Fyctia

Après cette journée pleine d'émotion, je me suis résignée à rentrer à l'appartement avec mes amis. Ceux-ci étaient très bouleversés par mon discours. Il en était autant pour les invités. Je suis toujours dans mes pensées quand Marie me pose une question.

_ Tu dois rentrer quand en France ?

_ Demain, mon vol est à huit heures.

_ Oh. Tu as préparé tes affaires ?

_ Non. Pas encore. Je n'ai pas envie de partir. Dis-je en baissant la tête.

_ Tu y es obligé. Il faut que tu passes ton diplôme.

_ Oui je sais. Je réponds à contrecœur.

Depuis la mort de Shannon, je n'ai plus goût à rien. Mes rêves et mes espoirs se sont envolés avec lui. Malheureusement, une fois de retour dans la chambre qu'on partageait, je dois ranger mes affaires dans ma valise. Je ne prends pas tous, loin de là. Seulement quelques t-shirts et des jeans qui me serviront une fois rentré. J'emporte également avec moi ses t-shirts et ses sweats qui ont toujours son odeur. Une odeur bien à lui. Un mélange de transpiration, de lessive et de parfum. Une odeur gravée dans ma mémoire.

Beaucoup d'émotions se mélangent dans ma tête en regardant la chambre, une fois mes bagages terminés. Tout d'abord, il y a de la tristesse. Cette envie d'assécher mon corps de toutes traces d'eau. Ensuite, il y a de la colère. L'envie de tout jeter par la fenêtre. De partir loin d'ici. Loin de tous ces souvenirs douloureux. Loin de tous mes malheurs. Dans un élan de rage, je commence à jeter tout ce qui se trouve dans la pièce. Je commence à crier. A frapper. A lancer des coussins sur les murs. Tout ce qui me passe par la main part se fracasser à l'autre bout de la pièce. Lorsqu'il n'y a plus rien pour me défouler. Que mes cordes vocales me font souffrir. Je réussis à me calmer. Malheureusement, il y a encore beaucoup de haine et de tristesse qui n'ont pas encore été extériorisées.

En entendant tout ce vacarme, Bob et Élisa se sont précipités dans la pièce. Ils se rapprochent de moi pour m'offrir une étreinte, mais je les repousse. Je sors tout le reste de ma haine et de la pression que mon corps à accumulé ses dernières semaines. Ils ne le méritent pas. Pourtant, c'est tombé sur eux.

_ Stop ! Je ne veux pas de votre pitié ou de votre réconfort. Rien ne va dans ma vie en ce moment ! On me met la pression sur mes notes, sur l'importance d'avoir le bac pour réussir. Comme si je n'étais pas au courant que mon avenir s'y jouait. J'ai l'impression que plus personnes ne me comprend parce que la seule qui en était capable est morte. J'ai l'impression que je ne pourrai plus jamais vivre normalement sans lui. Que je retournerai dans mon petit monde pourri où les seules choses qui animaient ma journée s'étaient mes pensées. C'est comme si tout l'Univers était contre moi. Mon moment de bonheur s'est déjà arrêté alors qu'il ne faisait que commencer. Le répit que l'on m'a accordé est terminé. Maintenant, c'est le retour des mensonges sur le fait que je vais bien. Le retour des crises de larmes à go go et des envies de tout casser. C'est le retour des crises d'angoisse et des pensées d'anorexique mal guérie ! Je n'en peux plus. J'ai qu'une envie, c'est de me casser. De laisser tout derrière moi. De ne jamais revenir. Si seulement la mort pouvait venir me chercher, que j'en finisse au plus vite. Plus rien ne me retiens à près tout. Alors pourquoi je ne m'en irai pas, hein ? Pourquoi je ne prendrai pas une dose trop élevé de médoc ou que je ne sauterai pas d'un pont ? La vie serait tellement plus simple si je pouvais le faire.

Je viens de cracher tout ce qui me passaient par la tête. Un silence gênant embaume la chambre. Finalement, Bob est le premier à venir me prendre dans ses bras, très vite suivi de sa compagne. Cette fois-ci, je ne les repousse pas. Il me faisait du bien ce câlin. L'ambiance est redevenue calme. Personnes n'osent le briser. Élisa finit par me poser la question la plus improbable dans ce genre situation.

_ Dis-moi Julia, tu as tes règles quand ? Non, par ce que vu comment tes hormones viennent d'exploser, je pense que tu vas les avoir bientôt. Pas vrai ?

_ Je ne sais pas. Sûrement bientôt. Attends une seconde. Je crois que j'étais sensée les avoirs le mois dernier, au moins. Je réponds après réflexion.

_ Tu ne notes pas ?

_ Si, si. Dans mon téléphone.

C'est paniquée que je commence à chercher celui-ci dans la pièce totalement ravagée.

_ Il est là. Me dit Bob en me le tendant.

_ Merci. Alors... Dis-je tout en commençant à regarder les indications de mon application.

_ Merde ! M'exclamais-je. J'ai du retard, et pas qu'un peu.

_ Julia je crois qu'on va aller faire un tour à la pharmacie pendant que Bob nettoie tout ce bazar.

Je regarde Bob pour savoir si cela ne le dérange pas. D'un hochement de tête, je sais que j'ai son accord.

_ Oui, allez-y.

C'est de ce pas qu'Élisa et moi, nous sortons de l'appartement. Nous téléphonons ensuite à Marie pour lui demander de nous rejoindre. Dès son arrivée au point de rendez-vous, Élisa lui explique la situation. Elle omet, pour mon plus grand soulagement, mon pétage de câble légendaire.

_ Attends Julia. La dernière fois que vous vous êtes vu, c'était votre nuit de noces. N'est-ce pas ? Me demande Marie.

_ Oui, et vu que je te connais par cœur. Oui, on a eu un rapport cette nuit-là. On ne va pas rentrer dans les détails de ma vie sexuelle malgré tout. D'accord ?

_ Oui, oui. Ne t'inquiète pas. Mais vu le temps, je pense que tu ne pourras pas avorter.

_ Si jamais je suis enceinte, je ne compte même pas avorter ou donner ce bébé à l'adoption. C'en est hors de question. Ce serait la dernière chose qu'il me reste de lui. Je ne vais pas l'abandonner. Même si ça risque d'être plus compliqué pour mes études.

_ C'est ta décision. Elle te revient. Si tu gardes cet enfant, nous respecterons ta décision et nous t'aiderons. Me dit Élisa sincèrement.

_ Je suis d'accord. Continue Marie.

_ Merci. Vous êtes les meilleures. Je leur réponds.

Après ce moment sentimental, nous nous rendons dans la pharmacie la plus proche. Nous y achetons un test de grossesse. Une fois acheté, nous décidons d'aller chez Marie. Là-bas, je pourrai le faire tranquillement.