Fyctia
6.2 - La déception de mon père
Je n'eus pas le temps de m'apitoyer plus sur mon sort néanmoins, car j'aperçus bien tôt Oko, qui courut vers moi en aboyant. Malgré ma situation, un léger sourire perça tous les sentiments qu'affichait mon visage, et je m'accroupis pour lui donner une caresse sur le haut du front. Caresse rendue par un mordillement de ma manche, pour me tirer vers notre maison, comme il l'aurait fait pour guider un mouton réfractaire à suivre le groupe.
Alors que je retenais un rire amusé, je levai les yeux, et je fus surpris de voir qu'Oko était accompagné par Waldemar.
Ce dernier m'adressa un simple coup d'œil, sans agressivité particulière, ce qui me rassura. Au moins, lui n'était pas au courant.
J'ai beau prétendre que je n'avais pas honte de moi, si Waldemar l'avait su, lui aurait peut-être été capable de faire muer ce sentiment.
Mais je n'étais de toute évidence pas celui qu'il cherchait. Ainsi, il me contourna rapidement, pour murmurer à mon père :
—J'aimerais te parler quelques minutes.
Curieux, j'adressai un coup d'œil discret à mon aîné. Celui-ci ne lâchait pas du regard mon paternel, qui lui adressa un signe de tête en guise d'approbation.
—Merci... Souffla-t-il avant de reprendre, à mon adresse cette fois : Velrician, j'apprécierais ta présence aussi.
—Ah non ! Protestai-je aussi vite en m'arrêtant pour regarder mon frère avec sérieux. Vous m'avez eu ce matin, pas question de recommencer !
Waldemar secoua la tête avec consternation et amusement. Bien que de mon côté, je pensais sincèrement chacun de mes mots. Du moins, c'était ce que je voulais leur faire croire.
Mon père quant à lui, nous observait, non sans interrogation.
—Tout va bien ? Demanda-t-il en haussant un sourcil circonspect.
—Demande à Wal, jusqu'à preuve du contraire, je n'ai pas volé son amante... Mais je n'aurais pas été contre ! Répondis-je en esquivant aussitôt le concerné qui tenta de tirer ma tunique vers lui pour me faire taire.
Constatant l'agacement de mon aîné face à ma réplique, je pressa mon pas, avant de m'élancer en courant vers notre maison, aux côtés d'Oko qui suivit mon mouvement.
—Reviens-ici ! S'écria Waldemar en partant à mes trousses, le ton de sa voix trahissant toutefois une touche d'amusement.
Riant légèrement, tandis que mes pieds martelaient le sol de gravillons dans un bruit lourd. Wal me rattrapait déjà, mais j'étais décidé à le semer.
Aussi, je fis le tour de la maison, slalomant entre les plantations de ma mère, et sautant par-dessus les sauts et les bêches restées au sol.
J'entendais toujours Waldemar derrière moi, qui jura en cognant dans un piquet de bois, alors qu'il s'arrêta pour le replanter.
Jugeant que partir dans la forêt n'aurait plus d'intérêt, je fis demi-tour, et je m'arrêtai aux côtés du trou dans la terre, voulant guider mon grand frère. Mais celui-ci lâcha alors ce qu'il tenait, pour m'attraper vivement, et m'empêcher de fuir de nouveau. Son bras effleura ma joue endolorie, et je retins une grimace de douleur.
—Aïe ! Je plaisantais Wal, je plaisantais ! Criai-je en riant, alors qu'il frotta le haut de ma tête du plat de la main avec force, m'ébouriffant au passage.
—Ah ! J'espère bien, tiens ! Il ne manquerait plus que ça.
Il me laissa partir doucement, un large sourire étendant ses lèvres. Je réorganisai les mèches blondes qui retombaient à présent devant mes yeux, avant d'attraper le bout de bois et le remettre en terre d'un geste ferme.
Mais le souvenir de la conversation que j'avais eue avec notre père plus tôt repoussa la joie qui m'étreignait, et je haussai seulement les épaules en voulant contourner Wal.
Pourtant, et cela me surprit, il me retint avant que je ne m'éloigne de trop, et m'appela :
—Velrician ?
—Qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je en me retournant.
Mon frère détourna le regard quelques secondes, puis se rapprocha de moi pour murmurer :
—Je sais que c'est dur, mais il faut que l'on tienne bon.
—Si tu le dis... Accordai-je avec un peu trop de nonchalance pour être crédible.
—Ne fais pas n'importe quoi, compris ? Me conseilla-t-il avec un grand sérieux, sans même tenir compte de ma remarque précédente.
J'hochai la tête en guise de compréhension, le doute refaisant soudain surface. Wal savait-il que j'avais caché les moutons ? Mais lorsque je m'essaya à le faire parler, notre père reparut jusqu'à arriver jusqu'à nous.
Wal retrouva sitôt son sérieux, et de mon côté, je fis quelques pas vers l'arrière, laissant l'espace dont mon frère avait besoin pour se lancer quand mon père commença :
—Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
—Rien de très important... Essaya-t-il avant de changer d'opinion en constatant mon regard insistant : Enfin, peut-être un peu.
—On va pas y rester la nuit Waldemar... Soupira notre père en croisant les bras.
À cet instant, je me demandai s'il ne se doutait pas déjà de ce que voulais lui dire mon frère. Quoiqu'il en était, ce dernier reprit :
—J'aimerais ton accord pour demander Ellena en mariage.
—Ah ! S'exclama aussitôt son interlocuteur avec surprise et surtout incrédulité. Si ça t'amuse de le faire, certes, je ne m'opposerai pas. Mais ne va pas espérer une réponse à ton goût !
Il me sembla voir les joues de Wal s'empourprer de honte, tandis qu'il se tritura les doigts nerveusement. Je me surpris à me sentir très mal pour lui, et j'hésitais à intervenir. Cependant, je n'eus pas besoin de le faire, car mon père continua, d'un ton plus conciliant :
—Wal... C'est peine perdue. Il n'y aurait que très peu de chance que son père accepte, compte tenu de notre situation, ce que je ne peux que comprendre.
—Je sais... Murmura-t-il. Mais...
Waldemar soupira en jetant un regard peiné à notre père. Celui-ci posa alors sa main sur l'épaule de l'aîné de notre fratrie, compatissant. De mon côté, je serrai mes bras contre moi, inquiet.
Le sort n'avait pas fini de nous tourmenter, nous le savions tous très bien.
C'est alors qu'un oiseau de la forêt siffla d'un ton guilleret, me rappelant quelque chose que je ne pouvais pourtant pas oublier.
Nous avions une autre issue, et je comptais bien l'emprunter : je devais sauver ces deux moutons.
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Amphitrite
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Il y a 3 ans
ErwenA
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ErwenA
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