Maena Morgan Ignore-moi Chapitre 16

Chapitre 16

Nous nous rendons dans le magasin le plus proche.

Hugo semble être un habitué et il m'amène directement aux rayons qui nous intéressent.


_On peut prendre une baguette de pain, me propose-t' il.


Il pense sans doute me faire plaisir mais le pain en question n'a de baguette que le nom. Elle est bien loin que l'on trouve partout en France.

Pour ne pas le décevoir, j'accepte en feignant d'être ravie. Nous continuons nos courses et achetons rapidement tout ce dont nous avons besoin.


La plage est très calme lorsque nous arrivons. Quelques couples se promènent main dans la main et des enfants s'amusent à éclabousser leurs parents. Je suis Hugo jusqu'à un endroit un peu éloigné des autres personnes.


_Tu as pensé à tout, je remarque impressionnée, lorsqu'il installe une serviette sur le sable.


On s'assoit dessus et Hugo sort nos courses de son sac. J'attrape le sandwich qu'il me tend et me jette dessus.


_Hum, ça fait du bien de manger, je soupire de contentement.


Hugo acquiesce en m'imitant.


_Tu viens souvent ici ? Je demande, curieuse.


_Oui, mais surtout le matin. J'aime bien courir sur la plage lorsque le soleil se lève.


_Ça doit vraiment être magnifique.


_C'est le cas. En plus, il n'y a presque jamais personne donc c'est très apaisant. Tu devrais venir avec moi un de ses jours.


_Pourquoi pas, ça me changerait des routes bitumées de Paris.


_Tu dis ça, mais c'est l'une des plus belles villes au monde, s'étonne Hugo.


_C'est vrai, mais ça ne vaut pas la mer. Et puis, les rues sont vraiment sales, je grimace, me remémorant les poubelles que je trouvais parfois sur mon chemin.


Mon ami semble dubitatif.


_Regarde, je lui montre sur mon téléphone. C'est une photo que j'ai prise il y a environ six mois.


On peut y voir un amoncellement de poubelles dans une rue.


_Je ne voyais pas Paris comme ça, s'exclame-t-il, horrifié.


_Et pourtant, je soupire. Mais Paris a aussi des bons côtés.


Je fais défiler des photos de monuments incontournables comme l'emblématique Tour Eiffel mais aussi de mes lieux préférés. Hugo est admiratif.


_Waouh, c'est vraiment beau !


Je hoche la tête, pas peu fière. Malgré ses aspects négatifs, la capitale française reste néanmoins ma ville natale et je l'aime inconditionnellement.


_Ce sont tes amis ?


Je baisse les yeux sur mon téléphone. Il s'agit d'une photo de mes amis et moi, attablés dans un café. Je suis assise entre Jules et Lana et on peut voir Enzo et Chloé se disputer une part de gâteau. Fabien est au premier plan, il avait pris un selfie de nous tous sans qu'on s'en rende compte. Je nous contemple, nostalgique. C'est l'une des dernières photos qu'on a prises ensemble. Je me rend compte à quel point Lana semble seule. Malgré son sourire, j'arrive à discerner son regard vide, chose dont je ne m'étais pas rendue compte. La culpabilité refait surface. Si je m'en étais rendue compte plus tôt, aurais-je pu l'aider ?


Comme toujours lorsque je pense à elle, à eux, mon cœur se serre à tel point que j'ai l'impression d'étouffer. Mon sandwich menace de remonter et je commence à trembler sans pouvoir m'en empêcher. Je n'arrive plus à respirer et ma vue se trouble.


Je ne vois, ne sens et n'entend plus rien sauf elle et leurs regards, elle et nos pleurs, elle et cette douleur dans ma poitrine qui m'étouffe, elle et cette petite voix qui me blâme.

Tu sais que c'est ta faute...


Je crois que je pleure et que quelqu'un me parle. Je tente de reprendre contrôle sur mon corps mais c'est trop dur. La douleur devient plus intense, mes poumons réclament de l'air, mais je suis incapable de leur en fournir. Je ne vois plus que son visage pâle, son corps désarticulé et le sang partout. Sur mes mains, sur le sol. Sur elle.


Tout mon corps me fait mal et hurle. Suis-je en train de mourir ? Est-ce ma punition ? Si tel est le cas, alors je l'accepte avec plaisir. Soudain, je ne sens plus rien.


***

Une voix féminine me parvient au loin.


_...crise d'angoisse...post-traumatique... sommeil...


Je tente de bouger mais je suis trop fatiguée et je sombre dans un sommeil sans rêve.


***

Lorsque je reprend conscience, il fait nuit. Je me redresse avec difficulté et constate que je suis à l'hôpital. Un verre d'eau est posé sur une table de chevet à côté du lit. Je veux l'attraper pour soulager ma gorge douloureuse mais ma main est fermement retenue. Je baisse les yeux et vois Lucas endormi, assis sur un fauteuil, la tête posée sur le matelas. Il serre ma main dans son sommeil et porte les même vêtements que lorsqu'il est parti ce matin. Jaden est aussi là, également endormi. Je cherche mon père du regard mais je ne le vois nulle part.


J'essaye de dégager ma main délicatement mais il faut croire que je ne suis pas si discrète que ça puisque cela suffit à Jaden pour se réveiller.


_Brooke !


Il se précipite vers moi et m'enlace. Je reste figée, surprise par sa démonstration d'affection.


_Comment est-ce que tu sens ?


Il s'écarte un peu et m'observe avec inquiétude.


_Je.., je vais bien.


Ma voix est rauque et me fait mal.


_Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je l'interroge difficilement.


_Tu as fait une crise de panique et tu as perdu connaissance à cause du manque d'oxygène, m'explique-t' il en me tendant le verre d'eau. Heureusement, les secours sont rapidement arrivés grâce à Brandon qui a pris la situation en main.


Je manque de m'étouffer.


_Brandon ?! Tu parles de ton ami ?


Il acquiesce.


_Oui, il était en train de courir sur la plage lorsqu'il a remarqué qu'il y avait de l'agitation. Apparemment, personne ne savait quoi faire pour t'aider et Hugo- je crois qu'il s'appelle comme ça-n'arrivait pas à te calmer. Brandon a appelé une ambulance et a essayé de te parler mais tu n'entendais plus rien.


Je reste un moment silencieuse, assimilant toutes ces informations. Hugo a dû avoir la peur de sa vie. Quant à Brandon, je ne sais pas quoi en penser. Déjà qu'il ne m'apprécie pas beaucoup, je vais en plus passer pour la petite sœur faible. Mais je lui suis reconnaissante pour ce qu'il a fait aujourd'hui. Visiblement, c'est grâce à lui que je vais bien.


Je me détend, soulagée. Je suis en vie. Je ne veux pas mourir et cette pensée m'accable. Non, je veux vivre, mais je sais que je ne le mérite pas.


_Où est papa ? Je demande à mon frère, toujours un peu sonnée.


Il soupire :


_Je ne sais pas. Il ne répond pas aux appels et j'ai demandé à Liam d'aller chercher Lucas à l'école pour rester avec toi.


Papa n'est pas là. C'est tout ce que je retiens. Malgré notre dispute, il reste mon père et j'ai besoin de lui.

Jaden doit percevoir ma tristesse puisqu'il m'étreint à nouveau et dépose un baiser sur mon front.


_J'ai eu la peur de ma vie, Brooke, et je ne te parle même pas de ce qu'à ressenti Lucas. Alors, je t'en supplie, ne nous fait plus ça, d'accord ?


Je hoche la tête et reste blottie dans ses bras, vite rejointe par Lucas lorsque celui-ci se réveille. C'est dans cette position-Lucas dans mes bras et moi dans ceux de Jaden-que nous nous endormons.






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2 commentaires

Emeline Guezel

-

Il y a un an

À jour 🥰

François Lamour

-

Il y a un an

Like du "Connard romantique" 😁
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