Fyctia
13 - Caelin.
Il est là.
Il approche de moi un morceau de papier. Je l’attrape, sans le regarder, sans le questionner en silence. De peur de poser mes yeux sur lui et de faire buguer tous mes sens.
Je déplie le papier qu’il a pris soin d'annoter avant, face à moi. Je l’avais vu du coin de l’œil, consacré à écrire. Sans doute des conneries.
Fatigué de mon quotidien, j’espère qu’il me fera rire. À l’inverse de mon copain.
Enfin ouvert, je le lis.
Peut-être à cause de l’épuisement. À cause des journées que je passe à souffrir en silence. Ou bien parce que ça me rappelle mes rires qui remplissaient la pièce. Vincent les aimait tant. Et Nathan aussi. Peut-être est-ce à cause de la douleur qui me tenaille par les blessures qui marquent mon corps. À cause du chagrin et du stress. Celle d’être qui je suis, d’être mère d’un enfant qui mérite bien plus que ce que je ne peux lui offrir.
Peut-être parce que ces phrases me font penser à tout ça en même temps.
Les larmes se mettent à couler. Elles déferlent sans que je comprenne pourquoi.
Je m’attends à ne rien recevoir, comme lorsque j’ai annoncé ma grossesse à mon partenaire.
Les mains sur la table, je serre le papier. Mes gouttes tombent dessus, faisant peu à peu baver l’encre du stylo. Et puis, il pose timidement la main sur la mienne. Réconfortante, apaisante. Sa main est froide, mais je ressens pourtant toute la chaleur de son cœur.
Je ne le regarde toujours pas, mais je l’entends me murmurer :
« Je suis là. »
Ces mots qui m’ont tant manqué.
Pourquoi ce n’est pas Vincent qui me les dit. Pourquoi ce n’est pas lui qui s’inquiète pour moi ?
Pourquoi est-ce que je me sens soulagée qu’il soit là pour moi ?
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