Fyctia
Bienvenue chez Simonella
(Clarisse Sillon de Picodon)
Mon Dieu qu’est-ce que j’aime ce village médiéval ! On ne dirait pas comme ça, mais toutes ces maisons en vieilles pierres, ces toutes petites rues où les voitures ne peuvent pas venir et ne pas tout endommager de par leur pollution et leur poids… Ce silence, c’est magique ! Il est évident que mon style poupée Barbie est quelque peu perturbant en ce lieu mais ça, au contraire, je dirais que cela m’amuse.
Merde, au détour d’une petite place j’aperçois quand même deux voitures stationnées devant une grande baraque à l’architecture ancienne. Et quand je me retourne pour voir par où elles ont dû passer, je constate qu’il doit falloir une certaine habileté pour manœuvrer sans rien esquinter. C’est justement à gauche de cette petite place que nous entamons la fameuse rue des puces. Elle est tellement étroite que moi-même je m'y sens oppressée.
- Ça me fait un peu penser aux traboules de Lyon ! s’exclame Jadeline. Tous ces passages à travers des cours d'immeuble qui permettent de se rendre d'une rue à une autre, et qui sont les vestiges d'un autre temps. Là-aussi, c’est impressionnant. Comme quoi, à l’époque ils n’avaient pas de véhicule mais n’en n’avaient pas besoin car il y avait toujours des raccourcis de ce genre dans les villes et villages mais aussi dans les campagnes, à travers champs.
Si je ne dis rien, c’est que je réfléchis à ce que devait être cette vie à l’époque. Mais quand bientôt cette « rue » se retrouve couverte sur quelques mètres, je me dis qu’à l’époque, ils devaient vraiment être de petite taille et pas très épais car en plus de raser les murs, on doit presque se pencher.
Le fait que ces murs de pierres me touchent quasiment les épaules m’oppressent de plus en plus. C’est sûr que les claustrophobes ne s’embarqueront jamais dans un tel lieu.
Non mais je rêve ! Alors que l’on arrive enfin au bout de cet enfer, qui je vois nonchalamment adossé au mur, pile poil à l’endroit où cela se ré-élargit ? Notre notaire ! Tiens donc et que vient-il faire ici ?
– Vous aviez peur que nous ne passions pas en raison de notre largeur ? ne puis-je m’empêcher de lui balancer lorsque j’arrive à sa hauteur.
– Ce serait plutôt m’assurer que vous avez pensé à vous prendre en photo dessous ! me répond-t-il narquoisement.
Putain de merde, avec tout ça, on a oublié ! Mais je ne me démonte pas !
- C’est justement ici que nous voulions prendre un cliché de groupe car à l’intérieur cela n’aurait pas été possible tant elle est étroite. Allez, les amis, en place pour un super selfie !
Mais alors que nous étions en train de nous placer, et que je tendais le bras, Cyril me pique mon téléphone des mains.
– Je vous la prends puisque je suis là. Cela sera plus joli.
Il m’énerve de parvenir à avoir toujours le dernier mot ! Mais bon, je me contente de poser pour la bonne cause. Toutefois, quand on regarde ce que cela donne, je dois reconnaître que notre photographe occasionnel a parfaitement réussi à capter notre effet de groupe soudé avec pour fond cette rue qui parait à la fois si étroite et sombre. Tous le félicitent. Clairement il a eu de la chance car ce cliché a un charme fou. Mais je ne risque pas de le lui dire. Je me contente de lui faire un pouce en l’air.
Satisfait de lui, il nous entraîne toujours plus loin. Les jolies ruelles pavées avec leurs arcades et leurs passages voûtés s’enchaînent avant que nous ne parvenions dans la rue de l’Ardèche. Tiens, comme ce nom est original ! Franchement ceux qui l’ont nommée ne se sont pas trop cassé la tête. En tout cas, celle-ci est goudronnée et de par sa largeur, elle permet aux véhicules d’au moins circuler dans un sens. Mais lorsque l’une d’elle passe, nous devons tout de même nous serrer sur le bas-côté car il n’y a pas de trottoir.
Bientôt, une femme bien en chair et toute en couleurs qui se tient devant sa maison nous fait de grands gestes. Elle semblait clairement nous attendre. Mais qui est-elle ?
Même si elle est bien brune, à son visage de sexagénaire je sais tout de suite que c’est une teinture. A mon avis, malgré son look extravagant, cette dame a l’âge d’être une mamie. En revanche, pour la discrétion, on repassera ! Quand nous arrivons à sa hauteur, Cyril fait les présentations.
– Clarisse, Mallaury, Jadeline et Justin, je vous présente Simonella, ancienne cliente et amie du Papé. Si ce dernier avait pensé vous la faire rencontrer, plus que jamais quand j’ai découvert la passion de cette dame, j’ai eu moi aussi envie que vous fassiez sa connaissance. Bien évidemment, Simonella a été ravie et …
– Pas de blabla entre nous Cyril. La coupe celle-ci. Mon petit doigt me dit que vous devez être fatigués. Allez venez boire un coup et vous reposer.
Son petit doigt ? Vraiment ? Quelle vieille expression ! Et ne serait-ce pas plutôt notre allure générale qui lui fait penser ça ? Décidément cette Simonella et ses manières exagérées me plait bien. Si la façade de sa maison de village est recouverte d’une vigne vierge et ne parait pas très grande, en revanche, je remarque une sorte de grande terrasse sur un ancien toit… Etrange. Mais cet adjectif je dirais qu’il caractérise aussi bien la personne que son habitation. Et je ne suis pas à la fin de mes surprises.
En effet, une fois passé la porte d’entrée, nous nous trouvons face à une pièce un peu surprenante. On dirait une sorte de cabinet … médical, médium, massage ? Je n’ai pas le temps d’en voir plus car déjà elle nous entraine vers un escalier en spirale. Celui-ci est tout blanc, sans rambarde mais avec des marches heureusement pas trop hautes.
Quand nous parvenons à l’étage, on entre directement dans une cuisine ouverte sur sa petite pièce à vivre ainsi que la terrasse vue de l’extérieur. A l’autre extrémité, j’aperçois ce qui doit être une chambre. Mais ici tout est kitsch ! Enfin c’est le premier sentiment qui me vient à l’esprit.
Pourtant quand nous avançons dans la cuisine, contrairement à ce que j’avais cru, comme nous l’explique notre hôtesse, ce n’est absolument pas du vieux puisque les travaux ont été achevés il y a tout juste six mois, suivi de son emménagement.
– J'ai tout racheté, comme ça, hop, pas de déménagement à faire !
Heu, elle a fait les brocantes ou quoi ? Mais Cyril m’en bouche un coin quand je l’entends parler.
– Très réussi ce style rétro chic ! C’est vrai que tout ça revient à la mode !
– Merci. En tout cas, ça ne peut que l’être au prix où j’ai payé cette cuisine intégrée !
Merde alors, je dois reconnaître que cela m’a bluffé. Mais c’est vrai qu’en y réfléchissant, pas sûre qu’à l’époque, ils faisaient déjà de tels meubles. Pourtant on a tellement repris le côté ancien que l’on s’y croirait presque. Elle est dingue cette mamie mais me plait bien et je commence à comprendre pourquoi elle était amie avec Papé.
5 commentaires
Marrah2921
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Il y a un mois
La Plume d'Ellen
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Il y a un mois
ceppi
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Il y a un mois
Salma Rose
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Il y a un mois
Vana Aim
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Il y a un mois