Fyctia

_Coucou ! Me salue Kaitlyn lorsque j’arrive. Alors, ce cours avec Brandon ?

Ah oui, c’est vrai. Pendant un moment, j’ai complétement oublié que je leur en avais parlé.

_Bah comment dire…

_Il n’est pas venu ? Me demande Alli.

_En fait, ce n’est pas lui à qui je dois donner des cours, j’avoue avec gêne. C’est Liam.

Un ange passe avant que les filles n’explosent de rire.

_Quoi ? S’exclame Kaitlyn en essayant de se calmer. Tu es en train de nous dire que tu as fait tout ça pour rien ?

J’hoche la tête et voilà qu’elles rigolent de plus belle. J’attends patiemment qu’elles se calment avant de continuer.

_Bref, j’ai discuté avec Liam et visiblement, le Aiden avec qui tu sors est bien le même Aiden qui est ami avec mon frère.

_Oui, acquiesce Kait. Je l’ai vu tout à l’heure et il était surpris d’apprendre que nous étions amies.

_Et vendredi soir, il était avec toi, non ?

_Oui, on est allés au cinéma. Il a même préparé un pique-nique romantique sur la plage pour nous deux, souffle-t-elle, les étoiles pleins les yeux.

_C’est bizarre, Brandon m’a dit que mon frère était avec Aiden pile à ce moment-là.

_Il s’est peut-être trompé, suggère Alli.

_Peut-être. Mais j’ai quand même l’impression qu’ils cachent quelque chose.

Je leur raconte alors la fois où Jaden est rentré blessé et la conversation que j’ai surprise entre Liam et Brandon.

_C’est vrai que c’est louche, confirme Alli lorsque j’ai fini.

Nous continuons à discuter un moment mais, contrairement à ce que j’espérais, Kaitlyn n’est pas plus informée que moi. Elle me promet cependant d’enquêter de son côté et nous regagnons nos cours.

***

Quelques heures plus tard, je rentre enfin à la maison. Lucas dort chez son ami Arthur et Jaden et Brandon ne sont toujours pas là, j’ai donc la maison pour moi seule.

Je décide d’en profiter et monte me faire couler un bain.

En rentrant dans l’eau chaude, je pousse un soupire de soulagement. Le stress de ces derniers jours semble s’évacuer comme par magie. J’attrape un livre et commence à lire lorsque des bruits de pas me parviennent.

Je me fige et tend l’oreille. Peut-être que j’ai mal entendu ? Mais de nouveaux pas se font entendre. Le cœur battant la chamade, je sors de la baignoire et enfile mon peignoir.

Jaden m’a dit qu’il ne rentrera pas avant plusieurs heures et je suppose que Brandon aussi.

Je sors de ma chambre et descends les escaliers sur la pointe des pieds. C’est idiot, je sais, mais je ne suis pas connue pour prendre de décisions intelligentes. Arrivée en bas, je reste immobile et tente de repérer où est l’intru. Mais, en plus de ne plus rien entendre du tout, je remarque des petites taches rouges qui maculent le sol.

Je me fige et commence vraiment à paniquer. J’ai l’impression d’être dans un film d’horreur et je n’ose pas me retourner, de crainte que quelqu’un soit derrière moi. Les taches de sang forment un chemin qui s’éloigne en direction de la cuisine. L’intru, peut importe qui il est, est vraisemblablement blessé. Pas le moins du monde rassurée par cette information, j’attrape le premier objet qui me tombe sous la main (à savoir, un cadre photo) et continue d’avancer vers la cuisine.

Une fois devant la porte, j’hésite. J’ai peur de ce que je vais trouver mais je ne me vois pas tourner les talons et continuer à me prélasser comme si de rien n’était. Une idée germe alors dans ma tête : la police ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Ça semble plutôt évident qu’il faut avertir la police !

Maudissant mon manque de réflexion et ma stupidité, je commence à rebrousser le chemin sur la pointe des pieds.

Je n’ai pas fait trois pas que je sens mon pied glisser sur une flaque de sang et, avant même de comprendre ce qu’il se passe, je tombe avec la grâce d’un hippopotame. L’intru doit m’avoir entendue puisque l’instant d’après, la lumière s'allume et m’éblouie.

_Brooke ?

Je relève la tête et vois Brandon, une main sur l’interrupteur et l’autre sur son épaule, qui me dévisage, mal en point.

_Brandon ? Je m’exclame, choquée.

Surprise, j’en lâche la lampe qui me servait d’arme et elle s’écrase sur le sol.

_Aïe, je souffle lorsqu’un débris de verre m’entaille légèrement la main.

La goutte de sang qui commence à se former me rappelle alors le liquide rougeâtre qui parsème le sol.

Je m’aperçois que Brandon saigne, ou devrais-je dire pisse le sang. De ce que je vois, il y a une vilaine blessure à l’épaule et plusieurs entailles et bleus sur le reste de son corps. Il a perdu beaucoup de sang et est pâle.

_Oh mon dieu, je souffle. Comment tu t’es fait ça ?

_C’est rien, m’assure-t-il en essayant de cacher ses blessures.

La dernière fois que j’ai vu autant de sang, ça ne s’est pas très bien fini. L’image du corps sans vie de Lana me revient à l’esprit et je dois lutter pour garder le contrôle.

Je parviens à me relever et rejoins Brandon.

_Comment ça, « c’est rien » ? Tu as vu ton état ?

_T’inquiète pas, je me suis juste battu.

Je ne l’écoute même pas, dressant un inventaire de ses blessures. En regardant de plus près, elles sont moins graves que ce que je pensais mais il faut arrêter le saignement et ce n’est pas la pauvre serviette que Brandon presse contre son épaule qui va aider.

_Suis-moi, je lui ordonne.

Étrangement, il ne dit rien et m’emboite le pas. Nous remontons l’escalier et je le surveille d’un œil vigilant, craignant qu’il ne perde connaissance.

Je l’entraine dans ma salle de bain et l’oblige à s’asseoir sur le rebord de la baignoire qui est d’ailleurs toujours remplie d’eau.

_Ne bouge pas.

_Oui, cheffe, répond-t-il d’un ton railleur.

S’il a retrouvé la parole, c’est qu’il ne doit pas être si mal en point. Je fouille dans mon placard et en sors des bandages et de quoi désinfecter.

_Déshabille-toi.

Brandon hausse un sourcil.

_Moi qui pensais que tu voulais attendre un peu avant de sauter le pas…

Je rougis devant son allusion et le rembarre aussitôt.

_Très drôle, Brandon. Maintenant, enlève ton tee-shirt pour que je puisse te soigner.

_Comme tu veux, me répond-t-il en s’exécutant.

Mon cœur s’emballe à la vue de son torse musclé. Mais ce n’est pas le moment de baver devant ses abdominaux. Même s’il plaisante et essaye de faire comme si tout va bien, il reste blessé.

Je m’attaque à son épaule et la désinfecte. Brandon siffle de douleur mais ne bouge pas.

_Désolée, j’ai oublié de te prévenir que ça risque de faire un peu mal.

Je désinfecte et bande chaque de ses blessures avec soin. Heureusement, aucune d’entre elles ne semble être trop profonde. Pendant tout ce temps, Brandon reste silencieux et m’observe travailler.

_Il ne reste plus que ton visage, je déclare alors.

Il n’y a que quelques égratignures mais ça serait dommage qu’elles laissent des cicatrices…

_Fais attention, c’est mon principal atout.

Je lève les yeux au ciel, amusée, et nettoie une plaie sur sa lèvre inférieure. Il lève son visage vers moi pour me faciliter la tâche et je surprends son regard se poser sur mes lèvres à moi…