Fyctia
Chapitre IV -2
Je prends une grande inspiration, pose ma main sur la poignée de la porte d'entrée et me jette à l'eau. Il est temps !
— La voilà ! La voilà ! j'entends au loin.
Par-dessus mes lunettes de soleil, j'aperçois l'excitation des paparazzis et les flashs de leurs appareils photo. Mon Dieu ! Ma tante m'a minimisé leur nombre. Ils sont une bonne centaine, entassés derrière la grille. Certains, plus téméraires, se sont même permis de grimper sur le portail en fer pour avoir une meilleure vue. Aucune limite !
Mon regard se porte sur le SUV noir, aux vitres teintées, arrêté dans la cour du chalet. Mes membres se mettent soudainement à trembler et je dois m'agripper à la poignée de ma valise. Mon souffle se saccade à chacun de mes pas vers cette voiture qui va m'expédier en aller simple vers l'enfer médiatique que j'ai dû fuir. Je sais que je ne suis pas prête et si je m'écoutais, je ferai demi-tour et partirais me réfugier dans ce chalet qui a été ma petite bulle depuis des mois.
Mais je sais qu'en faisant ça, maintenant que tout le pays semble au courant du lieu de ma cachette, je ne retrouverai pas pour autant ces sentiments de sécurité et sérénité qui ont bercé mon quotidien.
Je serai autant exposée et traquée qu'a Hollywood et je ferai subir ma vie à ma tante, qui ne le mérite pas.
Je remarque que le chauffeur de la voiture sort du véhicule, le contourne avant de venir ouvrir la portière arrière. Je déglutis, les battements de mon cœur s'intensifient. J'ai l'impression que des poignards viennent le transpercer avec plus de force à chaque pas que je fais. Je suffoque presque. Le chauffeur attrape la poignée de ma valise et résignée, je finis par monter dans le SUV. Je m'installe, mes yeux rivés vers la vitre teintée. Ma tante m'observe depuis la fenêtre et je lui fais un dernier sourire. Je sais qu'elle ne me voit pas pourtant.
Je finis par pivoter ma tête vers l'habitacle. Jagger, mon manager, est confortablement installé sur son siège, son pied gauche posé sur son genou. Ses yeux fixent son téléphone portable alors qu'un deuxième émet des sonneries plus stridentes les unes que les autres. Je prends quelques instants pour le dévisager. Il s'est fait pousser la barbe et je dois reconnaître que ça lui va plutôt bien. Elle lui donne un petit air plus mature. Ses cheveux, coupés courts, se sont éclaircis. Mes yeux s'abaissent sur un costume sur mesure flambant neuf.
— Jagger ?
Pour seule réponse, il lève son doigt, pour me faire patienter, ce qui a le don de m'agacer. Mon Dieu ! Ça fait à peine une minute que je suis revenue à ma vie d'avant que je commence déjà à m'énerver. Je l'observe pianoter sur son appareil à une vitesse folle. Je repense à notre conversation de la veille, quand j'ai dû l'appeler après ma promenade en forêt. Il paraissait si soulagé par mon appel, comme s'il n'avait attendu que ça, ces derniers mois. Mais quand je vois l'accueil qu'il me réserve, je comprends que je me suis trompé. Ce n'est pas pour ma personne qu'il s'inquiétait, c'était pour mon image. Encore et toujours !
— Jag ? je répète.
— Tu permets ? Ça fait un an que je t'attends, tu peux m'accorder une minute.
Cette fois-ci, je souffle. Bordel ! Cette vie ne m'avait vraiment pas manqué. Le chauffeur reprend place derrière le volant et commence déjà sa manœuvre. Mon manager ne s'est toujours pas donné la peine de relever le nez de son foutu téléphone.
Je secoue la tête. Je ne sais même pas ce que je fais là. Je ferai mieux de sortir de la voiture et accepter une vie médiatisée ici, à Wilson. Mon visage se tourne vers la vitre quand nous passons le portail. Les paparazzis se sont écartés pour offrir un chemin et les flashs de leurs appareils ne cessent de crépiter. Je me retourne, observe le chalet par la vitre arrière alors que nous nous éloignons.
— Je ne sais pas pourquoi tu es venu d'exiler ici, j'entends alors.
Mon attention se déporte vers mon manager. Il a enfin posé son téléphone, bien que le second continue à s'affoler.
— Ça me semblait être un endroit calme, je réponds seulement.
Et c'est surtout pour ça que je suis venue ici. J'avais besoin de quitter l'effervescence de ma vie et d'Hollywood.
— Le réseau est déplorable !
Bien sûr ! Suis-je bête ? Le réseau aurait dû être mon premier critère de sélection.
— Je suis désolée, la prochaine fois, je te promets que je trouverai un endroit avec un meilleur réseau.
Sa mâchoire se serre et son regard s'assombrit.
— Parce que tu crois que tu peux te permettre une deuxième fugue ?
Une fugue ? Mais pour qui me prend-il ? Une adolescente de quatorze ans ? Je suis majeure et j'ai le droit d'aller où bon me semble.
Je m'apprête à répliquer quelque chose quand son téléphone se met à sonner. Sans même s'excuser, il décroche et commence sa conversation.
— Oui, c'est bon. Je l'ai réceptionné.
Je manque de m'étouffer quand j'entends la façon dont il parle de moi. Mais je suis quoi pour lui ? Un colis Fedex ? Une commande Uber Eats ? Un mail sans pièce jointe ?
Je secoue la tête, à nouveau navrée par la considération qu'il me porte. Je sens que ce retour est le pire choix que j'ai fait. J'espérais que mon retour serait pour moi l'occasion de faire de nouvelles choses, de montrer ce que je vaux véritablement, de montrer aux autres que je peux être bien plus que Kim-Rose Lockhart...
Mais j'ai peur que mon retour me ramène directement dans l'univers que j'ai fui il y a un an....
13 commentaires
Bitch flemme
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Il y a 2 ans
Marion8820
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Il y a 3 ans
Mellyturtle
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Il y a 3 ans
LaurieEschard
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Il y a 3 ans
Sima Moon
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Il y a 3 ans
LaurieEschard
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Il y a 3 ans
livtyalecture
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Il y a 3 ans
LaurieEschard
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Il y a 3 ans
CindyFanDeLaurie
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Il y a 3 ans
LaurieEschard
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Il y a 3 ans