Fyctia
Chapitre 6 - Décision
Après avoir testé tous les emplois accessibles sans qualification, Zoé s’était finalement fait recruter dans un magasin de téléphonie. Elle avait rencontré le gérant, Hakim, via les app et avait eu une rapide relation avec lui.
Depuis qu’ils travaillaient ensemble, une amitié était née entre eux et Hakim suivait l’évolution des relations amoureuses de Zoé comme une télénovela.
Il avait trouvé ses échanges avec Tomas rigolo, puis il l’avait mise en garde contre cette relation.
- Il est peut-être cul de jatte.
- J'ai plein de photos de lui debout.
- Ok, alors il doit être marié.
- Peut-être, mais il m'a juré que non et je ne vois pas comment il pourrait répondre à chacun de mes appels alors qu'il est en couple.
- Méfie-toi de lui. Un mec qui peut t'avoir et qui refuse de te rencontrer, c'est sûr, qu'il n’est pas net. Moi, je serai prêt à habiter en Sibérie pour toi et dieu sait que je déteste le froid.
- Tu aimes bien trop la cuisine de ta mère pour partir si loin.
- Moins que le sexe avec toi.
Zoé rit un peu gênée et profita de l'arrivé de client pour ne pas continuer sur ce terrain glissant.
C’était un samedi pluvieux et la matinée s’annonçait très calme. Zoé finit d’épousseter les vitrines, puis dans un soupir elle déclara :
- Je crois que je dois aller au Canada.
Pour la première fois, Hakim fut d’accord avec elle et ils profitèrent du calme inhabituel de la journée pour l'aider à trouver les billets les moins chers et à planifier son voyage. Pourtant, Zoé n’acheta rien, devant avant tout faire valider cette idée par la personne la plus importante.
Louise était assise en tailleur face à ses exercices de maths posés sur le sol du salon. Zoé la dévisagea plusieurs longues minutes. Elle avait tout prit de son père. Ses cheveux fillasses et blond, son corps arrondie, son intérêt pour l’école. Zoé se félicitait de ne pas avoir marqué sa fille. Elle aimait qu’elle ne lui ressemble pas. Ses cheveux fins étaient ceux de son grand-père paternel, sa peau blanche, elle la devait à des origines suédoises du coté de sa grand-mère. Son corps tout en cercle, elle l'avait clairement volé à son père. Zoé aimait que sa fille ait une histoire. Elle, elle ne connaissait rien de ses origines. Sa peau dorée, ses yeux noirs, ses cheveux bouclés, elle ne savait même plus si c'était à son père ou à sa mère qu'elle les devait, et encore moins dans quels pays ils avaient pioché leur exotisme.
A Tomas elle avait pu dire comme elle était heureuse que sa fille ait une beauté plus quelconque et qu'il soit nécessaire de lui parler pour voir comme elle rayonne.
« Au moins, elle sait que quand on s’intéresse à elle, on s’intéresse vraiment à elle, pas à ses fesses, ses seins ou son image. Quand elle réussie, personne ne pourra mettre en doute son talent ou son travail en lui disant que c'est simplement, car le patron veut la baiser. »
Malgré tout l'amour et tout la beauté que Zoé voyait en elle, Louise elle se détestait. Elle détestait ne pas plus ressembler à sa mère, de ne pas être plus fine, plus belle, elle détestait devenir rouge au soleil et non pas dorée comme sa mère, par-dessus tout elle détestait ses cheveux.
Elle maudissait la terre entière quand sa mère venait la chercher à la fin des cours et que tous, prof comme élèves se retournent sur son passage.
- Arrête de me fixer, gronda Louise sans bouger.
- Je te trouve belle.
Louise se tourna alors vers sa mère avec un regard accusateur.
- Tu es belle Lou, mais ne grandis pas trop vite s’il te plaît.
- Qu’est-ce qui t’arrive.
- Rien.
- Dis-moi !
- Viens, dans mes bras.
- Qu'est-ce qui se passe.
Louise pouvait décrypter la moindre des émotions de sa mère et elle savait quand elle craignait de lui dire quelque chose.
- J’ai très envie de faire quelque chose, mais j’ai besoin de t’en parler et que tu sois d’accord. Zoé resserra ses bras et ses jambes autour du corps de sa fille.
- Le suspense va devenir insoutenable...
- J’ai envie d’aller au Canada.
Zoé lui fit part de son plan. Elle était amoureuse, tant qu’elle n’aurait pas vu Tomas, elle allait continuer à l’être. Elle avait besoin qu’il devienne vraiment réel pour savoir si elle voulait l’attendre, ou s’il valait mieux qu’elle l’oubli. Elle avait aussi très peur qu’il lui ait menti sur sa vie.
- Le réel n’avait pas beaucoup d’importance dans notre relation tant qu’il ne s’agissait que d’un ami. Aujourd’hui, il a pris trop de place dans ma vie et je me demande en permanence comment il est, comment son corps bouge, s’il me dit toute la vérité, s’il n’a vraiment pas de femme… Même s’il ne veut pas, je dois savoir.
Sans que Louise n’ait rien à dire, elle lui expliqua ce qu’elle avait préparé avec Hakim.
- Je pourrai prendre trois semaines de vacances en août quand le magasin ferme. Cette année, tu dois être avec ton père en août... Le problème, c’est qu’avec ce que coûte le billet, je ne pourrais pas nous offrir de vacances en juillet.
- Maman, je n'ai pas particulièrement envie d'avoir un beau-père. Tomas il me plaît bien parce qu'il est à des milliers de kilomètres. Il te rend heureuse sans que j'ai a le supporter. Alors, si tu as envie d'être fixée, prends-toi un billet et va le rejoindre à Montréal.
- Mais, je n’ai pas envie de te laisser.
- Tu ne me laisses pas, je serai avec papa. Par contre, … Je ne savais pas comment te demander, mais je voudrais partir en camps en Italie avec le centre social au mois de juillet... ils proposent un séjour de deux semaines en Calabre pour les ados, j’avais peur que tu refuses, mais comme tu travailleras. Et puis, c’est bien que tu ailles voir Tomas et que tu prennes enfin des vacances justes pour toi. Tu le mérites.
Zoé se sentit reconnaissante tout en ayant l’impression de se faire manipuler par sa fille. Mais surtout, elle était triste de la voir grandir si vite.
- On n’a jamais passé autant de temps séparés...
Louise attrapa rapidement son ordinateur et réserva les billets de sa mère juste après son séjour en Calabre.
2 commentaires
JUSTINE MG
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Il y a un an
blondie.64
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Il y a un an