Fyctia

Son sourire suffisant me donne envie de vomir. Cindy est persuadée que ce genre de remarque me blesse. Je serre les poings. Si elle savait à quel point je me moque de leur unique sujet de conversation. Et non je ne sais toujours pas à quoi il ressemble, est-ce que cela me rend plus imbécile qu'une autre? Franchement, j'en doute. D'après ce que j'ai entrevu leur prince est brun et il serait proche de la trentaine. Toutes les tentatives d'apprentissage de Mary ont échoué.

A la recherche d'apaisement, Molly reprend la parole.

- Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas vu Jude.

Elle connaîtrait personnellement le spécimen. Ils auraient tourné une publicité ensemble il y'a quelques années pour une célèbre marque de parfum- informations récoltées contre ma volonté, il y a des mois de cela.

Les coupes de champagne ingurgitées à une vitesse affolante m'obligent à me rendre aux toilettes. Ce n'est pas plus mal, la conversation commençait sérieusement à me gonfler. Je demande à Elsa où elles se trouvent.

- Attend je t'accompagne si tu veux.

- C'est gentil Elsa mais ne te dérange pas pour moi.

- Oh d'accord. Tu vois les escaliers? Une fois en haut tu n'as plus qu'à longer le couloir et c'est la première porte à droite.

Je la remercie puis suis, sagement, le chemin indiqué. La salle est bondée désormais et pour une raison qui m'échappe j'ai pris ma coupe de champagne avec moi. Tant pis.

Arrivée à l'étage j'ouvre automatiquement la première porte à droite comme elle me l'a dit. Et...

La pièce ou je me trouve ne ressemble en rien à des toilettes. Couleurs tamisées et fauteuils dorés.

- Ah bah ce n'est pas trop tôt. J'ai bien cru que Jerry m'avait fait un sale coup.

L'homme me faisant face me détaille de la tête aux pieds, un sourire satisfait au visage.

- Et bah dit donc il ne s'est pas fichu de moi cette fois-ci.

Il mort sauvagement sa lèvre tel un lion prêt à sauter sur sa proie. Interloquée, je prends mon air de reproche.

- Je vous demande pardon?

- Allons beauté, en d'autre occasion j'aurais adoré ce petit jeu de rôle mais là tu m'excuseras je suis vraiment pressé.

Suis-je entrain de rêver? Je me prince le bras. Mauvaise idée, tout ceci est, bel et bien, réel. J'ai les mains tremblantes lorsqu'il se rapproche de moi tout en déboutonnant sa chemise. Très proche il souffle à mon oreille:

- Fait pas cette tête chérie, tu auras quand même ton argent.

Effleurant mon visage de ses longs doigts, je profite de cette proximité pour le gifler.

- Non mais c'est quoi ce bordel??!

Je lâche un "connard" virulent et me hâte vers la sortie.

De retour à la table, seule Elsa y est assise. J'essaye de calmer ma respiration et elle ne semble pas remarquer l'état de haine dans lequel je me trouve.

- C'est bon tu as trouvé? Me questionne Elsa.

- Oui oui.

- Oh cool, j'ai eu peur car j'ai oublié de te préciser que c'était au deuxième étage!

Connard. Connard. Connard.

*

.Episode ébranlant qui, en vérité, m'a surtout excité. Alors, qu'elle n'était pas ma joie lorsque quelques minutes plus tard, une grande femme est arrivée et sans rien demandé s'est déshabillée. Plastique de rêve, je me suis vidé et cela m'a requinqué.

Paré pour les prochaines journées.

Allongé dans cet immense lit, je ne peux m’empêcher de repenser à cette drôle de femme tenace. Que faisait-elle ici? Et pourquoi avoir aussi mal pris ce que je lui ai dit? Habillé comme elle était, n'importe qui aurait pu se tromper. Et d'ailleurs, me suis-je trompé? Elle avait tout l'air d'une professionnelle et je m'y connais.

Je raconterai cela à Jerry dès mon réveil, après tout c'est lui qui a réservé, il devrait surement m'éclairer.

Exténué par cette éprouvante et interminable journée, je m'en vais dans ces putains de bras de Morphée...