Hors-Série Isabelle-Marie d'Angèle #jeu 1 Mélusine

#jeu 1 Mélusine

Mélusine était agacée. Son rendez-vous venait d’être annulé. Organisatrice de mariages demandait un timing rigoureux, alors si la future épouse commençait déjà à retarder l’entrevue, qu’est-ce que ça allait être quand les derniers jours, avant la fête, allaient arriver. La jeune femme consultait son portable et son agenda quand un lampadaire la rencontra. Surprise par le choc, elle vacilla. Heureusement pour elle, un café se trouvait non loin de là, elle poussa la porte. — Vous êtes blessée ? Un homme s’avançait vers elle. La barbe naissante, les yeux noirs, le teint mat, et un parfum qui l’envouta instantanément. Elle reconnut aussitôt ACQUA DI GIO de Giorgio Armani. Elle si sensible sourit. Il réitéra sa question. — Vous êtes blessée ? Surprise, elle ne comprit pas ce qu’il voulait. — Mais non, pourquoi me demandez-vous ça ? Il montra son front qui saignait. Elle passa sa main et regarda ses doigts qui rougissaient. — Ah ça ! ne vous inquiétez pas pour ça. Sans s’en rendre compte, elle refit le même geste et la blessure disparut. — Vous m’offrez un chocolat chaud ? Stupéfait, il l’invita à sa table et commanda. — Comment avez-vous fait ? — Fait quoi ? — Votre blessure a disparu. — Elle ne devait pas être bien grave ! Le serveur apporta la boisson demandée accompagnée de croissants. Elle le versa dans sa tasse illico. Il la regardait, médusé, croquer avec délice dans la viennoiserie, puis se délecter du breuvage mousseux. D’ailleurs, une légère trace restait sur ses lèvres qu’elle pourlécha rapidement. Elle avait une petite langue toute rose qui lui fit un effet incompréhensible. Il se morigéna aussitôt. Il allait se marier, pas question de… Elle tendit sa main à travers la table. — Mélusine et vous ? Pas étonnant qu’elle l’ait envouté avec un prénom pareil. Il s’entendit répondre. — Marcello. — Italien ? — Oui. — Vous êtes beau et vous avez un charme fou. Il s’ébroua comme un jeune chien. Il voulut se lever. — Attendez ne partez pas ! — Comment avez-vous fait ? — Mais vous êtes encore sur ça ? Je vous l’ai dit, ma blessure était superficielle. Tout a disparu parce qu’il n’y avait rien, voilà tout. Elle riait. — Ce n’est pas tout ça, il faut que j’appelle ma cliente. Elle m’a posé un lapin et je déteste ça. Au fait, je suis organisatrice de mariage et j’avais un premier rendez-vous ce matin. Muet, il l’a vit taper sur son portable. Mais qui était cette femme ? — Oui, mademoiselle Largo ? C’est Mélusine à l’appareil. Ne devions-nous pas nous rencontrer aujourd’hui ? Marcello n’en crut pas ses oreilles. C’était sa fiancée au bout du fil. Impossible ! il était face à l’organisatrice de son propre mariage. Mais pourquoi Juliette n’était pas venue ? Effectivement, elle lui avait parlé d’un premier rendez-vous, mais elle avait préféré y aller seule. S’il comprenait bien, elle avait annulé. Mélusine raccrochait. — Alors là, c’est bien la première fois que ça m’arrive ! Figurez-vous que la fiancée ne s’est pas présentée parce qu’elle ne se marie plus. Voulez-vous un autre croissant ? Elle le regardait en souriant. Elle avait de jolies dents blanches, une chevelure bouclée qui lui tombait en cascades sur les épaules. — Vous m’annoncez que ma fiancée ne se marie plus ? — Non, vous étiez le futur marié ? Quelle surprise ! Le hasard fait parfois bien les choses, vous ne trouvez pas ? Elle le regardait toujours de ses grands yeux violets. Fasciné, il restait planté. Elle se leva. Il pensa qu’il ne devait pas la laisser partir. — Merci pour le petit déjeuner. — Attendez, donnez-moi votre numéro ! — Votre fiancée l’a, vous lui demanderez. Puis éclatant d’un rire en cascade, elle dit : — Mais c’est vrai, vous n’avez plus d’amoureuse. Ne vous inquiétez pas. Elle lui caressa le visage. — Vous allez bien monsieur ? Le serveur était face à lui, inquiet. — Vous avez bien vu qu’il y avait une jeune femme avec moi ? — Une jeune femme ? Non. Vous me payez votre consommation ? Marcello regarda la table et la tasse de chocolat. Il n’avait pas rêvé. Il sortit sa carte.