Fyctia
Chapitre 4 - Dépendance
Après cette soirée, les messages ne s’arrêtèrent plus.
Les premiers temps, Zoé n'écrivait que lorsqu'elle était seule dans son lit et qu'elle n’avait pas trouvé d’homme pour partager les soirées sans sa fille. Il n’était pas toujours disponible, le décalage horaire compliquait leurs échanges. Leurs moments de partage étaient sporadiques, mais ils savaient les rendre sensuels et inoubliables.
Ils jouaient à s’imaginer l’un l’autre dans un même lit, comment elle le caresserait, où il l’embrasserait. Tomas avait une façon de lui écrire, de décrire ; qui lui donnait l’impression de sentir ses mains la frôler, ses lèvres s'écraser sur sa peau et sa chaleur tout contre son corps.
Quand les mots ne suffirent plus, ils commencèrent à s’envoyer des photos d’eux, de leurs corps.
« T'es encore plus belle que dans mes fantasmes » écrivit Tom alors que Zoé se disait la même chose face au nu qu'elle venait elle aussi de recevoir.
Quand la frustration de l’écrit fut trop grande, Tomas l’appela. Le seul son de sa voix chaude et roque retourna le ventre de Zoé. Ils furent gênés les premières secondes, comme s’ils découvraient une nouvelle partie d’eux même, une nouvelle mise à nu. Son accent la faisait rire, pourtant, le son de sa voix, l’accélération de sa respiration dans le combiné, elle brûlait de désir pour lui.
Zoé ne trouva plus autant d’intérêt à chercher de nouveaux partenaires préférant l’assurance d’une jouissance en compagnie de son amant numérique. Ils se fixèrent alors des rendez-vous.
« Louise dort chez une copine Mardi soir. »
« Je suis disponible ce week-end. »
Tomas répondait toujours présent.
D’une discussion lascive et sexuelle, ils en vinrent à parler d’eux. Leurs conversations débordèrent de ces temps intimes pour s’étaler au fil de leurs journées. Des petites pensées qui arrivaient à l'imprévu dans une journée, c'était leurs confidences sur l'oreiller à eux.
Tomas voulait savoir comment s’était passé la visite médicale de Louise, Zoé se demandait si le collègue de Tomas était encore arrivé en retard, Tomas envoyait une photo de sa nouvelle sortie escalade, elle répondait avec une photo d’elle dans le RER.
Sans s’en apercevoir, ils prirent de la place et de l’importance dans la vie l’un de l’autre. Chaque soir, après que Louise soit endormie, Zoé faisait traîner sa soirée en espérant pouvoir lui parler. Tomas l’appelait toujours quand il finissait son travail. Une heure ou deux de conversation téléphonique.
Zoé pouvait pu lui avouer ce qu’elle gardait habituellement secret. La difficulté qu’elle pouvait avoir à supporter sa vie. Son sentiment d'étouffer. De faire un travail qu'elle n'aimait pas, pour un salaire qui lui permettait tout juste de payer toutes leurs factures. Se mettre dans le rouge pour s'acheter des vêtements, et devoir régulièrement compter sur le père de sa fille pour boucler les fins de mois.
Elle avait pleuré en lui avouant avoir peur tous les jours pour sa fille. Peur de la voir grandir. Comment son corps l’avait trahie quand il avait brusquement enflé après que le docteur lui ait annoncé sa grossesse. Elle tremblait de tout son être quand pour la première fois elle s’entendit dire à haute voix que Louise était sa plus belle réussite, mais que si elle en avait eu le choix, elle aurait aimé avorter. Ne pas avoir d’enfants, ne pas avoir de responsabilité, pouvoir fêter ses 18ans comme tous les autres gosses de son âge, pouvoir faire des études, aller en soirée étudiante. Ne pas gâcher sa vie. Jamais Zoé n’avait osé dire ces mots, pourtant avec Tomas, elle savait qu’elle pouvait. Avec lui, pour la première fois de sa vie, elle ne risquait rien.
Il avait été présent pour l’entrée de Louise au Lycée, il avait soutenu Zoé, lui avait tenu compagnie toute la nuit précédente rentrée alors qu’elle n’arrivait pas à dormir trop inquiète que sa fille ne soit pas dans la bonne classe, qu’elle rencontre de mauvaises fréquentations.
Il connaissait tous les amis de Zoé, et ceux de Louise.
Zoé, quant à elle, était informée de l’avancé de la maladie du père de Tomas, et l’épaulait durant tous les rendez-vous médicaux, toutes les chirurgies ou chimios. Il lui disait que c’est grâce à elle qu’il pouvait être fort quand sa mère ne tenait plus.
Elle avait demandé un jour de congé pour l'enterrement du père de Tomas. Elle lui avait parlé toute la nuit précédant l'enterrement allongée dans son lit elle lui disait comme elle avait envie de le serrer fort dans ses bras, comme elle voulait être forte pour lui. Mais aussi, comme elle connaissait et partageait la douleur de perdre un parent et la brutalité de la maladie. Il avait surmonter tout cela avec pour seul réconfort, un appel à Zoé quand il pourrait enfin s’effondrer dans son lit.
Elle était devenue cela, le but de sa journée, son réconfort.
2 commentaires
Jensen Mila
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Il y a un an
Chloézoccola
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Il y a un an