La Plume d'Ellen Jeu de piste ou jeu de cœur ? Satisfaction

Satisfaction

(Cyril Jiguin)


Je débarque, comme prévu, dix minutes avant la fin de leur formation et viens discuter avec celui qui s’est occupé d’eux, ce matin. Ce dernier me résume les bases qu’ils ont appris et m’explique les difficultés rencontrées. Toutefois, malgré le fait que cette mini formation n’ai duré que 7h30, ils se sont donnés à fond. Ensuite, il m’emmène jusqu’à une classe de maternelle où je retrouve les trois stagiaires en train de jouer avec des tous petits. Je les observe un instant avant de venir les déranger. Je ne sais pas pourquoi mais les voir au milieu de ces enfants me touche, et peut-être plus particulièrement Clarisse. En effet, en un temps très court, je trouve que c’est celle qui a le plus changé. De l’ado révolté en pleine décadence, je la vois peu à peu se transformer en une femme non seulement jolie mais pleine d’empathie. Comme quoi le Papé avait raison et sa petite fille se cachait derrière une solide carapace.


Quand je la vois ainsi avec cette fillette, je l’imagine facilement devenir maman dans quelques années… En la présence des enfants, elle est comme avec ses chiennes, je la sens attentionnée, empathique, douce… D’ailleurs à cet instant, Clarisse arbore un si mignon sourire. Je ne sais pas pourquoi mais cette nana me touche vraiment. Pourtant je dois me tenir loin d’elle. Après ce qui s’est passé l’autre soir, j’estime que c’est plus prudent.


Une fois tous les enfants partis, en la présence de l’intervenant avec qui je me suis entretenu, je donne à mes aventuriers, une feuille avec six mots à me faire en gestuel puis une phrase. Personnellement je ne pourrais pas dire s’ils se débrouillent bien ou mal. Pour cela, je laisse le pro faire ses propres remarques. Mais dans l’ensemble, ils ne se sont pas mal débrouillés et je suis très satisfaits d’eux. Je suis conscient que cela n’a pas dû être facile de retenir tout ça en si peu de temps.




Lorsque nous rejoignons Simonella, celle-ci est toute fière de nous crier un : "Avanti Savoia !".


Je sais ce que vous pensez et vous n’avez pas tort, ma tante est parfois un peu fêlée même si elle ne vient pas de Lustucru ! Oups, je commence à faire de l’humour version Clarisse… ça craint !


Et oui je faisais allusion à la fameuse pub « il n’y a pas d’œufs fêlés chez Lustucru ». Même moi je n’étais pas encore né quand elle est sortie au début des années 80… sauf que quand j’étais ado, j’ai développé une étrange passion pour tous les spots publicitaires.


Tout a commencé lorsqu’un jour, alors que je surfais sur le net, je suis tombé sur spot publicitaire des années 70. Cela a eu un effet troublant sur moi… Du coup, j’ai commencé des recherches sur ce sujet et petit à petit je me suis mis à les collectionner. Très vite avec l’évolution des moteurs de recherches et de l’informatique, je suis devenu un as en la matière. Certes cela ne me rapporte rien mais je reconnais une pub à sa musique ou à son slogan. Peut-être qu’un jour je ferais découvrir au groupe ma passion et que comme moi, ils devront deviner à quoi ils ont affaire si par exemple je leur dis : « toutirikiki maousse costo ». La lessive Omo bien sûr ! Mais bon je m’égare dans mes pensées et pendant ce temps ma tante exhibe le bouquin qu’elle s’est achetée sur la Savoie.


– Cette expression qui date du 19ème siècle était le cri de guerre des savoyards qui, à cette époque étaient italiens !


Tu m’en diras tant ! En clair, j’ai vraiment l’impression que tous s’en foutent complet. Il faut reconnaître qu’après une journée comme ils viennent de passer, ils ont plutôt envie de se détendre les neurones. Et tandis que Simonella s’apprêtait à entrainer Clarisse vers une nouvelle séance d’hypnose, je tire cette dernière d’un faux pas en lui proposant d’aller faire défouler les chiennes. Je ne sais pas si elle est ravie d’échapper à sa coach ou de prendre l’air mais elle ne se le fait pas dire deux fois. Et hop, nous voilà partis.



Nous marchons en silence, profitant de cet air frais mais pas encore trop froid. Si nous ne ressentons pas le besoin de parler c’est que c’est peut-être plus simple ainsi. J’admire clairement le courage de cette nana. Elle n’en n’a probablement pas conscience mais elle a tout de même un caractère fort pour parvenir à tenir sans boire ni prendre du cannabis. Seules quelques clopes sont encore présentes dans ses habitudes. Mais peut-être qu’il lui fallait tout bonnement un groupe d’amis pour l’aider à se sentir moins seule et virer ses addictions. Pour moi le mental joue un rôle très fort dans ces problèmes là.



Lorsque nous rentrons, je leur montre une photo prise chez les parents de Jadeline. On y voit Mallaury qui tient dans ses bras le petit Gabin. Toute souriante, elle est entourée par monsieur et madame Micassan.


– Ça vient de moi ou je trouve que Gaby a déjà un peu changé ? s’étonne Clarisse.


– Oh, vous savez, les bébés évoluent très rapidement ! affirme Simonella.


Même si elle semble très sûre d’elle, madame n’a pourtant pas eu d’enfants à elle…




Il est l’heure pour moi de leur donner la nouvelle vidéo du Papé avant de partir.


Cette fois, Georges Mulonier pose devant une ancienne carte de France en poster. Je me rappelle que pour se la procurer, nous avions dû faire quelques brocantes.

"J’espère que vous avez aimé cette expérience et qu’elle vous sera un jour utile. Sachez qu’être malentendant, aveugle, en fauteuil roulant ou autre sont des handicaps très lourds à gérer au quotidien. En prendre conscience peut vous être utile pour aider votre prochain. Mais votre aventure continue et aujourd’hui je vous propose de vous rendre dans un lieu qui jouxte le grand paradis, histoire de trouver le casseur d’os qui y a été réintroduit, il y a quelques années. »


Devant leur manque de réaction j’en viens à regretter de la leur avoir faite voir ce soir. J’aurais peut-être dû attendre demain matin. Mais je voulais en profiter que j’étais ici pour la leur visionner. Les envoyer par mail, je trouve ça tellement impersonnel.


– Ce serait ennuyeux si nous restions une journée de plus ici ? me demande alors Justin. J’aurais bien aimé aller faire un tour à Chambéry. Je rêve de jouer au touriste dans cette ville. Ainsi, on se couche tranquille ce soir et demain, à notre retour, nous menons l’enquête sur notre prochaine destination.


– Ok c’est entendu comme ça. Tenez-moi au courant quand vous aurez trouvé où vous devez vous rendre. Et bonne soirée à vous.


Tu as aimé ce chapitre ?

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.