Fyctia
Chapitre 2
8 août 1983
A 12 ans, Virginie joue encore avec sa petite sœur à la poupée mannequin. Et cette grande rêveuse ne manque jamais d’inspiration quand il s’agit pour elle de s’inventer une vie d’adulte. Forcément sa Barbie a toujours la chance de rencontrer le prince charmant au doux prénom de Ken. Ils vivent heureux et ont beaucoup d’enfants !
La fillette a une fois de plus bien profité de ses vacances dans son village familial mais depuis deux jours, la fête foraine bat son plein avec ses manèges dans la rue principale et le jardin public, mais également de nombreuses autres animations ainsi qu’un bal chaque soir. La musique s’entend alors à des kilomètres à la ronde et ce sont des orchestres qui reprennent tous les tubes de cette époque. L’ambiance est au top !
Mais cet après-midi, un homme des environs s’est installé un stand avec des poneys. Et contre quelques francs, il offre l’opportunité aux enfants et jeunes ados de faire une balade sur le dos de ses animaux. Nous sommes à une époque où il n’y a encore pas tous ces centres hippiques donc toute la jeunesse est au rendez-vous. Pour l’aider, il a un ou deux garçons à peine plus âgés que les clients qui tiennent la longe des chevaux pour les guider durant la promenade.
Virginie, sa sœur et son cousin sont tellement enthousiastes que leurs parents leur offrent un tour. Si la fillette n’est pas très à l’aise face à l’animal, elle est tout de même fière de monter ce Sheytland à la robe alezan tacheté de blanc. Mais la timide ressent une certaine gêne quand le garçon qui a en charge de tenir l’animal commence à guider le poney dans les ruelles ? Bien sûr, ils ne sont pas tout seuls. Devant, il y a d’autres montures. Virginie est très timide et lorsque son regard croise les beaux yeux bleus du garçon, elle n’est pas insensible à son charme. Lui aussi se retourne souvent pour l’observer. A la base, elle pensait simplement qu’il surveillait si elle se tenait bien sur sa monture, mais peu à peu elle doute… La femme qui est encore endormie en elle sent toutefois son cœur s’accélérer sans vraiment en comprendre la raison. Par endroit, l’espace est un peu étroit pour que les poneys puissent passer sans difficultés. Mais quand son guide lui fait un sourire, quelque chose de fort se passe à cet instant. Bien sûr, un peu candide, elle ne se l’explique pas mais cette sensation est tellement forte. Plus tard, elle l’expliquera comme étant un véritable coup de foudre. Cupidon aurait-il lancé une flèche ?
C’est à ce moment-là, que le garçon choisit d’engager la conversation :
– Si tu veux, on pourrait faire une plus grande balade.
Hein ? Comment ? Elle n’en revient pas, non seulement le garçon lui a parlé mais pour lui proposer de rallonger cette promenade, c’est possible ? Mais la suite ne va pas manquer de la déstabiliser.
– Oui, si tu me laisses monter devant toi sur le cheval, je t’emmène dans la garrigue.
A cet instant, celle qui passe son temps dans les romans à l’eau de rose de son âge est subitement en émoi. Son imagination l’entraîne alors sur une image des plus époustouflantes : son prince charmant ayant à peine une quinzaine d’année qui enlèverait sa belle sur le dos d’un magnifique étalon. Ils galoperaient dans les collines de La Moure qui se situent à quelques kilomètres du village… Mais la réalité s’impose à nouveau à Virginie quand elle entend son guide se faire réprimander. En effet, durant la première partie de la promenade, tous les poneys avançaient pas à pas, les uns derrière les autres. Mais pour tenter de la séduire, le pseudo prince charmant a pris du retard et le poney comme s’il était de mèche, s’est arrêté, semblant lui aussi attendre une réponse.
Le fait de s’être fait interpeler par son patron, évite à la jeune fille une quelconque réponse. Heureusement, car aussi surprenant que cela soit, l’envie de lui dire oui l’a tentée, l’espace d’un instant.
Elle gardera à tout jamais un souvenir unique de cette expérience hippique.
Le plus amusant dans ces villages, c’est que tout se savait très vite. C’est ainsi qu’en questionnant quelques membres de la famille, Virginie a rapidement su comment s’appelait le jeune garçon car il habitait le même quartier que l’un de ses oncles.
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Les années ont passées. Pendant les vacances, l’adolescente arbore désormais de nouvelles tenues et quelques garçons croisés dans le village, lui font comprendre qu’elle est à leur goût. Si elle se sent flattée, elle ne bronche pas car ils ne l’intéressent pas. Par contre ce fameux Damien, qu’elle voit de temps en temps, lui… il a du charme. Comme elle, il a grandi et se déplace désormais en mobylette. Et s’il semble assez timide, en revanche, avec le pot d’échappement de son engin, il ne passe pas inaperçu.
Dans la famille beaucoup ont remarqué la manière que tous les deux ont de se regarder chaque fois qu’ils se croisent et cela apporte son lot de moqueries. Mais Virginie s’en fiche car comme le chantait si bien Dorothée à cette époque : « ouh la menteuse, elle est amoureuse ! ».
Petit à petit durant les vacances scolaires, ils prennent l’habitude de se voir, ou de se croiser au café autour du babyfoot, ou dans le jardin public en plein centre du village. C’est en effet le lieu de regroupement de toutes les générations pour jouer à la pétanque. Mais les deux adolescents sont timides et hormis se manger des yeux, ils n’osent rien entreprendre.
18 juillet 1987
Quatre ans s’est écoulé depuis leur première rencontre au milieu des poneys. Désormais, ils se parlent et ont même réussi à avoir un groupe d’amis en communs. Virginie les retrouve chaque été pour boire un coup, s’amuser et faire les pitres. Tous sont au courant qu’ils ont un crush mais comme ils ne tentent rien, les autres s’en amusent d’autant que Damien vient d’avoir 18 ans. Il est apprenti dans une petite entreprise de sérigraphie tandis que mademoiselle va sur ses 16 ans et vient d’entrer en BEP afin de devenir secrétaire. Tous deux n’ont plus autant de vacances et devenir adultes les effraient un petit peu.
Mais en Damien, Virginie voit clairement le Ken qui lui donnera de beaux enfants. Hélas, ils n’en sont pas encore là. Elle a beau avoir fait des efforts vestimentaires et paraître plus femme, le jeune homme est horriblement réservé. Il s’est apparemment vanté à tous ses potes, qu’il veut sortir avec elle, mais voilà, il n’ose pas. En aucun cas, la jeune femme ne fera le premier pas, c’est contraire à ce qu’on lui a inculqué. Merde alors ! Ce soir-là, c’est après quelques bières ingurgitées que les autres décident de les laisser seuls. Tous deux demeurent assis sur le muret un petit moment en silence. Virginie a le cœur qui bat si fort tandis que ses mains sont toutes moites. Elle rêve autant de ce smack que de fuir.
De son côté, monsieur n’est pas fier. Or, boire un coup semble lui avoir redonné un semblant de courage. Il tourne alors sa tête vers elle tandis que leurs regards se collent l’un à l’autre.
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Chris Vlam
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Il y a un an
Lorène&Estelle
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mamiejo37
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La Plume d'Ellen
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Jess Swann
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