Cléoda Iseth Un hiver mouvementé Chapitre 4.1 : Il

Chapitre 4.1 : Il

Les portes de l'ascenseur de verre s'ouvrent sur mon rayon de soleil matinal.


— Monsieur, vous êtes encore en retard, soupire Sam, en m'accueillant à la sortie.


Vêtue d'un tailleur orange qui se confond avec ses cheveux, elle éclate au cœur de l'étage qui m'est réservé. Ses talons hauts claquent contre le carrelage qui recouvre le couloir entièrement vitré et surplombe la banlieue parisienne. Après la pluie de la veille, la brume a repris ses droits et masque les décorations lumineuses accrochés à tous les lampadaires de la ville pendant la nuit.


— Je sais. Café ?


Ma secrétaire me tend un expresso sans sucre et avec une pointe de lait, celui que je bois tous les matins depuis plusieurs années. Je le hume comme un bon vin et des arômes satisfaisant de cacao et de terre envahissent mes narines.


— Planning ?


Nous entrons dans mon bureau de la même taille que mon dressing et complètement ouvert sur le monde, aucun mur, seulement des baies vitrées. Transparence et accessibilité, deux valeurs qui me tiennent beaucoup à cœur et représentent mon entreprise.


— Vous débutez votre matinée par un rendez-vous avec Monsieur Sunshine pour une demande d'investissement dans le domaine des énergies renouvelables.


Je m'assois sur mon fauteuil en cuir et ouvre l'ordinateur portable ultra fin reposant sur la table en verre. Plus de deux cent mails m'accueillent. Si Monsieur Sunshine n'était pas un ami de mon père, je n'aurais jamais reçu ce pitre.


— Ensuite, vous avez une réunion avec le VP finance, puis vous enchaînez avec la VP com. Votre père veut déjeuner à vos côtés aujourd'hui. Pour cet après-midi, vous avez un meeting avec le board sur les dernières courbes de productivité et de vente de nos produits et enfin squash avec les PDG de CookingMania et TheBestGame, énumère-t-elle.


Je sirote une gorgée de mon café Robusta, bien moins prisé que l'Arabica, et pourtant dont le goût persiste plus longtemps en bouche et s'avère beaucoup plus corsé que le soi-disant meilleur café au monde. Toutefois, aujourd'hui à la mention de mon rendez-vous avec le conseil d'administration de l'entreprise, l'amertume des fèves de café broyée ne suffit pas à effacer l'âpreté de leur visite. Confronter ses actionnaires, une vraie plaie qui ne se referme jamais.


— Dossier ?


Elle me tend la pochette résumant le projet de startup de Monsieur Sunshine, Sun&Ole, où la créativité à l'état pure.


— Votre mère a également appelé. Elle souhaiterait que vous portiez plus de considération à Elise.


Mes sourcils se froncent à la mention de ma belle-mère et de ma foutue fiancée dans la même phrase. Deux femmes aux dents encore plus longues que les grands requins blancs que j'affronterai cet après-midi.


— Sam, combien de fois t'ai-je dit de ne plus lui répondre ? murmuré-je, agacé par cette nouvelle.


— Je sais, Monsieur, mais Madame de la Framboisière a fortement insisté et dans son dernier message, elle a dit, je cite que si je ne décrochais pas elle viendrait vous voir en personne et que si vous ne montriez pas un tant soit peu d'intérêt pour Elise, elle vous déshériterait. Aussi, il m'a semblé important de vous en informer.


Mon nez se plisse à ses mots. Ma belle-mère, que je suis obligé d'appeler mère, a décidé de me pourrir la vie jusqu'à sa mort. Et quelle bonne idée ne l'a pas frappé pendant l'été ? Me marier à sa stupide fille ! C'est la seule femme que je jure de ne jamais me taper. Elle me donne juste envie de vomir. Et mon lâche de père qui approuve. Putain de famille recomposé.


— Je vois, merci, Sam. Je te laisse te charger d'Elise. Rend la folle, ajouté-je, un sourire mesquin collé au visage.


Hors de question que je plie face à ces deux pestes.


— Avec plaisir, Monsieur.


Ses lèvres rouge sang s'étirent et elle quitte mon bureau pour le sien situé à côté de l'ascenseur. Samantha ou la secrétaire parfaite sur cette planète. Je n'aurais jamais pu trouver mieux. Elle possède toutes les qualités requises. Pulpeuse et flamboyante, avec sa chevelure ondulée rousse qui lui confère un côté sauvage, les hommes ne désirent qu'une chose la dompter. Elle fait ressortir leur côté dominant et les attire comme le pollen captive les abeilles. Et une fois séduits, ils se montrent bien plus faciles à manipuler. Elle me facilite grandement la tâche, une des nombreuses raisons pour lesquelles elle m'est inestimable.


Depuis que je l'ai embauchée, les négociations n'ont jamais été aussi fructueuses. De plus, elle gère parfaitement Elise en la rendant jalouse à l'extrême. Contrairement aux autres femmes, elle sait garder ses distances. Elle ne se montre jamais invasive et connaît mes habitudes par cœur. Et cerise sur le gâteau, elle est lesbienne et ça, eh bien, ça n'a pas de prix.


Je me rappellerai toujours le jour où je l'ai découvert pour la première fois. J'enchaînais les secrétaires qui ne voulait que me baiser à la pelle. Je me les tapais, après qu’elles aient démissionné d’un commun accord bien sûr. Aucune ne correspondait à mes critères jusqu’à l’arrivée de la provocante et sulfureuse Samantha rencontrée il y a maintenant bien un an et demi.


Je salue Samantha en passant les portes de mon ascenseur privé et appuie sur le bouton « Parking ». Ça fait trois jours que je l'ai prise et pour l'instant, elle me semble la secrétaire idéale. Elle n'a rien tenté et c'est plus que positif. Autre point jouant en sa faveur, c'est une vraie bombe et elle n'a pas commis une seule erreur. Elle apprend vite et bien. Je n'ai pas à me répéter et elle gère mon planning d'une main de maître. Une vraie fée de l'organisation et une magicienne de la gestion. Mon téléphone vibre et le nom de mon père s'affiche sur l'écran. Je décroche à contrecœur.


— Je ne pourrais pas te voir.


Sans un bonjour ou un au revoir, la ligne coupe. L'ascenseur sonne et je sors dans le souterrain tout à coup bien glauque. Les conversations avec mon père ont toujours été brève et droit au but. Pourquoi s'encombrer de politesses avec son fils unique ? Il a déjà pris le temps d'appeler, ce n'est pas rien, raillé-je intérieurement.

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7 commentaires

Mary Cerize

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Il y a 4 ans

On s’y croirait journée chargée et vive en émotion dis donc

Cléoda Iseth

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Il y a 4 ans

Merci ^^

Princilia Daci

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Il y a 4 ans

Humm la petite remarque sur le café arabica, c'est de la provocation 🙄🙄🤣... Mais sinon, un extrait très sympathique à lire. Plus qu'à attendre la suite 😊

Cléoda Iseth

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Il y a 4 ans

Ahah mais non il n'est pas du tout dans la provocation 🤣 La suite pour demain, merci de ta lecture 😉

Isabelle-Marie d'Angèle

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Il y a 4 ans

J'aime beaucoup les chapitres IL, ou Elle. J'attends la suite.

Cléoda Iseth

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Il y a 4 ans

Merci beaucoup :)

Cléoda Iseth

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Il y a 4 ans

La suite arrivera demain ^^
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