Fyctia
Prologue - Caelin.
Le jour où tout a commencé, c’est lorsque je lui ai annoncé ma grossesse.
J’avais fini de préparer le dîner et, en attendant son retour de la douche, je fais les cent pas dans toute la maison. Je dois lui dire. Je savais rien qu’à l’odeur qu’il avait utilisé mon shampoing malgré que je lui avais interdit, mais, actuellement, ça m’importe totalement. Je sais au fond de moi qu’il acceptera cette nouvelle, pourtant, je n’arrive pas à me calmer.
Les aiguilles de l’horloge accrochée au mur du salon ne cessent d’avancer, et mon angoisse se fait de plus en plus grande. J’entame un exercice de respiration. Le genre d’exercice dont on se moquait au collège lorsque les professeurs nous demandaient de le faire, et qui, aujourd’hui, m’est indispensable pour permettre à mon cœur de battre. Pour permettre à nos cœurs de battre.
J’entends Vincent avancer vers moi, faisant grincer le vieux parquet de notre studio alors que ses mains se posent sur mes hanches. Il me retourne pour que je sois face à lui, et je vis de l’amour dans son regard. Je ne me lasserais jamais de ses yeux qui se posent sur moi.
Sa main remonte jusque dans mon cou, et son pouce se pose au coin de mes lèvres. Par ce simple geste, mon esprit se vide de toute peur. Comme pour le remercier silencieusement, je pose ma bouche contre la sienne, et remonte mes mains sur son torse. D’un simple baiser s’ensuit ensuite plein d’autres. Impossible de nous arrêter.
Je dois lui dire.
Par cette pensée intrusive, je le repousse doucement avec un sourire qui se veut confiant et écarte quelques mèches de cheveux qui lui tombent sur les yeux. Pour ne pas tomber d’angoisse, je m’approche du petit divan vert clair et m’emmitoufle sous un petit plaid, cachant mes poils hérissés par la peur d’une mauvaise réaction. Sans se faire prier, il vient s’enfoncer dans le canapé près de moi et attend que je parle. Il n’a même pas besoin de parler que je comprends sa demande. Je place ma main tremblante sur la sienne et la serre, cherchant un peu de courage.
Je prie je ne sais qui pour que tout se passe bien, et me lance.
« Je suis enceinte», annonçai-je d’une voix fragile.
Ses traits du visage se durcirent et je sens son corps se tendre. Pour fuir cette image de l’homme frappé par cette nouvelle, j’explore du regard la pièce. En passant par mon petit bracelet en chaîne semblable à celui de Vincent, le tapis en laine blanc sous mes pieds et le bureau où sont empilés nos cours mélangeant mes bouquins sur la réglementation énergétique et environnementale, et les siens sur la mécanique pour ingénieur. Une belle pile de livres prête à s’effondrer à tout moment. J’ai peur de le regarder. Néanmoins, quand je le vois du coin de l’œil hésiter à ouvrir la bouche, je guette sa future réponse qui traversera sa bouche et qui pourrait changer notre vie.
Quand j’entends sa réponse, sans que je puisse me contrôler, un torrent de pluie glisse sur mes joues que je peine à essuyer d’une manche. Il n’a aucune réaction à me voir pleurer ainsi. C’est comme si cette nouvelle l’avait laissé sans vie, sans âme. Me sentant seule et humiliée par mes sentiments, je lâche sa main pour tenter de faire disparaître au plus vite ces larmes.
Ignorant mon besoin d’être réconforté, il s’éloigne et part déguster les pâtes carbonara préparées juste avant. M’abandonnant dans cette pièce mi-éclairée, avec le son des couverts qui tintent. Son ignorance me fait bizarre, je ne reconnais pas mon copain, mais sur le coup de la peur, de l’incompréhension, j’essaie de ne pas penser au fait qu’il m’est délaissé après ce que je viens de lui dire.
Mon esprit tourne à vif. Le garder ou avorter. « Je n’en veux pas, mais tu peux le garder» est une phrase qui ne donne que trop peu d’indications sur ce que je suis censé faire de cet être qui grandit en moi. Je réfléchis, je pleure, il déguste.
Je pensais qu’il s’était écoulé un long moment entre celui où il est sorti de la salle de bain et celui où il est parti dîner. Mais quand je trouve la force de me lever et de m’installer face à lui dans la cuisine, je remarque que le plat fume toujours. J’attrape ma fourchette, prépare ma première bouchée, mais dès lors que je la porte à ma bouche, je le vois me fixer avec une once de dégoût, la bouche pleine. Je le questionne du regard, espérant plus que tout entendre ses pensées. Encore une fois, il ne se fait pas prier :
«Tu devrais arrêter de trop manger, maintenant.
— Pourquoi ? Balbutié-je presque imperceptiblement.
— Si tu gardes le gosse, tu vas prendre v’là les kilos. Dose maintenant. Je veux pas d’une meuf grosse comme copine.»
Sa réplique me fit l’effet d’une gifle, et ça ne sera pas la seule que je vais recevoir.
J’aurais pu partir, mais malgré l’affection différente qu’il m’a portée par la suite, je suis resté.
23 commentaires
PICOT
-
Il y a 2 mois
Yléam
-
Il y a 2 mois
Aline Puricelli
-
Il y a 2 mois
Aline Puricelli
-
Il y a 2 mois
Yléam
-
Il y a 2 mois
Yléam
-
Il y a 2 mois
Alpha815
-
Il y a 2 mois
Yléam
-
Il y a 2 mois
Ava D.SKY
-
Il y a 2 mois
Carole Perez
-
Il y a 2 mois