Fyctia

Assis au bar de la piscine, je prends un cocktail, sans alcool, en compagnie de Théodore. Je préfère conserver l’esprit clair. Je veux profiter de tout. Avoir conscience de tout.

J’aurais aimé dire que j’ai su résister au charme de Théodore, mais ce serait mentir. La preuve, je me retrouve à boire un verre avec lui.

Il a tenu parole et m’a fait découvrir le cap Falcone. Plage de sable blanc. Eau turquoise. La tour de La Pelosa à l’horizon d’une beauté à couper le souffle. J’ai conscience de l’effort que cela a dû lui fournir. Je devine que ce n’est pas son style. Théodore est plutôt le genre de mec à rester au bord de la piscine en sirotant des Virgin mojitos. Exactement ce que nous sommes en train de faire. Exactement ce que j’aime aussi.

Théodore est là pour les vacances. Comme moi. Il se dit célibataire, mais n’est pas aussi malin que ce qui veut me faire croire. La marque blanche au niveau de son annulaire droit laisse deviner la trace d’une bague.

Plongée dans mes réflexions, je joue avec mon propre anneau. Nous ne nous sommes pas quittés depuis notre descente d’avion. J’aurais aimé garder un peu plus mes distantes, être moins accessible, mais je ne parviens à lui résister. Ni à me passer de lui. Il me dévore du regard comme si j’étais la septième merveille du monde. J’aime ça. Me sentir désirée. Il a éveillé un désir profond. Un désir que lui seul parvient à faire monter.

Son regard de convoitise descend sur le haut de mon maillot de bain. Un paréo attaché à la taille, je me pose mon menton sur ma main lui offrant une vue plus agréable. Il toussote. Ce que j’interprète comme une bouffée de désir.

— Amy, tu vas me faire languir encore longtemps, dis-moi ?

Nous en sommes à nous tutoyer, mais j’évite tout contact physique. Je pourrais passer cette semaine à souffler le chaud et le froid sans rien donner. Me contenter de flirter sans passer à l’acte. L’idée me frôle, mais s’éloigne lorsque son bras caresse le mien.

— Nous pourrions refaire une balade, je propose.

Je le provoque. Théodore dissimule mal sa frustration.

— Je n’ai pas envie de sortir, susurre-t-il en se rapprochant.

Le frisson qui me traverse est délicieux. Cette semaine est là pour me faire oublier mon quotidien. Loin de la routine de mon couple, de mon rôle de mère, je me redécouvre en tant que femme.

Mes rondeurs suite à ma grossesse m’ont fait douter. Ben, surchargé de travail, est moins présent. Je n’ai trouvé que cette semaine estivale pour retrouver mon équilibre. Ben a accepté. Une semaine de vacances le tentait odieusement lui aussi.

— Amy, j’ai envie de toi.

Céder si facilement ? Ne devrais-je pas me faire désirer ?

Théodore descend de son tabouret de bar. Ses yeux sombres, ne me quittent pas. Ses mèches blondes volettent dans la brise légère. Décoiffé par la piscine, il est à tomber. Théodore surveille chacun de mes gestes, s’assure que, cette fois-ci, je ne vais pas fuir. Il se rapproche. Mon souffle s’accélère, je n’arrive pas à le repousser. Si je pouvais, je l’attirai plus près. Je déglutis. Il relève mon menton. Lui et moi savons ce qui va se passer. Premier baiser depuis notre arrivée ici. Mon ventre se noue, ses lèvres se posent sur les miennes. Chaudes. Délicates. Suaves. Je perçois ses caresses contre mon dos. Des gestes doux, tendres. Empleins d’un désir contenu.

Les sens en éveil, je tente de savourer cette sensation. C’est particulièrement déstabilisant. Tellement ressemblant de ce que je connais et si éloigné.

Théodore recule, ses pupilles noires me dévorent.