Fyctia
3. Boumbo
- DAZHELLE -
Sa fichue camionnette a raison de moi alors je sors mes mains pleines de cambouis du capot. Je regarde Marie dont le visage est gâché par des larmes qui roulent sur ses joues. Cette situation n’est pas possible, je dois agir et vite !
Je m'approche d'elle mais en voulant lui prendre les épaules, je me souviens que je suis tout dégueulasse. Ouf, il était moins une, ça fait une boulette d'évitée au moins.
- Ne pleurez pas Marie. Il est possible que j’ai légèrement sous-estimé le problème mais j’ai une solution, vous allez voir.
- Mais c’est foutu, ma cargaison va être bonne à jeter le temps que quelqu’un répare mon fourgon.
- Justement, il ne s’agit pas de remettre en état votre véhicule.
- Quoi ?
- Attendez, je vais vous expliquer.
- …
- Lors de mon arrivée en ville hier, si vous vous souvenez bien, j’ai crevé un pneu.
- Et cela est censé me rassurer ? J’ai... J'ai tellement l’impression d’avoir la poisse ces temps-ci… Je suis dans une sale spirale, je vais être obligée de mettre la clé sous la porte si... Si ça continue comme ça !
Marie se met à hoqueter de plus belle. C'est bien ma vaine ! Daz, bouge toi les fesses bon Dieu.
- Oh, Marie si tu savais... Euh si vous saviez, ne déprimez pas je vais vous expliquer mon idée ! Là où je voulais en venir en vous rappelant ce détail, c’est qu’en relativisant un peu, vous vous rendriez compte qu’une roue à changer est moins grave qu’une voiture qui ne démarre pas.
- Ce n’est pas faux…
Ses yeux humides sont toujours braqués sur moi. Je m’en veux car, en étant objectif, j’ai un petit peu provoqué cette situation en exagérant mes compétences en mécanique. Maintenant, elle est là, l’air encore plus abattu qu’à mon arrivée. Petit rappel pour moi-même, ne plus jamais ouvrir un capot !
- Connaîtriez-vous un garagiste ? Plus vite ma roue sera changée, plus vite je pourrais vous escorter pour votre livraison. Nous devrions d’ailleurs commencer à charger vos poissons dans mon pickup.
- Oui, le garage « Boumbo Petite Automobile » est quelques rues plus loin et est dirigé par Monsieur Michalain. Tenez, j’ai même sa carte. Par contre, je pense qu’il serait préférable d’attendre avant de transvaser les marchandises… Cela va faire du poids inutile lorsqu’il viendra remettre votre véhicule sur roue...
- Oh oui, pas bête Marie. Je remonte chercher mon téléphone qui doit être resté je-ne-sais-trop-où, je reviens ne bougez pas !
Je l’abandonne pour aller chercher le fameux objet en question. Dès que je suis hors de sa vue, je joue un peu des ailes pour gagner du temps dans les escaliers. De toute façon, Marie est dehors, elle ne me verra pas.
Quant à nos voisins, le vieux Moraïce, celui en dessous de son appartement, avait l’air myope comme une taupe quand je l'ai croisé hier lors de mon emménagement et le dernier occupant est aussi visible que Casper donc je ne risque pas grand-chose à user un peu de mes privilèges.
Une fois dans mon appartement, je cherche mon mobile en vain. Mais où ai-je foutu ce téléphone à la noix ? Pas dans la cuisine, pas dans la salle de bain... Ah ! J’ai une petite idée...
Oui, bingo ! Dans les WC... Sans rire, le Créateur aurait pu au moins réfléchir à ce genre de détail. On pouvait aisément se passer de ces pauses « méditations sur le trône » tout de même !
Je m’empresse de composer le numéro de monsieur Michalain et attends qu’il réponde. Son nom me dit quelque chose mais... Pas moyen de me souvenir de quoi il s’agit.
Une sonnerie...
Deux sonneries...
Bon sang, répond !
Trois sonneries...
- Boumbo Petite Automobile, que puis-je faire pour vous ?
Ouf ! Enfin ! Bon Daz, c’est le moment de cartonner... J’use de tout mon charisme pour qu’il accepte de nous venir en aide la plus rapidement possible.
Après lui avoir fait la promesse d’une raie toute fraîche, celui-ci cède à ma demande. Je redescends donc annoncer la bonne nouvelle à Marie, pas peu fier d'y être arrivé rapidement. Il s'agit de sauver sa cargaison tout de même !
- Marie, nous sommes sauvés !!
- Monsieur Michalain peut nous dépanner ?
- Oui. Non seulement il va venir, mais cela dans seulement cinq minutes !
- Mais comment avez-vous fait ?! Cet homme est toujours débordé de travail !
Est-ce que la belle demoiselle va m'en vouloir si je le lui dis. Oh mince, je me suis peut-être un peu avancé en promettant une récompense au garagiste. Machinalement, je me gratte la nuque, un peu gêné par l'aveu que je dois lui faire.
- Il se peut que je lui aie promis une raie toute fraîche...
- Vous avez bien fait !
- Ah oui, vous trouvez ?
- Oui Daz. Le principal, c’est qu’il vienne et surtout que je puisse aller à la ferme… Je ne peux vous cacher que mes affaires à la poissonnerie ne sont pas flamboyantes. Je ne peux pas me permettre de perdre un gros client...
Notre sauveur arrive enfin, et en moins de temps que je ne l’aurais cru, il démonte ma roue pour la remplacer par une nouvelle. Je m’active maintenant à charger toutes les caisses présentes dans le fourgon afin de les mettre dans ma voiture.
Marie embarque à côté de moi, j’allume la radio et je ne peux m’empêcher de monter le son quand je chante ce refrain entêtant : « Quelque chose vient de tomber, sur les lames de ton plancher… ». Elle me regarde à présent avec un sourire qui s’étend d’une oreille à l’autre.
- C’est dingue, j’adore cette chanson, et si je m’en tiens au fait que vous venez d’augmenter le volume, j’en déduis que vous l’aimez aussi.
- Tout à fait, mais honnêtement, je pensais être le seul dans tout l’univers à la chanter à tue-tête dès que je l’entends. Maintenant que nous nous sommes découvert un point commun, nous pourrions peut-être nous tutoyer non ?
- Je suis tout à fait d’accord. Daz, je voulais vous… Euh non, te remercier pour ce que tu fais pour moi. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression que quelqu’un veille sur moi.
Sa voix est tellement douce, et ce qu’elle vient de me dire… C’est tout simplement une explosion de joie dans mon cœur. J’ai enfin la sensation d’avancer un peu dans la mission donnée par Börgos.
Marie affiche cet air heureux qui ne l’a quitte pas depuis le début du trajet. Rien que pour ça, je serais prêt à rouvrir un capot de voiture. Je suis soudain sorti de ma réflexion par sa voix devenue stridente.
- Daz ! Attention !! Il y a quelque chose sur la route !!
29 commentaires
Morgaanepc
-
Il y a 6 ans
Mirabella
-
Il y a 7 ans
Aby Mery
-
Il y a 7 ans
Aurélie Lefeuvre
-
Il y a 7 ans
maioral
-
Il y a 7 ans
Caro Handon
-
Il y a 7 ans
Claire Guilvaillant
-
Il y a 7 ans
Claire Guilvaillant
-
Il y a 7 ans
E.S Line
-
Il y a 7 ans
Caro Handon
-
Il y a 7 ans