Myjanyy L'horizon libre CHAPITRE 16 - Louise (Partie 2)

CHAPITRE 16 - Louise (Partie 2)

Mais bien sûr, c'est plus fort que moi.


-Moi ? Attachée ? Tu m'as regardé sérieusement ?


Mon mensonge me paraît plus crédible et je reprends du poil de la bête. Tout en me retournant vers le comptoir, je lance :


-Je n'ai fait que les héberger. Comment veux-tu t'attacher en si peu de temps ?


Héléna émet un soupire – de résignation peut-être- et même si je lui tourne le dos, je pourrais parier qu'elle arbore une moue peu convaincue.


-Si tu le dis. Mais sache que si ça te venait à l'idée, c'est une mauvaise chose. Ces gens ont besoin...


Je la coupe, en me tournant de nouveau vers elle et en récitant ce mantra qu'on nous fourre dans le crâne dès notre arrivée ici.


-D'une stabilité qui leur procure un sentiment de sécurité. C'est bon, je connais la chanson. Je ne vois pas Joram et Aya différemment des autres. C'est bon ? On peux passer à autre chose ?


Je la sonde pour voir quel effet mes paroles ont sur elle. Suis-je convaincante ? Certainement pas, car l'organe qui bat dans ma poitrine se serre si fort à ces mots que ça m'arracherait presque une larme.


Pathétique.


Héléna hausse les épaules et abdique en tournant les talons.


Pour me recentrer, je décide de rédiger une partie du rapport que je suis censée rendre à la fin de mon service civique. Avec un peu de chance, mon désir de me barrer loin fera fondre les sentiments à la con que je ressens aujourd'hui.


Je me martèle trois mots pour lesquels je me bats depuis des mois :


Envol. Ailleurs. Renouveau.


C'est ça ma vie. Rien d'autre.


********


Il est midi quand je chope mon cabas. La matinée s'est passée sans heurts et Héléna m'a pardonné ma mauvaise humeur. Elle m'a même aidé à rédiger quelques paragraphes de mon rapport et je lui en suis reconnaissante. Ne travaillant pas cet après-midi, je décide d'aller me balader pour changer de mes habitudes. La maison doit être vide à cette heure puisque les garçons sont à la Fac et j'avoue ne pas avoir envie de me retrouver seule face à moi-même.


Tandis que je sors par l'arrière du bâtiment, un brouhaha attire mon attention. Le bruit de couverts m'indique que le déjeuner bat son plein dans la salle qui fait office de réfectoire.


Joram et Aya y sont certainement aussi.


Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à eux, et même si je camoufle habilement mes pensées sous une épaisse couche de mauvaise foi, je sais pertinemment qu'il est difficile de ne pas sans cesse me demander s'ils vont bien.


Dans un élan soudain, je me dirige près des portes qui mènent à la salle de restauration.


Juste pour jeter un œil.


Quand j'aperçois Aya au loin qui sourit de toutes ses dents, je fonds devant sa bouille innocente. Elle paraît être à l'aise et mange de bon appétit. J'esquisse un sourire, heureuse de la voir si bien s'adapter en si peu de temps.


Après tout ce qu'elle a traversé, ça me semble relever de l'irréel. La nature humaine peut nous foutre de véritable baffes. Les enfants encore plus.


Je balaie l'assistance d'un regard, mais ne trouve pas Joram.


Lui aussi j'aimerais le voir souriant et heureux. Peut-être aurais-je moins de mal à me replonger dans ma vie, sans eux ?


Je décide d'aller jusqu'à son dortoir. Juste pour m'assurer que tout va bien.


Sans vraiment m'en rendre compte, j'ai déjà parcouru la moitié du couloir qui me sépare de sa chambrée. Sa porte est ouverte et je le retrouve assis en train de déballer des affaires. Il sursaute quand je m'approche.


-Louise.


Il se met debout pour « m'accueillir » et ses bonnes manières me tirent un sourire. Je lui réponds, comme pour me justifier de ma présence ici.


-Vous êtes bien installés ?


Il sourit et désigne d'une main l'ensemble de la pièce.


-On pourrait dire que c'est du luxe.


Optimiste en plus.


-Tant mieux.


Je baisse les yeux, gênée. Joram brise le malaise qui s'installe et que nous percevons tous les deux.


Il avance de quelques pas et réduit la distance entre nous.


-Pourquoi es-tu là Louise ?


Sa question me prend au dépourvu et j'ai l'impression d'être prise dans un étau. Pour échapper aux véritables réponses, je fuis en brandissant l'arme parfaite : le mensonge.


-Pour savoir si tout allait bien. J'ai vu Aya au réfectoire, elle me semble s'adapter.


Je lève les yeux vers lui et me surprends à le détailler. Son visage hâlé affiche un air doux et ses cheveux retombent devant ses yeux en mèches éparses.


Il avance encore un peu et mon corps se tend. J'ai l'impression de revivre notre promiscuité de ce matin et une envolée de papillons virevoltent au creux de mon estomac.


C'est quoi ce bordel ?


Mes jambes deviennent guimauves et je sens ces crépitements dans l'air, chargé en électricité. Comme deux aimants nos corps s'appellent, se cherchent. Joram penche un peu la tête sur le côté et continue de m'observer sans rien dire. Son regard translucide me parle, mais je ne cherche pas à comprendre tout ce que ses yeux tentent de me dire. Je ne ressens que cette alchimie qui passe entre nous. Il brise la glace et passe une main sur mon visage.


Je ferme les yeux et frotte ma joue tout contre sa paume. Mon cœur explose et des frissons parcours mon corps. Je suis frappée par la douceur qui émane de son geste. Il pose son autre main au dessus de ma poitrine et murmure :


-Tu le sens toi aussi ?


J'ouvre les yeux et le fixe intensément. J'aurais presque envie de lui hurler que je n'y comprends rien, mais c'est inutile. A la place je hoche la tête incapable de prononcer quoi que ce soit. S'il ressent la même chose que moi, cette attirance ardente et ce feeling indéniable, aucun mot ne peut suffire à décrire tout ce qui passe entre nous.


Alors que j'acquiesce à ses paroles, sa main remonte jusqu'à ma nuque, et comme si je venais de lui donner mon autorisation, il se penche vers moi et colle son front au mien. Mon souffle devient difficile, mon cœur bat a une allure inconsidérée et mon bas ventre s'embrase.


Je ne devrais pas être là, si proche de lui. J'ai l'impression de goûter l'interdit, de me tenir au bord d'une falaise et de flirter avec le précipice, mais c'est plus fort que moi, je savoure la sensation de son souffle sur mes lèvres.


Je profite de ce moment éphémère, où je suis au plus près de celui qui a abattu en moins de vingt-quatre heures, la forteresse dans lequel mon cœur était pris au piège.


C'est Joram qui réagit en premier.


-C'est insensé.


D'un coup, j'ai peur. Peur de ne plus ressentir sa chaleur, peur qu'il s'éloigne.


C'est fou, mais je m'accroche à quelque chose que je repousse et que je sais être complètement extravagant. Absurde même.


Pour la première fois depuis des lustres, je lâche prise et je murmure :


-On s'en fou.


Mes lèvres rejoignent les siennes de façon brutale et mon corps rencontre enfin le sien. Joram répond à mon élan et sa langue s'immisce en douceur dans ma bouche pour venir valser avec la mienne.


C'est ardent, mais doux à la fois.


Et aussi surprenant que cela puisse paraître, moi, l'indomptée, l'indocile, ça m'enivre complètement.

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30

30 commentaires

Sylvie De Laforêt

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Il y a 7 ans

yesssss !!!!!!! ^^

Myjanyy

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Il y a 7 ans

Oh oui j'adore ce genre de com constructif merciii continue !!! Ahahaha

CaroMélu

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Il y a 7 ans

OH ! PUTAIN ! (tu sens le com' constructif arriver, hein ?) Je suis sous le choc de cette scène sublime. C'est juste PARFAIT ! *-*

Myjanyy

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Il y a 7 ans

merci ma belle c'est chouette que ça te plaise !! merci de ta présence !! :)

Morganou

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Il y a 7 ans

Omggggggg punaiseeeeeee omgggg c’était si pfiouuuuuuu. Mon coeur a fait un bond et j’avais envie de sautiller partout. C’était superbe !!!!!!!! Youhouuuuu *\o/*

Myjanyy

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Il y a 7 ans

lol merci bêta

alexia340

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Il y a 7 ans

En votant c est mieux lol

Myjanyy

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Il y a 7 ans

Oh My Enfoirée !

marianne07

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Il y a 7 ans

OH MY...GOD !!

Myjanyy

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Il y a 7 ans

C'est qu'on a envie de la secouer la Louise !! en effet nous on s 'en fout mais elle pfffff trop de question !!!! merciiide ta lecture !!! :)
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