Fyctia

Bretagne,

Le jardin luxuriant resplendissait. Les nuances rose et mauve des hortensias en fleurs contrastaient avec les pierres beiges de la maison et se mariaient à merveille la couleur bleu ciel des volets. Le grand saule pleureur avec son feuillage retombant en cascade offrait un espace propice à la détente.

Martin y avait d’ailleurs installé un salon d’extérieur avec de superbes fauteuils beige, en rotin tressé. La terrasse se trouvait derrière la maison, offrant une vue magnifique sur l’immense jardin.

Depuis quelques jours un chat venait se prélasser au soleil au pied de la glycine. Il avait élu domicile dans l’abri de Wall Street. Martin l’avait aperçu quelques jours auparavant dormant dans la paille. C’était un jeune chat tigré qui semblait affamé. Martin avait décidé de le nourrir et de l'adopter. D’ici quelques temps, si le matou décidait rester, il le conduirait chez le vétérinaire afin de s'assurer qu’il était en bonne santé. Décidemment cette maison commençait à se transformer en un véritable refuge, et Martin en était le premier étonné lui qui n’aurait jamais accepté le moindre animal avant.

Le déménagement était enfin terminé, il était très satisfait du résultat. Il était parvenu à faire de sa maison un endroit chaleureux, avec une touche de modernité tout en respectant le caractère de la longère. Il manquait tout de même quelques objets de décoration, son ancienne logeuse lui avait donné le nom de la boutique où elle avait acheté ses lampes en bois flotté.

Celle-ci se trouvait non loin de là, à peine à quelques kilomètres dans le village de Morgat.

La boutique se situait en bord de mer, au rez-de-chaussée d’une de ces petites maisons aux volets colorés, typiques de la coté bretonne. Elle regorgeait d’objets artisanaux fabriqués avec soin et goût.

Martin n’ayant pas d’idée précise de ce qu’il désirait, il prit le temps de déambuler dans le magasin pour choisir. Il porta finalement son attention sur deux grandes lampes en galets et bois flotté, une avec l’abat-jour beige et l’autre marron chocolat. Elles trouveraient leur place dans le salon et le hall d’entrée. Il avait aussi repéré un grand miroir toujours en bois flotté, il aimait le côté chaleureux de ce matériau.

C’en était finit des intérieurs modernes, impersonnels, froids et sans âme !

On trouvait aussi de la vaisselle dans la boutique et pour faire couleur locale, il choisit tout de même de prendre huit bols bretons en faïence de Quimper.

En réglant ses achats, il demanda à la jeune fille qui tenait la caisse d’où provenaient les lampes qu’il venait d’acheter,

- Mais d’ici, lui répondit-elle. C’est ma sœur qui les fabrique, là, dans l’arrière-boutique, désignant la porte qui se trouvait derrière elle. Régulièrement, pour lui filer un coup de main, je tiens la boutique lorsqu’elle crée dans son atelier. Bougez- pas, je vais la chercher.

- Ne la dérangez pas

- Vous en faites pas et puis c’est pas si souvent qu’un bel inconnu veut la féliciter à propos de son travail.

Avant même qu’il puisse protester, elle avait disparu par la porte de l'arrière-boutique.

Elle n'en revenait pas; le beau gosse, qui tournait depuis un moment dans le magasin, voulait voir sa sœur. Une voix grave, un sourire charmeur, bref tout pour plaire.

Loane était dans son atelier en train de créer des petites suspensions en bois flotté, c’était son matériau de prédilection. Elle profitait de ses longues balades pour en récupérer tout au long de l'année. Elle sentit, Tiphaine, la tornade, excitée comme une puce, arriver derrière elle :

- Lo, viens vite voir à la boutique ! Il y a un beau mec sexy qui aime bien tes lampes et qui demande à te parler. 1m80 environ, mâchoire carré, cheveux châtain courts, avec une voix de ténor ! Jamais vu avant…. Elle avait débité sa phrase en moins de dix secondes.

Loane, ne voyait pas à qui pouvait correspondre cette description.

Elle travaillait depuis un moment, faire une pause lui ferait du bien, et puis elle en profiterait pour assouvir sa curiosité.

Après avoir haussé les épaules, pour signifier à sa sœur qu’elle ne voyait pas qui pouvait être cet homme, elle se leva pour aller dans la boutique, se rendre compte à quoi ressemblait effectivement le bel inconnu.