Fyctia
Concept bien étudié
(Clarisse Sillon de Picodon)
Mais du coup, moi qui pensais demander un lit dans cette chambre, le fait de savoir qu’un chiotte est à deux pas de mon hypothétique lit fait vivement retomber mon enthousiasme ! J’achève cette visite pendant que Cyril montre encore un ou deux points techniques. J’ai vraiment besoin d’air et préfère redescendre de cette prison sur roues. Mon Dieu mais comment allons nous faire pour ne pas nous marcher dessus, voir nous entretuer ? Moi qui aime la solitude, je voudrais que Papé me montre où est-ce que dans ce camping-car, je peux demeurer tranquille.
Je commence déjà à regretter d’avoir dit oui… Quoi que, si finalement le jour J, je ne venais pas ? Ca ferait bien chier ma daronne ! Quant aux autres, ils ont beau être proches entre eux, ils découvriraient que sans moi, dans cette aventure, ils ne sont rien.
Maintenant que je suis enfin seule dans ce hangar, les autres semblant se plaire dans notre engin de torture, mon regard se pose à nouveau sur cette chose entraperçue tout à l’heure. Je dis cette chose mais ça ressemble à une très ancienne caravane tout en semblant neuve. Je ne peux pas m’empêcher de m’en rapprocher. A quelques centimètres, je cherche à voir l’intérieur à travers l’une de ses fenêtres. Et là, ma surprise est de taille car on dirait un camping-car en miniature ! Merde alors ! Dans la plus grosse partie, il y a une accumulation de coussins qui doit servir de literie mais qui semble aussi pouvoir si on en enlève une rangée servir de coin repas puis à l’autre extrémité, j’aperçois la cuvette d’un WC ainsi qu’un petit emplacement cuisine. Tout est encore plus serré que celui où il faudrait que je cohabite mais étrangement, celui-ci en ayant davantage d’ouvertures me plait mieux. C’est sans doute lié au fait que cette chose n’est faite que pour une ou deux personnes maximum.
– Décidément on dirait que mon Happier Camper vous plait particulièrement !
Oups, j’étais tellement concentrée sur sa boîte à sardines que je ne l’ai pas entendu arriver. Merde ce truc est vraiment à lui ? Quelle chance ! Mais je ne vais pas lui faire ce plaisir.
– L’avantage de cet engin c’est qu’on ne peut y vivre que seul. Et ça, c’est vrai que ça me plait. Papé aurait grandement dû choisir de nous offrir un Happier à chacun avec des défis à faire seuls. On aurait vu qui était le meilleur !
Ma réponse semble faire mouche car il me répond du tac au tac.
– Le problème c’est qu’avec cette aventure, Papé a voulu à la fois vous faire découvrir des paysages hors du commun, comme quoi pas besoin de partir au bout du monde en avion. Et la seconde chose, c’est qu’il a voulu démontrer que quand on fait preuve de solidarité, on va plus loin ensemble. Mais ça, je doute que vous puissiez le comprendre !
Sur ce, il m’abandonne sur place. Quel odieux personnage ! Mais je n’ai pas le choix et je le suis donc jusqu’à la petite pièce. Les autres s’y sont déjà assis tandis que Cyril leur sert un gobelet de café. Pour le service, on repassera ! Je ne peux m’empêcher de penser à la tête que ferait ma mère s’il lui fallait boire une gorgée de ce café sans doute soluble dans un vulgaire bout de carton. Madame a besoin d’un minimum de prestige, s’il vous plait ! Quand il me propose à mon tour un gobelet rempli et me demande si je veux un sucre ou deux, je réponds par la négative. En revanche, sous son nez, je sors une mini bouteille de calvados dont je verse une goutte dans la mixture. S’il est outré, il ne bronche pas. Il a intérêt car de toute façon, j’avais déjà une répartie. Dans ce lieu où tout est petit ou mini, je trouve que mon alcool y a tout à fait sa place. Pas toi Papé ?
Maître Jiguin demeuré debout se racle alors la gorge avant de débuter ses explications. Je pressens que cela ne va pas me plaire.
– Tout d’abord, Justin, es-tu parvenu à obtenir ton permis poids lourd du premier coups ?
– Oui, répond ce dernier avec un grand sourire.
Je ne peux pas m’empêcher de mettre mon grain de sel :
– Et s’il ne l’avait pas réussi ? Que ce serait-il passé ?
– Nous aurions décalé le départ mais je ne vous cache pas que cela aurait quelque peu compliqué les choses.
– Et si encore et encore, il avait échoué ? Auriez-vous laissé une autre candidate tenter sa chance ? A moins que ce ne soit vous qui aurait joué le chauffeur ? Je ne peux pas m’empêcher de le provoquer. Mais à ma grande surprise, c’est Justin qui me répond en premier avant même le notaire.
– Eh, Miss Sillon de Picodon, je suis là ! Et qu’est-ce que tu crois ? Je n’ai peut-être pas beaucoup d’argent mais cela ne veut pas dire que je sois nul !
Oups, je sens qu’il l’a quelque peu pris pour lui alors que je ne voulais qu’énerver sa sainteté notariale. Mais lui-même ne tarde pas non plus à me répondre.
– Alors effectivement s’il avait échoué plus de deux fois, nous aurions abandonné le permis poids lourd. Pour conduire un tel camping-car, ce n’est pas obligatoire. En revanche, nous aurions dû renoncer à quelque chose qui devrait avoir lieu en milieu d’aventure.
– Oh merde alors, Justin tu vas te retrouver chauffeur de poids lourd !
– Ah, ah, très drôle, enchaîne ce dernier. Par contre, avec un permis poids lourd, il n’y a pas que des camions que l’on peut conduire, mais aussi des supers camping-cars de luxe !
Hurggg, je n’avais pas pensé à ça. Merde. Papé serait-il assez vicieux pour nous faire essayer un tel engin deux jours au milieu de notre aventure ? Oups, un instant… est-ce moi qui suis déjà en train de nous imaginer à mi-parcours ? Je dois reconnaître que cela fait très longtemps que je n’avais pas envisagé un quelconque futur et cela me laisse perplexe. Le silence étant revenu, Maître Jiguin reprend la parole.
– Comme vous vous en doutez, la vie dans un camping-car peut être très agréable mais à condition d’être organisé. Les placards sont pour le moment vides, mais le jour de votre départ, vous aurez de la vaisselle en plastique afin que celle-ci ne se casse pas et en même temps, c’est plus écologique que du jetable. Comme vous l’avez vu, il y a un endroit pour ranger vos valises vides mais pour un maximum d’équité, vous aurez tous la même.
C’est à ce moment-là, qu’il nous sort d’un placard quatre mini valises ! Hurg, décidément il aime les petites tailles ! Mais avant même que nous les filles, n’ayons pu nous plaindre, Monsieur reprend la parole.
– Je comprends que pour certaines, n’emporter que le strict minimum puisse s’avérer plus compliqué que prévu mais n’oubliez pas qu’ici, vous n’êtes pas réellement en vacances. Vous allez avoir des défis à remporter. Alors prenez une paire de basket, éventuellement des pantoufles pour l’intérieur, puis un ou deux survêtements, une tenue pour la nuit, quelques effets de toilette et hop !
– Vous avez oublié nos sous-vêtements en dentelle ! lui fait alors remarquer avec un clin d’œil la fameuse Mallaury.
32 commentaires
Jess Swann
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Il y a un mois
La Plume d'Ellen
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Il y a un mois
ceppi
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Il y a un mois
Vana Aim
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Il y a 2 mois