Une loutre qui écrit Inflamed Melody Chapitre 1.2

Chapitre 1.2

Terry m'adresse un regard amusé et condescendant tandis que sa compagne éclate de rire. Je me renfrogne, vexée.


- Écoute Cinder, tu es excellente pour chauffer une salle, tu as une connexion avec la foule peu commune mais de là à te laisser composer... disons qu'il faut encore que tu fasses tes preuves.


Le combo gagnant : des compliments suivis d'une petite dose d'infantilisation qui clôt la discussion. Encore une fois, je me heurte à un mur. Je pince les lèvres et me retiens de leur faire remarquer que je fais mes preuves depuis près de trois ans maintenant, les remerciant à la place.

Je quitte le bureau de mauvaise humeur. Tout les bienfaits de mon passage sur scène se sont évaporés sous la frustration, la colère et la déception. Un cocktail dangereux.


Je retrouve ma voiture sur le parking des employés. Une fois à l'intérieur, je jette mon sac à dos sur le siège passager et frappe le volant du plat de la main. La violence ne résout rien, mais ça défoule. J'agrippe le cuir et pose mon front entre mes mains. Une boule gonfle dans ma gorge, mélange de larmes, de peur et de lassitude. J'allume le moteur et amorce la manœuvre en serrant les dents.


Pour la première fois depuis quatre ans, je me demande si je n'ai pas fait une erreur en quittant l'université. C'est vrai que je n'étais pas heureuse mais je ne le suis pas vraiment plus maintenant. La différence est minime. Elle se tient dans la fin de la tutelle de ma tante et ce métier que j'aime malgré tout.


Je m'engage sur la route et remonte vers Beverly Hills où se situe la demeure familiale que j'occupe avec mon chat. La ville, qui ne dort pas beaucoup, s'anime à la lueur de la lune. La chaleur a été écrasante durant la journée, la fraîcheur de la nuit est la bienvenue. J'ouvre une fenêtre et apprécie la brise qui m'effleure les joues.


Le retour est tranquille. Les pneus crissent sur les graviers de l'allée qui mène au garage. Le portail automatique se referme silencieusement dans mon dos alors que je m'avance vers la porte. Je fais tourner la clé, désactive l'alarme et pénètre dans la grande entrée. Mon premier réflexe est d'allumer la lumière. Toutes les lumières.

J'habite seule depuis que j'ai quitté la tutelle de ma tante à dix-huit ans, dans la baraque de mes parents. Payée avec leur premier gros salaire après leur mariage, résultat du contrat où ils s'engageaient à vendre leur vie entière, et la mienne par extension. Dire que je ne leur en veux pas serait mentir. Mais peut-on en vouloir à des morts ? J'estime que, passé sept ans, il y a prescription non ?


J'avance dans la maison, descend les trois petites marches qui séparent l'entrée du salon. Mon canapé me tend les bras. J'étouffe un bâillement dans ma main. Avant, il faut que je grignote un truc.

Grâce à un tir parfait, ma veste atterrit sur un amas de plaids multicolores qui jonchent mon canapé. Plaids qui réagissent à l'arrivée du projectile avec un miaulement outré. La petite tête ébouriffée de mon chat surgit du tas de couverture pour un nouveau miaulement mécontent.


- Pardon Sinatra !


Ma voix, éraillée par les fumigènes et les cris, me fait mal. J'ai la gorge en feu et l'estomac dans les talons. Pendant que je le dirige vers ma cuisine ouverte, le félin s'étire puis se pose sur son derrière pour commencer sa toilette. Je crois que l'outrage est déjà oublié.


J'ouvre plusieurs placards et finis par opter pour un sachet de pâtes chinoises instantanées. Rapide, efficace, que demander de mieux. En attendant que l'eau soit prête, j'ouvre les nouilles puis sirote un verre d'eau qui apaise ma gorge irritée. Une petite boule de poils noirs vient se frotter à mon mollet. Je me penche pour lui gratter le sommet du crâne. Il veut manger et me le fait bien comprendre en poussant un long miaulement.


Je pose le verre sur le plan de travail et récupère sa gamelle que je remplis de pâté avant de la lui présenter. Il me remercie d'une léchouille sur la main. Au même moment, le bruit de la bouilloire ayant fini, claque dans le silence de la maison. Je verse l'eau bouillante dans mon bol où flotte les nouilles puis me saisis d'une fourchette et pose le tout sur un plateau que j'emporte dans la chambre. Il est plus que temps que je pose mes fesses devant une série quelconque. Sinatra me suit dans l'escalier et se roule en boule à côté de moi quand je m'installe sur mon lit.





Tu as aimé ce chapitre ?

3

3 commentaires

RomyMancini

-

Il y a 2 ans

Très jolie début, purée le chat, les nouilles, une série on dirait moi mais sans la maison luxueuse et le talent pour la musique 🤣🤣

Ophidia

-

Il y a 2 ans

Eh bien comme quoi parfois les ricochets d'histoire en histoire amènent à de belles découvertes ! Sans ton commentaire sur mon histoire je ne serais sans doute jamais tombée sur ma tienne et je n'aurais pas pu découvrir ta plume vraiment sublime !

RomyMancini

-

Il y a 2 ans

Tout à fait d'accord 🥰
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.