Fyctia
Clara (5/6)
En silence, nous parcourons quelques couloirs et escaliers avant d’emprunter une petite passerelle fermée. Ce n’est pas une école, mais un labyrinthe ce bâtiment. Je ne sais pas comment tous arrivent à s’orienter. Personnellement, je suis déjà perdu et suis le mouvement comme un petit mouton.
Sur la porte au bout d’un corridor l’inscription « école primaire » me donne enfin l’explication de notre destination. Une fois, cette dernière franchit, nous parcourons encore quelques mètres avant de nous arrêter devant un autre battant en bois, qu’elle ouvre à la hâte.
La salle de classe est mieux rangée que ma propre maison.
Pas très difficile, vous me direz ! Chacun ces défauts, personne n'est parfait !
Face à nous, une maîtresse assise à son bureau corrige des copies. Cette dernière nous sourit en nous apercevant dans l’encadrement. Madame Despois, qui porte bien son nom vu sa robe des années cinquante, autorise la petite fille assise à sa table de classe à nous rejoindre. Rose va alors sans demander son reste se réfugier auprès de son grand frère qui lui prend la main avec un sourire rayonnant.
Très vite, nous sortons de la classe pour continuer notre chemin. Après avoir traverser le côté primaire de l’école ainsi qu’une cour, nous pénétrons au sein dans un autre bâtiment où est affiché en grand « école maternelle ». En voyant cette inscription, le sourire me monte aux lèvres. Je connais, de par ma sœur de quatre ans ma cadette qui travaille avec des petites sections, que la froideur va laisser place à la chaleur. Elle vous affirme qu'il n'y a pas de véritable bruit, mais juste des enfants qui vivent !
Toutefois, le registre ne doit pas être le même ici, il faut croire. Aucun arc-en-ciel ou fleur en vue. Aucune peinture ou dessin sur les murs ne sont exposés. Le silence règne en maître. Mon sourire s’efface alors bien vite. Nous récupérons Lucie dans sa classe de façon très hâtive. Avant même que je me rende compte, la directrice avait déjà mis les voiles me laissant dans l’ignorance la plus totale concernant la porte de sortie.
Je me retourne alors vers Joshua dans l’espoir qu’il me donnera la solution. Lucie bien calée sur sa hanche et la main de Rose accrochée à la sienne, il me fait signe de le suivre. Sans me faire prier, je suis le mouvement de cette petite tribune. Cinq minutes après, nous sommes devant ma voiture.
En remerciant intérieurement ma voisine pour les sièges auto, je m’attelle à installer les filles derrière. Je vois les petites échanger quelques regards rieurs en me voyant maugréer après le système de sécurité. Au bout de plusieurs tentatives, je parviens enfin à boucler l’attache des deux sièges.
À peine assise derrière mon volant que Joshua attaque de façon sournoise.
— C’est donc toi son nouveau jouet !
Ok, ben, là, je suis un peu larguée ! Mais cela ne me dit rien qui vaille !
— Alors je vais être très poli avec toi parce que je ne te connais pas et qu’en tant qu’ado, vous avez tendance à être un peu c… Pardon, bête sur les bords. Je vais donc faire comme si je n’avais pas entendu ton insinuation dans ta phrase et te répondre calmement que : non. Je suis son assistante pendant les vacances de Claudine, je débite en tentant de garder mon calme face à son comportement.
— OK ! Alors bon courage.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce qu’elle ne reste jamais plus de quelques jours en général, intervient Rose.
— Et pourquoi ?
— On ne sait pas, mais c’est comme ça toujours, poursuit-elle.
Durant tout le trajet, je n’aurais pas eu un mot de plus. Lucie s’amuse à sortir tout le contenu de son petit sac Minnie, Rose se raconte des histoires de fées, à ce que j’ai réussi à comprendre, et Joshua est plongé sur son téléphone dernier cris caché sous sa capuche.
Je ne peux alors que constater notre écart de même niveau social. Son portable doit coûter au minimum deux mois de salaire à lui seul alors que le mien doit valoir quoi… Deux cents euros ! Non, en réfléchissant, il ne doit plus rien valoir vu son âge !
Le moteur est à peine coupé que mon co-pilote est déjà sur le pas de la porte de la maison. À croire qu’il est doté de super pouvoirs ! Je m’accorde quelques minutes pour observer les lieux. « Maison » n’est pas le terme que j’emploierai en regardant cette grande bâtisse. Cette villa rappelle les habitations du sud avec leur toit orange et leurs volets blancs. Elle est faite de pierre, exceptée les bâtiments en bois à ma gauche qui doivent servir de garage. Elle est construite sur deux étages, m’obligeant à me pencher en avant afin de voir le haut du toi. Un peu surélevée par rapport au terrain, il faut donc monter quelques marches pour arriver à la porte d’entrée. Rien qu’en avisant l’extérieur, nous savons que ses occupants font partie de la partie haute de la société. Le quartier où elle se trouve, trahit tout de suite cette information.
Je décide de sortir de mon état d’observation pour m’occuper des filles. Un peu réticente, Lucie finit tout de même par bien vouloir venir dans mes bras. Je suspecte une flemme de marcher qui l’a grandement aidé dans sa décision. Rose toujours plongée dans son histoire de fées me suit sans plus de cérémonie. Apparemment, ces dernières sont devenues plus fortes que Xena la guerrière en achevant un troll de six mètres !
La porte d’entrée franchie, Lucie saute de mes bras. Avec précipitation, les deux chipies abandonnent leurs manteaux et leurs chaussures en clamant à qui veut bien l’entendre, qu’il est l’heure du goûter. Moi ? Eh bien, je reste là quelques secondes à me confirmer que nous ne sommes vraiment pas du même monde avec cette famille.
Je ne me tromperais pas beaucoup en vous affirmant que leur salon doit faire la superficie de mon appartement entier. Sur la gauche, ce dernier comprend un double canapé, une cheminée ainsi que la plus grande télévision que je n’ai jamais connue ! Devant moi, un grand escalier en marbre se dresse menant, je pense, à l’espace de nuit. Sur ma droite, un grand placard permet de séparer l’entrée et la cuisine.
Je tente de trouver de la place pour le manteau et les chaussures des deux filles avant d’avancer doucement vers les acclamations des petites. Je pénètre alors dans la cuisine. Comment la décrire ? Eh bien, grande ne suffirait pas ! Elle est gigantesque avec un nombre incalculable de placard et tiroirs encerclant l’îlot central. Dans son prolongement sur la gauche, un grand espace avec pour seul meuble une table digne des banquets d’Astérix et Obélix.
Je rejoins les filles qui sont déjà assises sur un tabouret de l’îlot central. Joshua est en train de manger une tranche de brioche.
Non, autant pour moi, il a mangé la brioche entière ! J’ai eu peur que ma présence lui coupe l’appétit, me voilà rassurée.
J’ai tout juste le temps de lui faire face qu’il finit sa tranche et son verre de lait avant de bondir de son siège. Au pas de charge, il se dirige vers l’étage laissant alors tout en plan. À croire que ma présence lui est insupportable !
(à suivre...)
0 commentaire