Fyctia
Chapitre 2
- Eh...
Elise est tournée vers moi, un sourire plaqué sur ses lèvres. Son carré court et raide remue à chaque fois qu'elle tourne son visage et la couleur claire de ses cheveux devient de toutes les couleurs avec les éclairages de la boite. Je souris à mon tour avant de m'approcher pour entendre ce qu'elle dit.
- Il faut vraiment que tu t'amuse Nina, tu ne sors jamais alors profites-en. Je ne serais bientôt plus avec toi pour te donner des conseils alors je vais te répéter celui que je te donne depuis des mois, je t'en prie, s'il-te-plait, profite de la vie ! Fais ce que tu veux, ne te force pas à faire ce que les gens attendent de toi parce que tu seras seule lorsque tu réaliseras à quel point tu as pu te retenir.
Je m'apprête à ouvrir la bouche mais elle remue frénétiquement le visage.
- Hmm plus un mot. Prend un verre si ça t'aide, tu commanderas un Uber et Julien viendra chercher ta voiture demain !
Elle place une coupe devant moi et relève un sourcil. Je hausse les épaules avant de récupérer le verre. Elle sourit de toutes ses dents alors que le liquide glacé glisse dans ma gorge. Je ne peux nier que ça me fait du bien. Le champagne n'est pas assez fort pour me rendre totalement ingérable, mais l'alcool diminue considérablement la pression de mes épaules. Mes yeux glissent encore vers la droite, une fois, puis deux. Il est toujours là, assis sur un tabouret, les coudes posés sur un mange-debout. Il boit une gorgée de sa bière et rit toujours comme si son ami lui racontait les blagues les plus drôles du monde. La seconde d'après, il me regarde et je panique aussitôt. Je tourne la tête, prise sur le fait. J'attends quelques instants et lorsque je me laisse aller à le regarder de nouveau, je constate qu'il me regarde encore. Je ne me suis jamais sentie aussi conne de toute ma vie. Je n'arrive pas à regarder ailleurs, mes yeux ne coopèrent pas alors que mon cerveau lui, ordonne de changer de cap. Il sourit, en ma faveur cette fois-ci. Mes lèvres à moi ne bougent pas d'un poil. Je me contente de récupérer mon verre que je bois presque entièrement et sans le réaliser.
- Je vais aux toilettes, je lance à mon amie.
Elle me sourit et je me lève pour m'enfuir. Tout en marchant, et sans savoir pourquoi, je glisse l'anneau de ma main droite pour le placer à mon annulaire gauche. Je fais de grands pas jusqu'aux toilettes et je grimace en apercevant la queue devant moi. Je patiente presque vingt minutes pour enfin pouvoir aller faire pipi. Évidemment, l'envie de m'enfuir était nettement supérieure. Je m'enferme dans la cabine en forçant sur mes cuisses pour ne pas poser les fesses sur ce nid à microbes, et je me concentre pour ne pas en mettre de partout. Lorsque je sors, les toilettes sont étonnement plus vides. Ou peut-être avais-je l'impression que mon tour ne viendrait jamais et que des centaines de personnes étaient devant moi. Je me lave les mains en relevant les yeux vers mon reflet. Même sans avoir bu, mes cheveux ont déjà perdu toute discipline, mon maquillage a foiré et ma peau brille à cause la chaleur. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi peu attirante. Je rabat ma longue chevelure d'un côté, puis de l'autre en y glissant mes doigts. Je passe ensuite mes deux index sous mes yeux bleus pour éliminer les traces de noir. Heureusement, je ne suis pas énormément maquillée. J'approche mon visage du miroir de nouveau, histoire de vérifier une dernière fois, je me recule pour observer mon t-shirt blanc rentré dans ma jupe en cuir noir taille haute. Je l'ajuste pour qu'elle ne soit pas trop courte et je jette un dernier coup d'œil sur mon reflet. Mon reflet, mais le reflet d'un homme également. L'homme que je fixe depuis je-ne-sais combien de temps est là, dans le petit couloir donnant aux toilettes. Il me regarde et je me décompose. J'hésite à me retourner et à lui demander ce qu'il me veut, mais je finis par m'éloigner pour rejoindre la table.
- Tu passes une bonne soirée ? Me demande-t-il en me surprenant.
Je me retourne pour le regarder, il appuie son flanc sur un mur et me sourit en coin. Ses yeux se plissent comme s'il était amusé par quelque chose de très sournois.
- Oui, merci... Et toi ? Demande-je automatiquement.
- Meilleur que toi en tous cas. Désolé, mais t'as vraiment l'air de te faire chier depuis une heure.
J'ouvre les lèvres pour protester et je finis par rouler des yeux.
- Merci pour l'observation mais si je peux me permettre, je ne vois pas trop en quoi ça te concerne.
Il rit discrètement et fait quelques pas vers moi. Des fossettes apparaissent sur ses joues. Deux filles passent à côté de nous pour se rendre aux toilettes.
- Je t'offre un verre ?
- C'est gentil, mais c'est une soirée entre filles.
- Tu t'amuseras beaucoup plus avec moi, plaisante-t-il.
- Je n'en doute pas une seule seconde mais je vais devoir refuser, désolée.
- Une bonne raison ? Insiste-t-il en fronçant les sourcils d'un air boudeur.
Pour toute réponse, je relève ma main gauche pour lui montrer ma bague. Il grimace et finit par sourire, on ne pourra pas lui enlever le fait qu'il soit très agréable. Et agréable à regarder.
- Je ne suis pas jaloux...
Cette fois-ci, c'est à mon tour de rire. Je remue la tête en relevant un sourcil et il reprend la parole.
- Ce n'est pas vrai, je le suis. Mais pour ce soir, je peux faire abstraction.
- Il y a des dizaines et des dizaines de filles ici. Brunes, blondes, rousses, tu as l'embarras du choix.
- J'aime celles qui sourient toute seule en écoutant une inconnue chanter, ou qui bouge légèrement les lèvres pour chantonner discrètement. J'aime aussi celles qui ont de magnifiques cheveux, et d'incroyables yeux bleus expressifs.
- Wahou... Je dois reconnaître une chose, on ne m'avait pas sortie de disquettes comme celles-ci depuis un bon moment.
- Merci, c'est beaucoup de boulot et d'imagination !
J'esquisse un sourire en secouant la tête, comme pour me faire revenir à la réalité.
- Bonne soirée...
- Paul, ajoute-t-il.
- Bonne soirée Paul, sourie-je.
Je me retourne mais avant que mon corps n'ait pivoté, je le vois s'approcher.
- Je peux au moins connaître ton prénom ?
- Je m'appelle Nina, dis-je à moitié parti.
5 commentaires
Aude Vande
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Il y a 2 ans
Marina G.
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Il y a 2 ans