Aithioperia EDEN Fuites

Fuites

Alors que la file de voitures traversait le désert, tout le monde se demandait ce qui allait nous arrivait. Pour ma part, je lisais car c'était toujours ce que je faisais pour me changer les idées.


Le trajet fut long et assez périlleux. Lorsque la nuit tomba, nous nous arrêtâmes près de nos frontières où nous installâmes notre campement. Les blessées furent achevées, les mina ne s'encombraient jamais des handicapés, si l'une d'entre nous était ou devenait trop faible, elle était tuée. Voilà pourquoi je ne montrais jamais de faiblesse.


Depuis toute petite, on m'avait enseigné, moi encore plus que les autres, que la faiblesse n'avait pas sa place chez nous. Même lors de nos entraînements, beaucoup de jeunes mina avec qui j'avais grandi avaient perdu la vie lors des combats ou dans les pièges.


Pas de pitié pour les faibles. Nous étions désormais au nombre de cent dix mais nous étions quasiment les meilleures guerrières qui existent. La qualité valait mieux que la quantité.


La reine attendit la fin de l'enterrement où personne ne pleura, les amazones ne pleuraient jamais sous peine d'être puni ou banni, elle nous dit :


- Je sais que vous êtes bouleversés mais vous devez vous reposer ! Même si je sais que vous pensez que je suis devenu folle, je n'ai nullement l'intention de m'allier aux hommes ! J'ai ressenti quelque chose de grave dans ce combat qui a échappé à vos sens, ce qui est tout a fait normal ! Je dois prendre contact avec la Dahomey et je ne peux plus le faire d'ici ! Les hommes sont nos ennemis et ça, ça ne changera pas !


La Dawa était toujours radicale, quand il y avait un problème, elle le faisait disparaître. Elle avait l'intention d'accorder une trêve aux hommes mais nous savions toutes qu'ils mourraient aussi de nos mains dès la fin de la guerre.


Demain, nous allons pénétrer chez eux et combattre les Autres avec leur aide puis dès le moment où nous gagnerons cette guerre, nous les exterminerons tous s'ils s'en prennent à nous ! Je veux que tout le monde prépare sa plus belle tenue et ait une apparence parfaite ! Bonne nuit.


Dès que la reine quitta les lieux, je sortis discrètement du campement, je ne pouvais dormir dans un lieu sans avoir au-préalable visité les alentours. Je courus dans la forêt noire sans me préoccuper des bruits qui m'entouraient, je savais que tant les animaux étaient là, j'étais en sécurité car ils étaient toujours en premiers à sentir le danger.


Je sortais courir dès que je le pouvais car c'était les rares moments où je me sentais libre et presque heureuse. J'aimais être seule, après tout, je ne pouvais pas me faire du mal à moi-même sauf si je le décidai consciemment.


Aussi lorsque je remarquai avec quelques secondes de retard qu'un silence pesant avait commencé à régner dans la forêt, je m'arrêtai aussitôt. Je fermai les yeux afin de sonder les environs et fut percuter par une puissance si grande que je crus tout d'abord rêver mais le fait qu'elle se déplaçait vers moi, m'assurai qu'elle était bel et bien réelle.


C'était vivant et rapide. Très rapide. Ce pouvoir était si grand que même que les dirigeantes rassemblées ne dégageaient pas autant d'énergie. Celui ou celle qui me suivait était puissant, si fort que je me mis à courir en prenant conscience du grand danger, je n'avais aucune chance contre lui.


Soudain je vis un ombre me dépasser et je freinai brusquement face à un être étrange. Au début, son visage était caché par l'obscurité mais peu à peu, lorsqu'il s'avança vers moi, la lune l'éclaira.


J'écarquillai les yeux, subjuguée par ce que je voyais. Un homme. Un vrai homme. Je n'avais jamais vu dans la vraie vie. Je lisais beaucoup donc je tombai parfois sur des illustrations les représentant. Mais c'était des ouvrages écrits par des mina et cela n'avait rien à avoir avec ce que je voyais.


Cet homme était aussi noir que ma peau était blanche. Ses cheveux bruns contrastaient aussi avec les miens, blonds. Ses yeux me rappelèrent le ciel en plein orage, un gris étrange. Comme du métal. Oui, du métal. Il était beaucoup plus grand que moi, je me sentis minuscule.


Il eût un mouvement de recul et rompit le charme qu'il avait sur moi mettant fin à l'hypnose. J'en profitai pour m'enfuir. Je fus soulagé de ne pas le sentir me suivre et me dépêchai de rejoindre mes camarades, là où je savais que j'étais en sécurité, loin de lui.


Lorsque je m'allongeai, je tentai vainement d'oublier toutes les émotions qui m'avaient envahie et ces yeux qui m'avaient donné l'impression d'être frappé par la foudre d'un seul regard. Clara qui partageait une cabine avec moi me demanda lorsque je m'installai :


- Où étais-tu ?


- J'ai rencontré un mâle, chuchotai-je en me recroquevillant contre moi.


- Quoi ? Quand ? Où ? Tu lui as parlé ? questionna-t-elle en se levant rapidement.


- Dans la forêt, je ne l'avais pas sentie arriver, je suis partie en courant, marmonnai-je en fermant les yeux, bonne nuit Clara !


Je préférai couper court à la conversation afin d'éviter le genre de remarque désagréable qui finissait généralement par des insultes envers ma mère.


- Qui l'aurait cru, ça ne m'aurait pas choqué que tu t'en fuis avec lui après tout c'est ce que ta mère a fait, dit Lara en riant, on dirait bien que j'ai une bonne influence sur toi !


Je ne répondis pas. De toute façon, Clara comme toutes les amazones ne me voyaient que comme un traître après tout je venais d'une mère qui l'était. Je me mordillai la lèvre, je détestais les Hommes, ma mère et les amazones, je n'aurais jamais dû naître...

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