Fyctia

J’observe les déménageurs transporter l’ensemble de nos affaires à l’intérieur de notre nouvelle maison. Mon père n’a pas plaisanté, il a probablement choisi la plus grande maison du quartier. Adieu New York et bonjour la Californie. Mon père s’active pour me faire entrer dans le lycée privé de Monterey Academy, étant mi-octobre ce n’est pas chose facile.

- Tu n'es toujours pas entré dans la maison ? Me demande mon père en venant s’assoir à côté de moi sur le capot de ma voiture.

Je le regarde longuement sans lui répondre.

- Tu n'aimes pas ? Je me suis dit qu'une grande maison avec un jardin pourrait te plaire, que ça te rappellerait Londres.

La famille de mon père est anglaise et il connaît mon profond attachement pour notre domaine Anglais. Pour le moment, ce havre de paix, ne représente que souffrance et de profond regrets.

- La maison est très belle, papa.

Il acquiesce en silence. Il sait très bien ce qui me préoccupe. Je ne suis que colère, rancœur et haine. Si mon père avait été un meilleur père, alors jamais, il ne m'aurait encouragé à venir ici, il ne m'aurait probablement pas accompagné non plus. Mais, ce n'est pas un excellent père et je ne suis pas non plus la meilleure des filles. Pourtant, nous sommes ce que nous sommes et nous nous aimons comme ça.

- Tu es admise, ajoute-t-il

Enfin une bonne nouvelle. Mon père me regarde intensément de son regard bleu glacial et je le regarde avec la même intensité.

- Je suis assurément le pire des pères. Ta mère va nous tuer.

- Je croyais que ça servait à ça le divorce ? Ne plus avoir affaire l'un à l'autre ?

- Pas faux. Mais, elle reste ta mère Taylor et elle t'aime. Malgré tout.

- Tu crois ? Je n'appelle pas ça de l'amour d'emmener mes frères et ma sœur à l'autre bout du pays en me forçant à rester avec toi ! Je ne crois pas qu'elle s'est un jour comporté comme une mère avec moi, je ne pourrais jamais oublier ce qu’elle a fait et tu ne devrais pas non plus !

Ça m'agace d'avoir toujours cette même conversation. Je pense avoir le droit d’être en colère contre elle surtout après ce qu'elle m'a fait subir pendant 14 ans. Et certainement encore plus quand elle a décidé de me séparer de ma famille. Mais, aujourd'hui, tout a changé, et tout ça, c'est sa faute autant que de la mienne.

- Ce n’est pas ce que je dis, elle se fait…

- Papa, arrêtons cinq minutes. Je te connais mieux que personne sur cette terre alors arrête de faire comme si tu avais aimé cette femme un jour dans ta vie ou que tu avais une quelconque estime pour elle. Et, surtout, ne viens pas me faire la morale après ce qu'elle a laissé se passer.

Mon père n'est pas un homme bon, il n'est pas quelqu'un de gentil. J'ai toujours su qu'il n’aimait pas ma mère, il l'a probablement respecté au début et puis plus tellement. Pourtant, bien qu'il ne soit pas souvent très commode, je sais qu'il tient à nous, à moi plus particulièrement. Peut-être pas comme un père normal, mais je suis sa famille, et l'on ne s'attaque pas aux Montgomery sans en subir les conséquences. C'est pour ça que nous avons démangé à plus de 4000 km de chez nous. On a attaqué notre famille et nous devons répondre.

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Je gare ma Corvette C8 sur le parking de mon nouveau lycée quand ma meilleure amie Ash Cameron m'appelle. Je décroche en sortant de la voiture sous les regards curieux de mes nouveaux camarades. Pas si surpris de me voir rouler dans cette voiture, on est dans un lycée de bourges après tout, non plutôt de savoir qui est cette nouvelle tête qui débarque en plein mois d'octobre.

- Allo, Ash.

- Tu vas bien ? Me demande ma meilleure amie

Je me suis assise sur le capot de ma voiture juste devant l'entrée principale.

- Je suis devant le lycée là.

- Et alors ?

- Le vieux cliché de bourges, on dirait bien.

Ma meilleure amie rigole. Elle ne le dit pas, mais je sais à quoi elle pense. « Tu es probablement plus riche qu'eux, Taylor ».

- Je n'ai pas envie d'être ici, Ash.

- Alors, rentre à la maison.

- Je ne peux pas faire ça, pas après ce qui s'est passé. Je n’arriverais pas à me regarder à nouveau dans une glace si je ne découvrais pas ce qui s’est passé.

Ma meilleure amie souffle dans le téléphone. Nous ne parlons plus, laissant le silence s’installer. Je profite de ce petit moment de répit pour regarder la photo de mon fond d’écran. Ash et moi. Une photo prise cet été pendant un laps de temps où j’étais encore heureuse. Je m’observe éclatant de rire, mes cheveux blonds dans le visage. Mon cœur se serre. Si seulement nous avions l’opportunité de remonter le temps, même qu’une seule fois dans notre vie, je la saisirais sans hésiter. Je le ferais pour revenir à cet été et pour empêcher les événements de dégénérer. Je regarde l’ancienne Taylor et je me dis que j’étais stupide. Je vivais ma vie sans me douter une seconde de ce qui se passait réellement. Ash se racle la gorge.

- Tu les as vus ? Me demande-t-elle

« Les ». Elle parle de mon petit frère et de ma petite sœur. Je ne réponds pas, car je n'ai pas envie d’en parler. Non, je ne les ai pas vus et je ne leur ai pas parlé depuis que je le sais. Ils ne savent pas que je suis ici. Ils ne comprendraient certainement pas mon besoin de comprendre ce qu'ils vivent, ce qu'il a vécu. J'ai besoin de faire souffrir chaque personne qui les a un jour fait souffrir, qui l’a fait souffrir lui. Les derniers étudiants présents sur le parking se ruent vers l'entrée de l'école dès que la sonnerie retentit.

- Je vais devoir te laisser Ash. Je t'appelle bientôt.

- Je t'aime Taylor, fais attention à ce que tu fais. Je ne veux pas que ma folle de meilleure amie passe sa vie en taule.

Je me force à rire, mais l’envie n’y est pas.

- Tu sais bien que mon père ne me laissera jamais aller en prison.

- L'argent n'achète pas tout, T.

Si seulement ça pouvait être le cas, Liam serait toujours là, en bonne santé et je n’aurais pas à préparer un plan pour tout détruire.