Fyctia
Chapitre 22
À ce son, je lâche tout, faisant ainsi s’écrouler tout le monde entraînant alors un grand fou rire des filles. Personnellement, je rigole beaucoup moins tout d’un coup. Pas que le fait d’avoir perdu me réjouit grandement pour la grande enfant que je suis, mais c’est surtout que je me doute que le moment fatidique est arrivé. Vous savez l’instant qui suit les actions gênantes. On pense tous qu’il n’existe pas plus humiliant que ces boulettes où vous vous retrouvez le centre de moquerie. Mais malheureusement, il y a le « après » qui, à mon sens, est tout aussi déstabilisant. Ce fameux moment de face-à-face est, justement, encore plus embarrassant. Vous vous rendez compte que la personne en face de vous sait et n’a pas oublié les faits. Par pur sadisme, elle va forcément aborder le sujet qu’on souhaiterait enterrer. Vous n’avez alors pas le choix que de prendre sur vous. Tant bien que mal, vous redressez les épaules et levez le menton dans une position montrant à l’autre votre force pour assumer vos actes. Pendant que votre petit vous essaie de trouver une cachette à l’intérieur pour pleurer tout son saoul.
Aller respire Clara ! Peut-être qu’il va faire comme si de rien était ! L’espoir fait vivre, paraît-il !
Je profite lâchement qu’il soit occupé avec ses filles pour me glisser vers l’entrée et commencer à me préparer pour partir en catimini. L’univers doit vraiment m’en vouloir car je n’ai pas fini de boutonner mon manteau que je sens un souffle chaud caresser mon oreille.
— Alors vous avez choisi lequel ? entendais-je murmurer près de cette dernière.
Bon et bien nous y voilà ! Il ne fera pas semblant !
— Je suis vraiment désolée pour cela, lui fis-je en fermant les yeux de peur de croiser son regard, ayant beaucoup trop honte pour cela. Ce n’était pas à vous que c’était destiné, mais à l’une de mes meilleures amies. Je n’ai pas fait attention que je n’avais pas quitté notre conversation avant de les envoyer.
— Ce n’est rien, cela arrive à tout le monde de se tromper de destinataire.
— Mmm. Oui, enfin, c’est pas donné à tout le monde d’envoyer ce genre de photo à son patron. Mais il faut croire que c’est l’histoire de ma vie : les boulettes en tout genre.
— Parce que cela vous arrive souvent de porter sur genre de déguisement ? chuchote-t-il.
Sa question a le don de me faire ouvrir les yeux afin de voir si je n’ai pas rêvé. Je tombe alors sur ses billes noisettes qui brillent d’un air de malice. Je ne vois aucunement la moquerie transpercée de son regard. Non, ce que j’y lis ressemble à de la convoitise voire une pointe de désir. C’est impossible, je dois me tromper. Mon imagination m’a déjà joué assez de tours dans le passé.
Pour ne pas prononcer de nouvelles bêtises, j’enfile énergiquement mon bonnet et mes gants. Je sens son regard me scruter. La lourdeur de ce dernier m’empêche d’avaler correctement ma salive. Je me sermonne en me rabâchant qu’il est un homme marié et père de trois enfants. Toute cette mascarade n’est qu’un jeu pour lui. Le mythe du boss et de l’assistante, très peu pour moi.
Sans un mot de plus, je pince mes lèvres et tourne les talons, le laissant planter dans l’entrée de la maison.
Le lendemain, lorsqu’il rentre, nous sommes encore en train de jouer. L’enfant en moi est heureux de vous informer que je les ai tous rétamé ! J’aperçois le regard peiné de Benjamin sur son fils qui ne met pas très longtemps à déguerpir dans sa chambre, évitant ainsi tout contact avec son père. Je ne les connais pas depuis longtemps, pourtant il est clair que leur relation est tendue. Toutefois, le regard de mon patron sur sa miniature exprime tout le mal qu'il éprouve face à la situation.
Le reste de la semaine s’écoule tranquillement de la même manière. J’aime de plus en plus le temps passé parmi cette petite tribu. Ces enfants sont vraiment de petits anges auprès desquels la vie est assez simple. Au début, si Joshua était méfiant, maintenant, nous discutons de plus en plus. J’ai même découvert sa passion pour le baseball. Les filles sont de vraies chipies, mais sont tellement gentilles, toujours prêtes pour une bonne partie de rigolade. Je trouve que je ne m’en sors pas trop mal avec eux, moi la femme-enfant comme décrit mon père. Finalement, ce n’est pas si dur que cela de s’occuper d’enfant !
Le vendredi, mon patron m’appelle pour aller en express au pressing récupérer sa robe d’avocat. Arrivé au cabinet, j’emprunte l’ascenseur puis je frappe à sa porte. Quelques secondes suffisent pour que la porte s’ouvre d’un coup sec. J’ai à peine le temps d’assimiler sa présence qu’il se saisit la housse. Dans son élan, il dépose un baiser à la commissure de lèvres. Sans oser bouger, j’essaie d’analyser ce qui vient de se produire.
N’ayant pas l’air d’en faire cas, il se dirige vers un placard à côté de son bureau.
— Rentrez, je ne vais pas vous manger, m’ordonne-t-il. Je ne vais pas avoir le temps de remettre de l’ordre dans mes dossiers que j’ai étalé sur le bureau. Est-ce que cela vous dérange de le faire avant d’aller chercher les enfants ?
— Euh. Bien sûr, pas de problème.
Je me décide, ou plutôt mes pieds prennent l’initiative de bouger afin de m’amener au centre de la pièce où trône son bureau en bois. Tellement sous le choc, je n’ose pas me poser de questions et commence ce qu’il m’a demandé sous la direction de quelques conseils de sa part.
Tout d’un coup, dans le coin de ma vision, je perçois du mouvement. Je détourne mon attention des papiers et la porte vers lui. Je me fige de nouveau quand je constate que mon patron est torse nu en train d’enfiler une autre chemise, m’obligeant à m’y reprendre à deux fois avant de réussir à avaler ma salive.
Eh bien, si je m’attendais à cela en me levant ce matin ! Tout corps humain possède-t-il autant de muscles ?
Réalisant que je ne suis pas censée baver devant ce corps qui appartient à mon boss, je détourne vite le regard. Soudain, j’entends un déplacement provenant de son côté. À peine le temps de réaliser dans quelle direction, qu’il est déjà collé à mon bras prenant une feuille dans ses mains pour la placer dans un dossier. Son souffle dans mon cou me fait tourner la tête vers lui. Mes joues rouges et mes mains tremblantes ne cachent pas mon trouble.
Sans un mot, il étire ses lèvres pour m’offrir un sourire charmeur afin de me prouver qu’il n’est pas dupe.
— Comme ça, on est à égalité ! me susurre-t-il d’un air taquin.
Puis sans prévenir, il dépose ses dernières sur ma bouche m’offrant un baiser rapide mais appuyé.
Je le regarde les yeux grands ouverts tourner les talons pour se diriger vers la porte comme si tout était normal. Arrivé au cadran de porte, il fait volte face et ajoute :
— Je vais rentrer tard ce soir vu déjà l’heure qu’il est. Vous pouvez faire manger les enfants si vous plaît et les coucher aussi parce que tout cela me fait prendre du retard sur mes papiers. Je serai obligé de repasser ici après le tribunal.
(à suivre...)
14 commentaires
Alyssa Well
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Il y a 3 mois
Sharleen V.
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Il y a 3 mois
Floriane1
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Mapetiteplume
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Sofia77
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Il y a 3 mois