Fyctia
B.B. sors de ce corps !
Je n’ai rien vu venir ! C’est dingue ! Imaginez un peu ça ! Ma nouvelle voisine, c’est BB ! Pourtant, cette journée avait commencé comme toutes les autres !
Comme j’vous l’dis. B.B. ! Brigitte Bardot. Pas la viei... Hum, je reformule, pas la dame d’un certain âge, voire d’un âge certain, qui hante la Madrague.
Taratata ! La BB des années soixante, son mètre soixante-dix, dont la moitié de jambes, et ses cinquante-cinq kilos toute mouillée avec son scooter ! La BB toute en blondeur, et en sexitude. Pleine de cheveux et de charme. Celle de Et dieu créa la femme et du Mépris.
La Bardot de Vadim, de Godard, de Gainsbarre, ou de Philippe Lellouche, n’en déplaise à Yann Moix !
La BB au sourire du bonheur. Celle qui a libéré la femme, la BB fantasme, la poupée Vichy et sa moue à se damner. Même si j’ose espérer que la nouvelle voisine n’a de Vichy que les robes, ne puis-je m’empêcher de penser.
Bref. Autant vous dire qu’il va falloir que je garde Amoureux à l’œil. Et si je dois être parfaitement honnête, il ferait bien de me tenir à l’œil lui aussi. Non, mais, c’est vrai, on n’a pas idée d’être aussi sublime.
Elle a emménagé hier. Quand elle a frappé à notre porte ce matin, Amoureux n’était pas du tout préparé à un tel choc ! Ses premiers mots ont dû ressembler à quelque chose comme :
— C’est oui, bonsoir... jour... qui est-ce pour... Hein ? Vous êtes la nouvelle poitrine ? Euh... VOISINE !?
Pas besoin de vous décrire la tête qu’elle a faite. Je l’ai sentie très mal à l’aise. Pas autant que lui, et encore moins que moi, mais très mal à l’aise.
— Bonjour, j’emménage en face, je voulais me présenter.
Mais qu’est-ce que c’est que cette voix de 3615 code hot hot hot ?
— Bonjour, soyez la bienvenue, tenté-je d’articuler d’un air probablement bien moins détaché que je l’aurais souhaité.
Quand sa main magnifiquement manucurée lâche enfin la mienne, dont les doigts ressemblent plutôt à des saucisses TV, j’ai vite fait de la mettre dans ma poche.
Des pas d’éléphanteau se font soudain entendre derrière nous, et Zoé se faufile entre nos jambes pour voir qui peut bien venir frapper directement à la porte de l’appartement, sans passer par la sonnette du bas.
— Oh. Bonjour. Woaaah ! T’es belle ! Hein, Monsieur Chat ?
Quel traître, ce doudou !
Elle s’agenouille pour embrasser Zoé, et je retiens le menton d’Amoureux façon « barbichette » pour m’assurer que le décolleté façon pin-up reste hors de son champ de vision.
Aaaaah, la jalousie féminine. Ou serait-ce de la possessivité ? Non, dans le cas qui nous occupe c’est vraiment de la jalousie.
J’ai beau la trouver superbissimement splendide, je n’en suis pas moins une femme. Et une femme normale. MOI. Une femme obligée de mettre des crèmes, de se maquiller et de bien choisir les vêtements qu’elle porte si elle veut pouvoir se maintenir dans le top 100 000 des femmes normales MOI, et nondidjiou, c’est pas tous les jours facile !
Je fais un mètre soixante et un, en tout cas, les bons jours, MOI. J’ai un petit bourrelet juste au-dessus de la ceinture qui ne prétend plus me quitter depuis la naissance de Zoé, MOI. J’ai du Vichy dans mes armoires, certes, mais je préfère m’en servir comme nappes plutôt qu’en bikini, MOI. Bikinis qui, accessoirement, ont cessé d’exister pour moi il y a bien dix ans. Aujourd’hui, je serais plutôt maillot-une-pièce-et-noir-siouplé-ça-affine-la-silouhette-c’est-Christina-Cordula-qui-l’a-dit-merci-Christina-t’es-magnifaïque !
Ah ! Si ! Tsss tsss. Nous avons tout de même un point commun. Les cheveux. Beaucoup de cheveux. Une maaaaasse de cheveux. Sauf que les miens, au réveil comme au coucher, ils font exactement ce qu’ils veulent. Et la plupart du temps, ils ne veulent pas grand-chose.
BB se relève, promet à Zoé et Monsieur Chat de leur présenter Serge, son Komondor, dès qu’il arrivera, une fois l’emménagement terminé, exécute un demi-tour digne des plus grands podiums de fashion week, et s’en retourne à son déballage de cartons. Serge le Komondor , on en parle ? Je lui emprunterais bien pour faire le ménage chez moi, mauvaise et jalouse que je suis.
— Et vous n’avez personne pour vous donner un coup de main ? me surprends-je à demander au moment où elle passe sa porte.
À cet instant précis, dans ma tête, je tombe à genoux, les bras tendus vers le ciel et je fais une grimace shakespearienne. Si, vous voyez, les grimaces shakespeariennes ? Ben si ! Un mélange de Droopy et de Calimero, avec une touche de Britney Spears quand elle s’est mise boule à zéro. Une grimace shakespearienne quoi ! Généralement accompagnée d’un Pourquoooooooi ?!
Et en effet… Pourquooooooooooi ? Pourquoi cette question ? Je n’ai aucune envie de passer mon week-end à déballer des cartons, MOI ! Et encore moins envie d’y envoyer Amoureux tout seul ! Pas folle, la guêpe.
— Non, mais j’ai pratiquement terminé. C’est très gentil. Faisons-nous un apéro un de ces quatre, lâche-t-elle avec sa voix tellement sensuelle que même à moi, elle me fout les frissons.
Ouf. Ben, on n’est pas passé loin. Même si je ne suis pas sortie de l’auberge, parce que, ben ouais, c’est dingue ! Ma nouvelle voisine, c’est BB ! Et ça... Je ne l’avais pas vu venir !
Note de l'auteure morte de rire : Si vous voulez rire aussi, filer jeter un œil à la tête d’un Komondor sur Internet !
9 commentaires
Kandly Spense
-
Il y a 6 ans
Amandine Mistyque
-
Il y a 6 ans
Virginie Sarah-Lou
-
Il y a 6 ans
Kandly Spense
-
Il y a 6 ans
Ludivine Delaune
-
Il y a 6 ans
Kandly Spense
-
Il y a 6 ans
Fanny, Marie Gufflet
-
Il y a 6 ans
Kandly Spense
-
Il y a 6 ans
Mymy M. *Sakuramymy*
-
Il y a 6 ans