Myjanyy idEntité Jour 4 - Leny

Jour 4 - Leny

- Mais c'est pas vrai ! Merde !


Montalévy abat la paume de sa main d'un coup sec et brutal sur le marbre. Le bruit sourd résonne dans la pièce. Nous sommes tous autour du comptoir de la luxueuse cuisine des De Cournel. Composée de noyer et de marbre, elle est la pièce dans laquelle j'ai le plus de souvenirs avec Mila.


De nos goûters après l'école à nos fins de soirées universitaires, cette pièce a accueilli un bon nombre de confidences.


Je chasse mes idées noires et me concentre sur l'attitude de ceux qui m'entourent.


Victoire resserre son chandail sur sa poitrine et ses épaules s'affaissent de douleur. Cette femme se décompose jour après jour, sous mes propres yeux sans que je ne sache quoi faire. Son visage, si impeccable d'habitude, est livide et ses yeux cernés. Elle fait mal à voir.


Je sens Jacques qui se raidit à mes côtés. L'autorité de Montalévy ne semble pas lui plaire ni lui convenir, mais c'est lui qui tient les reines de l'enquête.


Celui qui peut nous ramener Mila.


- Jacques...combien de temps ?


Jacques soupire. Il arbore une expression complaisante qui me déplaît. Montalévy n'abaisse pas son regard et continue de scruter le sénateur De Cournel, les sourcils arqués. Seul cet homme là peut le défier avec autant de facilité et d'aisance.


Jacques pose son regard sur son verre d'alcool et fait tournoyer le liquide d'un geste expert. Ses mains ne tremblent pas. Son ton est calme quand il prend la parole.


- Moins de vingt-quatre heures.


Victoire baisse la tête à ce moment et des sanglots secouent ses frêles épaules. D'un geste rassurant et bienveillant je viens me mettre à sa hauteur et entreprends de passer ma main dans son dos. Un réconfort inutile quand on sait que cette femme vit dans la douleur depuis presque cinq jours sans aucune nouvelle de sa fille.


Depuis cette menace.


Atroce.


Douloureuse.


Montalévy dégage enfin sa main du comptoir et se la passe dans les cheveux avant de se frotter le visage. Il entonne d'une voix lasse :


- Il aurait fallu m'en parler. Il est peut-être trop tard.


Je ferme les yeux et attends.


J'attends que Gérald Montalévy prononce les mots que je redoute tant.


Kidnapping.


Rançon.


Argent.


Car il est clair maintenant que c'est de cela qu'il s'agit. Et que la position du sénateur en est la cause.


En apparence seulement.


Mon cœur martèle dans ma poitrine et mes yeux me brûlent. Je les ouvre brutalement, comme pour chasser ces images qui me font peur. Que j'aimerais fuir.


- Et si la piste était tout autre ?


Tous les yeux, y compris les miens se tournent vers Jacques dont l'air bravache m'étonne. Je ne comprends pas sa façon de se comporter face à l'inspecteur et son regard de braise, posé sur sa femme éplorée, le condamne instantanément.


Il a certainement trop bu.


- Pardon ? De quelle piste parlez vous Jacques ?


Montalévy a retrouvé un ton cordial et ses yeux sont interrogateurs. Jacques ne détache pas son regard de Victoire qui continu de le défier ouvertement.


La tension est palpable et je n'ose pas piper mot. Ces deux-là entretiennent un conflit silencieux, qu'eux seuls peuvent comprendre. La pente est dangereuse, mais Montalévy s'y risque quand même.


Ce dont je lui en suis reconnaissant.


- Jacques ?


Sans bouger d'un cil, Jacques rétorque :


- Si Mila avait fait d'elle même une mauvaise rencontre ?


L'inspecteur fronce les sourcils. Je vois à son expression étonnée que je ne suis pas le seul à ne pas comprendre la théorie du sénateur.


- Expliquez vous.


Je sens Victoire se raidir sous ma paume. Mais contre toute attente elle rétorque, précipitamment :


- Non, Jacques. Ce sont des erreurs de jeunesse.


Un rictus moqueur orne les lèvres de Jacques et son expression moralisatrice n'augure rien de bon.


- Des erreurs de jeunesse Victoire ? Mais voyons, connais-tu vraiment Mila ? Celle qui est devenue adulte et dépravée ?


Ses mots sont forts. Rudes. Mais justes.


Un silence de plomb accueille les paroles du sénateur. Seul Montalévy semble assez neutre pour reprendre le cours de cette conversation.


- Jacques. Victoire. Mila a disparu. Cette menace qui pèse sur son absence et sur la rançon qui vous a été réclamée n'est pas anodine. Il faut la prendre au sérieux. Chaque détail compte. Encore plus aujourd'hui.


Je tremble. J'ôte ma main du dos de Victoire et serre le poing.


- Ivresse sur la voie publique. Détention de stupéfiant. Violation de propriété privée. Atteinte à l'ordre public. Insulte à agents...et j'en passe !


Ses narines frémissent de la colère qu'il peine à contenir.


- Rien n'est inscrit sur le casier de Mila. Il est vierge.


Montalévy ne semble pourtant pas très étonné des révélations qu'est en train de lui faire le sénateur. Celui-ci hausse les épaules d'un geste nonchalant et détache enfin son regard devenu électrique de celui de sa femme. Il se tourne vers l'inspecteur.


Evidemment. Jacques a toujours tout fait pour que son nom ne soit pas entaché. L'allure de l'organe qui me tient en vie dépasse l'entendement. Mon estomac se vrille et je sens la nausée qui remonte en filets acides le long de ma trachée.


Victoire gémit dans ses mains jointes et je vois ses larmes ruisseler le long de ses doigts manucurés. Elle est à bout.


- Je vois...


L'inspecteur Montalévy soupire et reprend :


- Tous ces excès ne changent pas grand chose. Consentante ou non, Mila est tombée dans les filets d'un prédateur qui joue avec votre renommée, Jacques. Et il faut intervenir... Je vais mettre en place une équipe et nous prendrons directement contact avec la personne qui vous fait chanter.


J'acquiesce en silence, pendant que Jacques secoue la tête. C'est d'une voix presque tonitruante qu'il pointe un doigt en direction de l'inspecteur.


- Vous allez me ramener ma fille Montalévy. Vivante. Mais sachez une seule chose avant de vous frotter au jeu malsain de Mila : prenez garde de ne pas vous brûler les ailes. Avec ELLE tout est possible. Sa débauche fait vriller son imagination un peu trop débordante.


Je souffle à ces mots tandis que Victoire gémit de plus belle. Ses pleurs sont intarissables. Montalévy, lui, écoute sans broncher.


Jacques reprends d'un ton haineux, qui me fait froid dans le dos :


- Et ça...je ne veux pas en faire les frais. Compris ?


Il dépose un peu trop fort son verre sur le marbre. Et quitte la pièce sans un regard pour la miséreuse assemblée que nous formons.


Victoire se jette dans mes bras et inonde ma chemise de ses larmes brûlantes.


Montalévy esquisse un signe de tête en ma direction.


Je me retrouve seul face au dilemme de ma vie.


Parler.


Ou sauver Mila.

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8 commentaires

Myjanyy

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Il y a 8 ans

Oh bien sur que si...il faudra juste attendre un petit moment. Les résultats sont au mois de septembre. Quoi qu'il arrive je posterais la suite ;)

Caroline Polizzi

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Il y a 8 ans

Le concours est fini... ca veut dire qu on ne connaitra jamais la fin?!?!

Myjanyy

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Il y a 8 ans

Merci Alex! Venant de toi ça me touche énormément merci ....

alexia340

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Il y a 8 ans

Tu es vraiment au top. Peu importe le genre

Myjanyy

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Il y a 8 ans

Oh mon enfoiree, tjrs présente merciii ;)

marianne07

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Il y a 8 ans

Tu sais quoi? bêta ou pas tu déchires mon enfoirée !! Oui je sais...c est super nul comme commentaire...mais je dis juste l'essentiel !! ;)

Myjanyy

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Il y a 8 ans

merci ma belle ;) contente que ça te plaise !!!

Lilye-Rose

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Il y a 8 ans

Ahhh enfin! ^^ Écoute même sans ta bêta il est au top ce (peut-être) dernier chapitre!
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