Fyctia
Début de colocation
(Jadeline Micassan)
Franchement, je viens de passer les 1h30 les plus longues de ma vie. Heureusement que j’ai pu être à l’avant pendant les dix dernières minutes. Je ne sais pas si cela vient de la conduite de Justin qui n’est pas encore complètement à l’aise ou si j’ai tout bonnement le mal du transport. Mais si c’est ça dont il s’agit, je suis mal barrée. Je suis enchantée d’être enfin à l’arrêt. Justin m’a conseillé d’aller me coucher un peu. Je ne sais pas si je vais accepter ou si je vais faire comme les filles et partir à la découverte du camping. Mais d’un autre côté, je sens que j’aurais bien besoin de me reposer un peu.
Toutefois, avant ça, je demande à Justin ma valise, après l’avoir questionné s’il avait une préférence pour le lit. Puisqu’il m’a répondu par la négative, je choisi celui de gauche. Je sais que c’est une attitude puérile mais j’ai préféré la literie qui est la plus proche de la douche que celle qui est presque collée au WC. J’apprécie de découvrir que les lits sont déjà faits. Ouf, une corvée de moins car dans mon état, cela aurait été pénible. Toutefois, avant de m’allonger, je souhaite encore ranger mes effets dans les petits placards qui se trouvent au-dessus de mon lit. Heureusement, Justin m’a proposé son aide et c’est donc lui qui se trouve pieds nus, debout sur ma literie. Il faut bien ça pour être à la bonne hauteur et pouvoir glisser mes fringues dans les cases. Peu à peu, nous retrouvons nos vieilles habitudes d’antan. Je ne sais pas si l’on arrivera à se réentendre aussi bien qu’autrefois mais en attendant on se connait toujours par cœur. Il savait que par fierté, je ne lui aurais moi-même pas demandé de l’aide. De même que si pendant le trajet j’avais clairement signifié à la cantonade que je souffrais du mal du transport, Mallaury m’aurait vite cédé sa place et je n’aurais pas été aussi male. Qu’est-ce que je peux parfois m’agacer toute seule.
Quand je m’allonge, je sens une certaine différence avec ma propre literie de la maison. Mais bon même si c’est plus étroit, au moins le matelas est assez confortable. Oulala, je sens déjà mes yeux se fer…
(2h plus tard)
C’est un bruit de voix qui me réveille en sursaut. Il me faut encore quelques minutes pour me souvenir de l’endroit où je me trouve. C’est la voix de Justin que je reconnais bientôt.
– Nous sommes bien arrivés au camping. Par contre Jadeline a souffert du mal du transport donc elle est allée se coucher et je crois qu’en ce moment elle dort. Je voulais savoir ce qu’il te fallait comme preuve ? Est-ce juste une photo du camping ou plutôt du lac ? Ou au contraire devons-nous nous faire une selfie de tous ensemble ?
…
– Ah ok, je le dirais donc aux miss. Pour l’instant Mallaury et Clarisse sont allées faire un tour dans le camping. Elles reviendront peut-être déjà avec quelques clichés. Bon eh bien ok, à demain alors.
Un nouveau bruit se fait entendre et j’en déduis que ce sont les filles qui rentrent de leur exploration. Mallaury semble très enthousiaste et crie plus qu’elle ne parle.
– C’est cool ce camping sous ces grands pins ! En plus, on se trouve directement sur le bord du lac. Il y avait quelques courageux qui se baignaient encore. Perso, j’ai juste trempé les pieds et ça m’a suffi mais au soleil on était super bien. Hein Clarisse ?
Comme je n’entends pas la voix de cette dernière, je suppose qu’elle a hoché la tête.
– Alors que j’étais en train de mitrailler de photos le lac, j’ai bientôt vu Clarisse qui se tenait toute droite et regardait fixement un endroit à quelques centimètres de l’eau. J’ai trouvé ça étrange mais quand je me suis rapprochée, j’ai vu un serpent !
– J’ai eu beau lui dire que ce serpent était inoffensif, elle a bondi trois mètres en arrière. Annonce alors Clarisse. Il s’agissait d’une couleuvre Vipérine. On en trouve beaucoup en Ardèche, près des points d’eau. J’aurais voulu que Mallaury puisse l’apercevoir mais je ne suis jamais parvenue à la convaincre. J’ai donc essayé de la prendre en photo, regarde.
– Ce gris-vert avec des tâches sombres, c’est la coloration de ce reptile ou c’est la lumière qui a changé la couleur ? demande Justin
– Ces serpents aiment demeurer cachés au milieu des cailloux, dans une eau à seulement quelques centimètres de profondeur. Ils ont alors quasiment la même couleur que le sol ce qui les rend presque invisible pour l’homme ainsi que pour ses proies.
– Qu’est-ce que ça mange, ces bestioles ? l’interroge Mallaury qui ne semble toujours pas rassurée.
– Adulte, cette couleuvre mange des poissons comme le gardon, le vairon ou le chevesne. Elle s’attaque également aux grenouilles. Voilà, c’est tout !
– Ouai enfin qui me dit qu’elle ne peut pas confondre mes orteils avec des poissons ?
C’est sur des rires aux éclats qui se font entendre que je me rendors un moment.
Finalement, c’est Mallaury qui vient me réveiller car avec son frère, ils ont décidé d’aller se promener et me proposent de les accompagner. Pourquoi pas ? Clarisse, quant à elle, nous indique préférer rester ici. On ne va pas commencer à lui imposer notre présence si elle n’en n’a pas envie. En tout cas, ce sentier pédestre que nous prenons et qui nous emmène dans les sous-bois ombragés nous permet de faire le tour du lac en à peine plus d’une heure. Personnellement j’ai adoré ce mélange entre la végétation, les paysage et le calme. Mallaury, à l’inverse a clairement montré des signes d’impatience. Elle semblait en avoir plein les bottes. Il faut dire qu’après son autre balade avec Clarisse, je comprends qu’elle soit nase.
Ce soir pour le souper, nous faisons simple : une salade verte – du jambon et du saucisson accompagnés d’un bon pain tendre acheté par Clarisse qui y est allée pendant qu’on se promenait. Nous avons achevé ce repas avec un yaourt nature et des fruits.
Les autres ont cru à la version de Clarisse quand elle nous a expliqué avoir subitement pensé qu’on en aurait besoin de pain. Perso je n’y crois pas un instant. Pour moi, elle a pris son vélo et a filé au village pour autre chose mais s’est ainsi créé un bon prétexte pour le cas où on l’aurait cherché. Décidément je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi le Papé nous a rassemblé. En attendant, comme je pense que cela va être riche pour notre culture personnelle, j’ai décidé de commencer un tableau de bord sur la tablette. Ainsi, pour chaque étape, je noterais la date d’arrivée puis celle de départ ainsi que ce que nous aurons fait de bien.
C’est ainsi que débute ce résumé de voyage :
« 26 septembre – 14h : grand départ de Privas, direction Le lac d’Issarlès. Découverte de ce petit village de 300 et quelques habitants ainsi que son lac qui porte le même nom. Nous y passons une seule nuit dans un camping ».
Mais alors que nous venions d’achever de souper, un message arrive sur la tablette. Il s’agit d’un nouveau message du Papé. Fichtre, à force de le voir en vidéo, je m’attends presque à apercevoir son fantôme parmi nous.
15 commentaires
Jess Swann
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Il y a un mois
La Plume d'Ellen
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Il y a un mois
ceppi
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Il y a un mois
Vana Aim
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Il y a 2 mois