Fyctia
Etrange sensation
(Clarisse Sillon de Picodon)
Juste au moment où je commence à descendre de la mezzanine, j’entends la porte du camping-car se refermer. Je me doute que c’est Jadeline qui vient de sortir car le ronflement intempestif de Justin parvient jusqu’à mes oreilles malgré la chambre fermée. Heureusement que je n’ai pas à partager mon couchage avec lui car je crois que je finirais par l’étouffer avec son oreiller. Non mais lui aussi devrait se faire soigner car sinon il ne se gardera jamais aucune femme, ce n’est pas possible, là.
Comme j’ai dormi en survêtement et que j’ai gardé ma perruque, après un rapide coup de brosse, je peux sortir comme ça. Allez hop, ni une ni deux, il me faut de l’air frais car c’est bien gentil d’arrêter les joints et l’alcool mais là, je commence à ressentir un gros manque. Encore qu’hier soir tandis que notre chorale dégivrée s’en donnait à cœur joie pour faire des vocalises, nous avons tous bu de l’infusion de camomille. Si au goût c’est moins dégueu que la potion magique de Simonella, en revanche, je ne suis pas certaine que cela m’ai fait grand-chose. Heureusement, la marche m’ayant fatiguée, j’ai dû m’endormir vers 23h et me réveiller vers 5h. A partir de là, impossible de refermer les yeux. J’ai commencé à me sentir speed et à trembloter. Alors que la veille, on m’avait encouragé à jeter tout l’alcool que j’entreposais dans mes affaires, personne n’avait pensé à me faire soulever mon matelas. Ouf, une malheureuse petite bouteille d’Armagnac… J’en ai bu une toute petite goutte, histoire de calmer ce mal être. Cela m’a permis de tenir jusqu’à maintenant. Mais là, il est temps pour moi d’essayer de courir un peu. C’est ce que m’a conseillé Simonella, hier, quand on s’est quitté.
Dehors, il fait frais mais pas tant que cela pour une fin septembre. Tant mieux. Tiens, j’entends des voix… Je me rapproche car il me semble avoir reconnu celle de Jadeline et… Merde, mais que fait Cyril ici ? Oups, je reconnais son petit engin sur roues. Il a donc dormi ici… Etrangement, j’ai envie de m’incruster dans leur petite conversation. Mieux j’ai envie de visiter son mini chez lui.
Quand je me présente à eux, je surprends l’air surpris du notaire. Il me regarde de la tête au pied comme s’il cherchait quelque chose.
– Ma présence pose un problème ?
– Non, non, pas du tout. En revanche, je suis assez surpris. Je ne savais pas que tu pouvais être matinale.
– Ah, ah, ah, très drôle ! Il faut dire que je manque cruellement de ce qui me permettait de dormir plus sereinement. Et puis Jadeline, toutes mes condoléances. Avec un tel ronfleur dans ta chambre, adieu tes nuits calmes et reposantes.
– A ce point ? demande alors Cyril en se tournant vers la concernée.
– Je sais qu’il ne le fait pas exprès mais oui, c’est atroce. Je vais finir par me faire prescrire des somnifères sinon je ne tiendrais pas longtemps.
– Merde, je comprends. Bon en attendant, vous voulez boire un petit café ?
Si Jadeline accepte avec plaisir, moi je décline car dans mon état de dépendance frustrée, j’aimerais tout autant faire l’impasse sur la caféine.
– Je vais aller courir un peu, j’ai besoin de me défouler. Je suppose que personne n’est motivé à m’accompagner ?
J’étais tellement certaine d’entendre un non, que lorsque Cyril me répond que si j’ai la patience de l’attendre, il m’accompagnera. Alors là, j’en tomberais presque sur les fesses. J’accepte donc de le laisser boire son breuvagz.
Pendant qu’il s’agite dans un recoin de sa caravane, je constate qu’ici c’est un peu la même chose que chez nous, hormis le fait que ce soit encore beaucoup plus petit. Mais étrangement, je trouve son intérieur à la fois plus masculin mais aussi plus rassurant.
(Journal intime)
"Samedi 1er octobre
Papé, si tu savais comme la promesse que tu m’as obligée à faire devant les autres s’avère difficile à tenir. Que croyais-tu vraiment ? Que juste le fait de bouger et rencontrer d’autres personnes parviendrait à me dégoûter de l’alcool et de tout le reste ? Je te rappelle que j’ai déjà suivi une cure de désintoxication. Et qu’est-ce que ça m’a servi ? Dès que je suis revenue à la maison, l’envie m’a progressivement reprise. Ici, effectivement ce n’est pas tout à fait pareil car il y a beaucoup plus de remue-ménage, et les personnes semblent plus sincères.
Hier matin, le fait d’être accompagnée par le notaire m’a fait quelque chose. Je ne saurais dire quoi. Jusqu’à présent, il ne faisait que m’agacer mais peu à peu je commence à le trouver plus sympa quand il ne porte pas son horrible costume de notaire. Et puis s’il t’as bien connu, au fond cela ne doit pas être un trop pourri. En tout cas, il avait une sacrée foulée… La vache, moi, même s’il faut que je me dépense pour éliminer ce besoin d’adrénaline ou je ne sais quoi, je n’ai aucune endurance. Résultat, j’ai tellement forcé pour le suivre qu’au bout d’un moment je n’ai plus eu de souffle. Quand il a enfin daigné se retourner et m’a vu dans cet état, il est revenu vers moi au petit trot. J’ai à la fois détesté ce petit sourire narquois qu’il avait sur le visage et adoré quand il a tenté de prendre mon pouls. Sentir ses doigts sur ma peau, ça m’a foutu la chair de pouls et dans un même temps mon cœur a semblé s’affoler.
Décidément, je ne sais pas si le footing m’est tant recommandé. Je suppose qu’il a eu pitié de moi car il a finalement décidé que nous finirions le tour en marchant. Je crois que j’aime encore mieux lorsqu’on se balance des vannes. Là, on est resté silencieux et c’était étrange. Un moment j’ai marché sur un caillou qui m’a déstabilisée et s’il ne m’avait pas rattrapée, je me serais cassée la figure. Mais le fait de me retrouver dans ses bras l’espace de quelques secondes m’a fait quelque chose en bas du ventre. En plus, une vague de chaleur s’est emparée de moi. Pour lui cela a semblé totalement naturel de me retenir. Moi, je ne sais pas… je… j’adore ses mains, elles sont si viriles ! Ses doigts larges avec une paume épaisse, les ongles soignés presque un tantinet trop court quant à ces quelques poils qui recouvrent le dos de ses mains… Il m’a procuré l’espace d’un instant une sensation unique. On aurait dit… Non je ne sais plus, laisse tomber Papé.
Bon qu’est-ce que je voulais te dire d’autre ? Ah oui, ça y est Simonella est arrivée avec son drôle d’engin. Il parait que cela s’appelle un camping-car pliable pour cycliste. Pour être aussi léger, il est en fibre de verre et ne pèse que 45 kilos. Je connaissais la petite maison dans la prairie mais là c’est la petite maison sur vélo. Quand elle est arrivée avec sa remorque pliée, je n’ai pas pu m’empêcher d’y prendre en photo. Heureusement que nous les filles étions là pour l’accueillir car les hommes étaient partis avec le camping-car faire la vidange. Une fois de retour, hop, ils ont accroché la remorque à notre engin, rangé le vélo cross de la dame et nous étions prêts à décoller. Enfin presque car il m’a fallu encore subir une de tes vidéos."
2 commentaires
ceppi
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Il y a un mois
Salma Rose
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Il y a un mois