un uppercut en pleine poitrine. Pour le coup, l’atterrissage ne se fait pas en douceur.
Alex, merde !
Je me mets en marche et bouscule Héléna au passage qui me suit à petits pas.
-Il est arrivé avec une énorme bagnole noire impressionnante et demande à te voir. Je te dis pas le grabuge que ça a fait !
Je siffle entre mes dents. Par grabuge, je sais qu'elle sous entend tous les commérages de mes collègues bénévoles. Connaissant le mec qui m'attend, je suis sûre qu'il n'a pas fait dans la dentelle.
Je jure intérieurement et c'est comme si tout le brasier qui me consumait quelques secondes auparavant disparaissait en un claquement de doigt.
C'est la douche froide. Et pour être honnête, je donnerai tout, et même bien plus à cet instant, pour retrouver la chaleur des bras de Joram.
Cet aveu me donne des frissons et me noue l'estomac. Mon cerveau est en vrac et je dois lutter pour reprendre la contenance que je sais si bien arborer d'habitude.
-Louise ?
Héléna continue de baragouiner je-ne-sais-quoi derrière moi et ça me fout les nerfs à vif. Je n'ai qu'une envie : me retrouver seule. Je me stoppe net et me retourne pour lui faire face. Elle manque de me rentrer dedans. Alors, je beugle :
-Quoi ?!
Ma binôme se pince les lèvres. Sa mine est contrariée et je m'en veux instantanément de m'en prendre à elle.
-Je pense que ce n'est pas forcément l'endroit pour...
Je lève les yeux au ciel et reprends ma marche. Je lance en essayant de contenir ma colère :
-T'inquiète, il va vite se barrer.
Quand j'arrive à l'accueil, Héléna sur mes talons, je fonce tête baissée vers la sortie située sur la rue. Le hall est calme à cette heure de la journée et les seules personnes présentes sont mes collègues de maraude. Je leur fait rapidement signe de la main et pousse la porte battante.
Mais une poigne me retient par la manche de ma parka.
-Louise, tu es sûre que ça va ?
Je me retourne et retrouve le regard inquiet d'Héléna.
Je pourrais hurler que rien ne va dans ma vie. Surtout depuis vingt-quatre heures. Depuis que Joram à pris possession de toutes mes pensées et que je maudis mon cœur de jouer avec la règle qui interdit toute forme d'attache et de sentiments.
Mon présent part en vrille tandis que mon passé me pète à la gueule. Mais personne ne peut comprendre. Même pas le peu de personnes qui me veulent du bien.
Alors, l'air de rien, j'esquisse un sourire et lui réponds :
-Tout va bien. C'est une vieille connaissance.
-Et Joram ?
Ah ! Je me disais aussi...rien ne lui échappe.
-Joram va bien et Aya et lui sont bien installés. Je voulais juste en être certaine.
Je passe ma main sur son avant bras et effectue une légère pression qui se veut rassurante. Héléna acquiesce et telle une mère poule, m'enlace furtivement.
Je la remercie d'un regard et tourne les talons pour me diriger vers le Dodge Nitro noir garé sur le trottoir d'en face. Quand j'arrive à sa hauteur et que j'en fait le tour, je me plante devant l'homme adossé à la portière du 4x4 qui me regarde approcher.
Pas de doute c'est bien lui, et le revoir me ferait presque tourner la tête. Ça devait arriver et même si je m'y suis préparée, je surprends la moiteur envahir mes paumes et mon corps se tendre sous son regard insistant.
Bordel, qu'ai-je bien pu faire à cette satanée existence pour ressentir autant de sentiments contradictoires en quelques heures à peine ?
-Qu'est-ce que tu fous là Alexandre ?
Mon entrée en matière n'a pas l'air de le choquer et pour cause : il me connais aussi bien que moi-même. Il esquisse un sourire en coin.
Celui pour lequel j'ai craqué.
Pour lequel j'ai tout donné.
Puis une légère grimace se dessine sur son visage. Je jubile. Il tique sur son prénom. Je suis la seule à encore l'appeler comme ça. J'insiste pour qu'il comprenne que je ne suis pas ravie de le voir.
-Alors ?
J'arc mes sourcils et joue la nana sûre d'elle. Pour être honnête je n'en mène pas large, mais je préférerais me couper une jambe plutôt qu'il découvre mon réel état intérieur.
Il approche de moi. Seulement de quelques pas.
Il est toujours aussi beau. Une beauté, comme celle que l'on travail minutieusement chaque jour. Alex est le genre de mec à passer des heures en salle de sport et à emprunter la salle de bains plus longtemps que sa propre gonzesse. Son costume hors de prix est impeccable, ses cheveux savamment coiffés et sa barbe naissante n'a de trois jours que le nom.
Rien n'a changé.
A côté je me sens insignifiante et mal fagotée. Alex à cette indéniable aura dominatrice que je déteste mais qui lui procure un charisme infaillible.
Sans que je puisse réagir, sa main effleure ma joue et il murmure :
-Bonjour Louise.
Je me recule brusquement et repousse ses doigts comme s'ils me brûlaient. Ce qui le fait sourire de plus belle. Il relâche ses épaules et son regard se voile quelques instants, mais il reprend vite sa contenance.
-Tu montes ? On doit parler.
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