Fyctia
Chapitre 9
C'est le week-end. J'aurais pu passer ma journée dans mon lit, à ne rien faire, mais, malheureusement, j'ai une interview. Il faut que je me prépare et que je file sur Paris. Je commence ma journée de travail par un rendez-vous avec mon agent. Nous devons parler de mon prochain tournage. Je me souviens du jour où l'on m'a proposé le rôle de mes rêves. C'était le jour de l'avant-première de mon film. Cette journée était un rêve éveillé pour moi. Je n'aurai jamais cru que ça m'arriverais un jour.
Flash-back :
Je suis dans la voiture avec mes parents et Shannon. Les autres nous rejoignent directement à la salle. C'est l'avant-première de mon film ce soir. Mon agent nous a dégotés une très belle salle de cinéma ainsi que des invités d'exception. Il y aura, entre autres, Jason Rothenberg, le cast, la bande, mes amis du lycée, ma famille proche, ainsi que d'autres spectateurs qui ont payé leur place.
C'est étrange de se voir dans un film, au cinéma. Tout le monde vous regarde. Vous êtes le centre de l'attention. Même lors de mes galas de danse, la sensation était différente. Pendant que l'on passait sur scène, toutes les personnes présentent dans la salle avaient les yeux rivés sur nous, mais, à la fin, lorsque les prochaines danseuses prenaient notre place, les spectateurs avaient les yeux rivés sur elles et ne se préoccupez plus de nous. Là, on continue de se préoccuper de vous. De plus, je suis la scénariste et l'actrice principale du film.
A la fin du film, Bob, moi, ainsi que les autres acteurs principaux du long métrage, montons sur l'estrade. Après une petite présentation, Bob et moi devons prendre la parole.
_ Tout d'abord, merci à tous et à toutes d'être là ce soir pour visionner pour la première fois ce film. C'est l'accomplissement de plusieurs mois de travail et d'acharnement. Je voudrais particulièrement remercier Julia. Sans elle, ce film n'aurait pas eu lieu d'exister. Alors merci !
Toute la salle se mit à applaudir après les paroles de mon ami. Je pris finalement la parole, laissant le tract de côté.
_ Merci beaucoup. Je ne pensais pas voir un jour mon scénario au cinéma et encore moins jouer dedans. J'ai commencé à l'écrire, c'était ma dernière année de collège. Maintenant, je suis en première et mes rêves deviennent réalité. C'est juste incroyable. Merci beaucoup !
Toutes les personnes se remirent à applaudir. J'étais heureuse. Le tract s'était changé en excitation. Je viens de réaliser mon rêve.
Fin du flash-back
Je viens d'arriver sur le lieu de mon rendez-vous. Je suis toujours bien accueillit. On me dirige vers la salle de maquillage, puis je vais rencontrer la journaliste. Elle me demande s'il y a des sujets à éviter. Je lui répond qu'il n'y en a pas, que je pourrais répondre à tous.
L'interview finit par commencer. Après quelques banalités, telles que la présentation. La journaliste commence à poser ses questions. Nous commençons par parler de mes futurs projets. Quels seront mes prochains tournages ? Quand est-ce que je publierai un livre ? Toutes les questions classiques pour une interview. Puis, vient les questions sur le décès de Shannon. Je m'attendais à ce qu'on m'en pose. C'est totalement normal. Les journalistes sont en quête de révélation. Ils veulent trouver le truc qui fera le buzz de la toile. Malheureusement, la réalité est bien plus monotone.
_ Dites-moi, cela fait quelques semaines que Shannon Kook a disparu et vous n'avez toujours pas fait de déclaration. Vous faites comme si tout allait bien, alors je me pose la question. Qu'est-ce que vous ressentez face à sa mort ?
_ La dite question. Comment voulez-vous que je réagisse. Il est mort, fin de l'histoire. Montrer qu'on va mal ne va pas arranger la situation. Je montre seulement ce que je veux montrer et le reste, ça reste au fond de moi. J'ai un masque, si on peut dire.
_ Vous, n'allez donc pas bien ?
_ Vous pensez réellement que je vais bien après avoir perdu un être cher ?Je ne suis pas une sans-cœur, si c'est ce que vous cherchez à savoir. J'ai un masque, comme la plupart des personnes sur cette planète. Personne ne montre qui on est vraiment. Qu'est-ce qu'on ressent au fond de nous. C'est juste la société qui veut ça.
_ Et, si on enlevait votre masque. Qu'est-ce qu'on verrait ?
_ On verrait une personne détruite de l'intérieur.
Voilà comment j'ai réagi face à la situation. Personne ne sait vraiment ce que je ressens. Je n'ai toujours pas pleuré, et pourtant, je suis détruite de l'intérieur.
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