Fyctia

J’entends du mouvement à l’intérieur et bientôt, Travis ouvre, un large sourire aux lèvres quand il nous voit.

— Ah, vous êtes enfin là ! On vous attendait y’a plus d’une demie heure !

— Ce n’est pas nous qui sommes en retard, c’est vous qui êtes en avance.

Mason parle tout en entrant dans la modeste maison, comme s’il la possédait. Je comprends alors qu’il a dû en passer, des moments ici, pour se conduire d’une telle manière. Je suis personnellement plus réservée, mais il me tient encore par la main et m’attire à l’intérieur, ce qui me pousse à m’excuser auprès de Travis qui éclate de rire.

— T’inquiète, faites comme chez vous. Tout le monde est dans le jardin, derrière la maison.

— Mason, nous n’avons rien apporté, vins-je murmurer à son oreille alors qu’il me guide à travers l’habitation, jusqu’à une baie vitrée qui donne sur un petit jardin.

Dehors, je peux voir qu’il y a une bonne vingtaine de personnes. De tout âge, vieillards comme enfants en bas âges, sont présents et s’amuse. Au travers de la vitre, on peut déjà distinguer les voix et la musique.

— Ne t’inquiète pas pour ça, j’ai fait livrer les meilleures pâtisseries de la ville à Travis, ce matin.

Il ouvre la porte coulissante et quelques regards se tournent vers nous, dont celui d’Evie, qui était installée à près d’un petit bar de fortune, sans doute installé pour l’occasion.

— Maddie ! s’écrie-t-elle en accourant dans notre direction.

Elle ignore royalement Mason, qu’elle a pourtant l’habitude de coller comme de la glue, pour venir m’enlacer. Ma main quitte alors celle de Mason et je lui rend son étreinte.

— J’espère que cet ours mal léché ne t’a pas trop fait la vie dure, hier soir, dit-elle avec une petite moue boudeuse, avant de fusiller son ami du regard. Parce que sinon je peux lui botter le cul, tu sais ?

— Du haut de ton mètre cinquante huit ? J’aimerai bien voir ça, raille-t-il en réponse, tout en levant les yeux au ciel.

— Je suis peut-être petite, mais mes talons eux, font douze centimètres et risquent bien de te blesser, si je te les enfonce bien loin dans ton…

— Non, ça allait, la coupé-je alors, pour répondre à sa question et surtout désamorcer la situation tout de suite.

Est-ce que nous ressemblons à ça tous les deux, quand nous nous houspillons ?

Heureusement, Evie n’insiste pas et dit à Mason d’aller vaquer à ses occupations, pendant qu’elle va me faire « visiter » et me présenter tout le monde.

Il hésite un peu, mais finit par se pencher pour déposer un baiser sur ma tempe et s’éloigne, nous laissant seules. Puis, une fois qu’il est assez loin et hors de portée de voix, Evie se tourne vers moi en un mouvement sec, les yeux écarquillés.

— Oh mon dieu, mais qu’est-ce qu’il s’est passé, hier soir ?!

J’ouvre la bouche pour répondre, mais elle me coupe, ses yeux pétillant de joie.

— Non, ne me dis rien, je crois que je peux deviner ! Je savais que ça allait arriver, je mourrais littéralement d’impatience que ça arrive ! Si je m’attendais à ce que ce soit le fait de te voir aux courses qui le fasse vriller, je t’y aurait emmenée bien avant !

Devant mon incompréhension évidente, elle poursuit, comme s’il s’agissait là d’une vérité universelle et connue de tous :

— Mason et toi, ça fait des semaines que vous vous tournez autour. Je ne sais pas quand votre dynamique a commencé à changer, mais c’était si évident ! Je suppose donc que tout s’est mieux passé que je ne le pensais, hier soir. Moi qui m’attendais à vous voir vous faire la gueule en arrivant ici, voilà que je vous vois en train de vous tenir la main et de vous embrasser.

Un peu gênée qu’elle dise ça devant tout le monde, bien que personne ne porte réellement attention à nous, bien trop occupés avec leur propre conversation, je glisse une main sur ma nuque, cherchant mes mots.

— Nous nous sommes disputés, en rentrant. Mais il est vrai que nous avons été honnêtes et une chose en entraînant une autre…

Elle éclate de rire, ravie et glisse son bras sous le mien, avant de m’attirer vers un buffet, composé d’une large table où se trouvent des plats tels que des salades de pomme de terre, des saucisses, des gratins et des crudités. Elle attrape deux assiettes en carton et m’en tend une, avant de dire :

— C’est génial, je suis vraiment contente pour vous. Mason mérite quelqu’un de bien, dans sa vie. Il n’a pas tellement eu de chance en terme de relations amoureuses, par le passé.

— Vraiment ? Nous n’avons pas encore abordé le sujet. À vrai dire, nous n’avons même pas mis de nom sur notre relation encore… c’est tout nouveau, je suppose que nous allons y aller à notre rythme ?

— C’est totalement normal, on peut même dire que vous avez même brulé des étapes, donc laissez vous le temps de vous découvrir un peu plus. Mais tout de même, je suis contente que ce soit toi et pas une autre de ces pimbêches qui gravitent autour de lui généralement lors des courses.

— Des pimbêches ?

— Ouais, on les appelle le « Pit Bunnies ». Elles sont ce qu’on peut qualifier de « groupies ». Elles viennent aux courses pour essayer d’en séduire les concurrents, en espérant se faire une petite place au soleil pendant un temps. Mason est riche, la majeure partie des pilotes le sont aussi, alors elles tentent leur chance. C’est pour ça que je te dis qu’il a eu une vie amoureuse catastrophique : il n’est tombé que sur ce genre de femmes. Au début, il a eu le coeur brisé et puis il s’est totalement blindé, pour ne passer qu’une nuit avec elles, histoire de profiter.

— Oh…

Alors ça… Bien sûr, je ne m’attendais pas à ce que Mason ne soit pas expérimenté, ou qu’il n’ait pas eu d’aventures avant moi. Mais je ne pensais pas qu’il en avait souffert. Et comme il ne ramène jamais personne chez lui, difficile de savoir ce qu’il fait quand il est au dehors. Non pas que cela me concernait, jusqu’à hier soir.

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Evie, une fois n'est pas coutume, a la langue bien pendue et dévoile quelques petits secrets concernant Mason 😏

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