Fyctia
Où est le vrai, où est le faux ?
Vissé à mon siège, je croyais que ma tête allait exploser devant toutes ces informations plus acadabrantesques les unes que les autres. Des sosies, des espions… Ou cette femme était bonne à enfermer, où une conspiration de grande envergure allant jusqu'à faire remplacer certains de nos citoyens par d'autres ! Dans les deux cas, je me trouvais en bien fâcheuse posture.
Je la regardai, pensif, admirant ce beau brin de fille et je me disais que si la folie l'avait envahie, alors c'était du gâchis.
Elle me tira brusquement de ma torpeur.
— Allez sortez de cette voiture ! Nous allons nous préparer.
Une fois dehors, elle sembla se radoucir et me tendit la main.
— Au fait, je ne vous l'ai pas dit, mais mon prénom est Camille.
Je la lui serrai quelque peu troublé.
— Allons-y ! Vous avez déjà porté une arme ?
— Non...
Elle remarqua ma gêne, mais cela ne semblait en rien l'affecter.
— Tenez ce petit revolver. Ça pourrait nous aider au cas où. De mon côté, j’ai celui-là…
Elle écarta d’un revers de main sa jupe qui lui arrivait aux genoux et me montra fièrement son arme dissimulée sous l’une de ses cuisses… Je ne pus m’empêcher de rougir. Elle s’en aperçut.
— Les réjouissances, ce sera pour plus tard monsieur Sergent ! En attendant, je vais vous expliquer comment nous allons procéder.
Camille me montra le plan de la carrière, m’expliqua que ces installations dataient d’environ cinq ans et qu’il était vital que nous parvenions à libérer Mariecke. Elle détenait des informations capitales en ce qui concernait les remplaçants. Grâce à elle, le gouvernement français pourrait se débarrasser de la menace que constituait cette base totalement illégale. J’avais compris maintenant. Le « nous » de tout à l’heure conjugué au mot « gouvernement ». Camille était elle-même une agente secrète travaillant pour le compte de l’État…
— Je vous invite à manger chez moi, cela me permettra de vous expliquer plus en détails mon plan.
Je la croyais désormais. Elle me fit à manger et je voyais dans ses yeux qu’elle était heureuse d’avoir trouvé en moi un allié. Je crus même percevoir sur son visage un sourire.
Quelques minutes plus tard, elle me permit de prendre une douche salvatrice et me prêta une serviette douce qui sentait bon la lavande… Elle me la passa très vite en feignant de ne pas me regarder. Ensuite, elle s’éloigna et me dit de me dépêcher.Nous devions partir…
À peine dehors, Camille reprit son air inquiet, renfrogné et dur que je lui avais vu quelques heures plus tôt. Après avoir repris la route principale, la décapotable rouge bifurqua sur une route quelque peu abîmée. Quelques lacets plus loin, elle s’arrêta.
L'on distinguait très clairement la lune à tel point qu'il ne manquait pas grand chose pour penser que quelques minutes plus tard, je pourrai me retrouver au-dessus des airs, en route vers notre satellite naturel avec George Méliès et ses acteurs. Pourtant, le silence étrange qui régnait ne me disait rien de bon qui vaille. Pas un seul animal ne risquait faire le moindre bruit...
Nous n'avions d'ailleurs pas atteint l'entrée de la carrière que des bruits de pneus crissèrent sur le bitume. Camille sortit son arme. J’eus juste le temps de me cacher derrière la voiture, tout près d’elle, sauf qu’elle ne se cachait pas… Des hommes armés jusqu'aux dents lui faisaient face.
L’un d’eux s’écria :
— Police ! baisse ton arme, tu n'as aucune chance !
Pétrifiée, la jeune femme semblait s'enraciner au sol face à ses ennemis.
— Camille, baisse ton arme, je te dis, relâche ton otage !
En même temps que je voyais le visage de la jeune femme se décomposer, je commençais de mon côté à blêmir. Comment diable ces hommes connaissaient-ils son prénom ?
Sa voix perça l'horizon.
— OK, je vais poser mon arme, bredouilla-t-elle.
Elle esquissa avec d'infinis précautions un mouvement vers le bas. Un policier jaillit devant elle et la désarma..
Au même moment, un autre policier la menotta. Un troisième vint vers moi et me demanda si tout allait bien.
Non, tout n'allait pas bien. Ma tête bourdonnait, mon cerveau s'activait à compter les milliards d'informations qui se bousculaient et une évidence honteuse commençait à transparaître. L'homme voyait bien que je ne comprenais rien de ce qu’il se passait. Il tentait de m'expliquer une situation à laquelle je ne voulais rien entendre.
— Camille Lansky est une mythomane. Elle s’est évadée de son centre de soins pas plus tard que la semaine dernière. On a retrouvé le brouillon d’une lettre qui vous était adressée. Nous savions qu’elle reviendrait chez elle. On surveillait la maison depuis deux jours…
Je me pris la tête entre les mains m'arrachant les quelques cheveux qu'il me restaient sur la tête.
— Et les remplaçants, dis-je au policier.
— Les remplaçants ?!
— Oui, les humains qu’on remplace par des sosies !
Le policier se retourna.
— Bernard, je crois que l’on a besoin d’une assistance médicale pour ce monsieur !
— Je préviens le centre de suite ! Ha, ha, ha...
Son rire résonna étrangement à travers toute la carrière…
1 commentaire
Mat Nog
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Il y a 8 ans