Fyctia
Chapitre 24
Tranquillement, nous déambulons dans les rues pour atteindre l’appartement de Jenny. Soudain, cette dernière se prend de passion pour la fontaine. Ma meilleure amie commence alors à se déshabiller sous nos protestations à Juliette et moi. Sans avoir pu la retenir, elle grimpe dedans se prenant alors pour une fée de la nature. Elle chante en dansant autour de la statue avant de plonger son corps sous l’eau. Malgré nos rires, nous essayons tant bien que mal de la raisonner avant que la police ne soit prévenue. Elle passe devant nous en clamant son bien-être. Voulant alors l’attraper afin de la tirer vers moi, je perds l’équilibre et tombe la tête la première dans la fontaine. Juliette se tord de rire sur le bord de la fontaine tout en essayant de façon approximative de m’aider à sortir. Soudain, des voix de policiers font exploser notre bulle délirante. Notre fée de la nature chantonne aux étoiles tout en éclaboussant un policier. Ce dernier finit par enjamber le bord de la fontaine et l’attraper afin de la balancer sur son épaule pour la conduire dans le véhicule. J’essaie d’essorer tant bien que mal mes vêtements qui pèsent une tonne avec l’eau. Juliette morte de rire est prête à se faire pipi dessus à chaque réprimande des agents de loi. Une fois tout le monde dans les voitures, nous sommes embarquées et placées en détention provisoire en cellule de dégrisement.
— Est-ce que vous connaissez quelqu’un susceptible de vous représenter ? questionne un policier avant de refermer la porte.
— On peut peut-être appeler ton avocat Clara ? intervient Juliette dans un élan de lucidité.
— Et vous avez un numéro à me donner mes dames ? Un portable. Parce que je pense que votre avocat ne doit pas être dans son cabinet à cette heure de la nuit ?
— Oui, oui dans son portable, précise-t-elle tout en lui arrachant mon sac des mains.
Elle vide le contenu de ma pochette par terre pour accéder au Saint Graal. Totalement tétanisée, je reste à la regarder se démener pour trouver mon portable. Je devrais lui hurler de ne surtout pas mêler mon patron à tout cette histoire. Imaginez l’opinion qu’il aura après. Elle n’est déjà pas très glorieuse depuis le début avec toutes mes gaffes. Pourtant, mon corps et ma tête ont l’air d’avoir monté une mutinerie contre moi, car je ne bouge pas d’un pouce. Même quand je la vois mettre le téléphone à son oreille et commencer à parler, mon être est aux abonnés absents. À partir de ce moment-là, tout est un peu flou.
Il a été prouvé que le cerveau est une belle machine ayant un instinct de conservation énorme. Lors de traumatisme trop important, afin d’éviter de s’en souvenir, il choisit de les cacher très profondément dans une petite casse fermée par une centaine de cadenas qu’on n’ouvrira jamais, les faisant ainsi disparaître de notre mémoire. Pour éviter une énième honte face à mon patron, mon cerveau a enclenché le processus en se rappelant le nombre de verres d’alcool bu pendant la soirée, m’offrant ainsi l’attitude parfaite de la personne bourrée.
Je me réveille avec un mal de crâne dans un lit tout à fait inconnu qui par chance ne contient pas d’inconnu. Par bonheur, je porte un tee-shirt assez large ainsi qu’un pantalon de jogging lui aussi trop grand.
Comment j’en suis arrivée du déguisement de l’elfe sexy à ces vêtements ? Aucune idée !
Présumant que la réponse ne va pas me plaire, je repousse le moment où tout deviendra clair. Je tente d’ouvrir les yeux, mais la lumière m’éblouit de trop. Bizarrement, j’entends deux clics et la lumière se fait moins vive. Je tente de nouveau ma chance en ouvrant un œil. Une autre paire d’yeux me fait alors face. Après une réflexion rapide, le pivert dans ma tête me préviens que j’aurai encore plus mal si je crie. J’oblige mes cordes vocales à ne prononcer aucun son pour laisser mon cerveau se concentrer et faire le point sur ma vision. Soudain, une petite voix fait remarquer que je connais ses yeux. Alors en ouvrant le deuxième œil, je vois le beau visage de Lucie me faire face avec un grand sourire aux lèvres.
Pour le coup, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : je ne suis pas chez un inconnu et relativement en sécurité. Ou pas, si ma tête et mes oreilles explosent en quelques secondes au son strident de la voix de la petite. La mauvaise nouvelle : je ne suis pas chez un inconnu, mais chez mon patron. Par effet papillon, je pense avoir encore perdu mon boulot !
— Coucou ! fit-elle en sautant. Ça y est, tu ne dors plus ?
Ah, ben vu la lumière que tu m’as mise en pleine tronche, un peu difficile !
— Quelle heure il est ma choupette ? préférais-je répondre tout en essayant de ne pas vomir en la regardant sauter dans tous les sens.
— Il est 9 h 30, mais il faut que tu te dépêches parce qu’à 10 h, on n’a plus le droit de manger le petit-déj, s’exclame-t-elle en sautant dans mes bras.
— Ok, ok. Je vais me lever.
— Dit Clara ?
— Oui, ma choupette ?
— Tu es vraiment un des elfes qui aide le Père Noël ? Parce que j’ai vu ta tenue sur le fauteuil !
Je prends mon temps feignant avoir du mal à me réveiller et sortir des draps pour réfléchir à comment je vais bien pouvoir m’en sortir cette fois. Le regard pétillant d’émerveillement qu’elle m’adresse me donne la solution.
— C’est un secret, donc il ne faut pas le répéter à personne, d’accord ?
— Dis-moi, dis-moi, promis, je garderai le secret, s’écrit-elle en sautant comme une sauterelle devant moi.
— Je ne suis qu’un elfe en intérim. Je travaille quelques jours pour lui, juste pour surveiller quelques enfants et savoir s’ils sont sages.
Eh bien, c’est passé crème ! Il faut croire que plus c’est gros et plus ça passe pour les enfants !
Il me faut quelques minutes supplémentaires pour retrouver un peu de stabilité sur mes jambes. Une fois fait, mon paquet sur la hanche, je m’aventure dans la maison direction la cuisine pour tenter de faire passer ma migraine par un café bien serré. Lorsque nous franchissons la porte en pleine conversation sur ce que mangent les rennes au petit-déjeuner, toutes les têtes se tournent vers nous. Rose accourt vers moi tel un boulet de canon. Joshua recrache ses céréales dans son bol de lait et tousse comme un taré. Et mon boss, enfin certainement ex-boss à l’heure qui est, me fixe de son regard d’avocat tout en buvant son café d’une main et tenant le journal de l’autre. Je tente un sourire qui doit plus refléter une envie de faire caca qu’une attitude où tout semble normal à cet instant.
6 commentaires
DIANA BOHRHAUER
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Il y a 3 mois
Scriptosunny
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Il y a 3 mois
Floriane1
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Il y a 3 mois
Mapetiteplume
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Il y a 3 mois
M.B.Auzil
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Il y a 3 mois
TammyCN
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Il y a 3 mois