Fyctia
Chapitre 21
-45 av J-C
Je suis de nouveau en Egypte. Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas venue. La chaleur est écrasante dans ce pays, bien plus que dans mes souvenirs.
J'ai reçu il y a peu de temps une missive d'Isis, me demandant de venir aussi vite que possible. Il semblerait que la royauté soit en train de prendre un tournant inédit. Pour la première fois de son histoire le pays semble sur le point d'avoir une Reine d'une envergure bien plus imposante que le Pharaon sur le trône.
Je pénètre dans la grande salle du palais que cette Reine à fait construire pour démontrer sa puissance face aux romains qui sont les plus grand rivaux des égyptiens de cette époque.
Cette pièce n'a rien à voir avec la cour de Ramsès II qui était pourtant très impressionnante. Ici, tout est plus grand, plus beau, plus fastueux. Cette Reine aime le luxe et elle aime surtout montrer sa richesse et sa puissance.
Je m'avance sur un tapis rouge pourpre, entouré de statue d'ancien Pharaon. Je reconnais celle de Ramsès II parmi elles. J'étais présente quand le sculpteur royal l'a réalisé, elle est assez fidèle.
Tout au bout de cette allée se trouve un immense fauteuil fait d'or fin et de pierre précieuses. Là, trône une femme d'une beauté inégalée à ce jour, presque divine. Elle a une posture réellement digne d'une reine. Elle porte une robe près du corps qui met en valeur ses formes. Ses yeux sont bordés d'un trait fin d'eye-liner qui étire son regard, comme un chat. Son nez, que l'on dit être son plus bel atout est somme toute assez commun, bien qu'appartenant à la Reine.
Elle est entourée d'une dizaine de servantes toutes plus belles les unes que les autres. C'est assez impressionnants de voir autant de belles jeunes femmes dans un espace aussi restreint. Elles lui servent des victuailles, des boissons, ou bien l'éventent. Elles semblent toutes heureuses de se retrouver dans cette position, cela doit être la meilleure place au palais en ces temps fastueux.
Je vois soudainement Isis sortir de derrière le trône. Elle fait une révérence à sa Reine avant se s'avancer vers moi, un sourire aux lèvres.
– Athénaïs, je suis heureuse de te revoir. Je suis contente que mon message te sois parvenu, je n'en étais pas certaine.
– Merci de l'invitation. Mais je pense qu'il est peut-être temps de faire les présentations, qu'en dis-tu ?
– Tout à fait. Messieurs.
Les seuls hommes de cette pièce, que je n'avais absolument pas remarqués jusqu'ici se mettent alors à jouer du tambour, comme pour mettre une sorte d'ambiance avant l'annonce royale.
– Athénaïs, laisse-moi te présenter la souveraine du royaume d'Egypte. La belle, la puissante, l'incroyable, Reine Cléopâtre, première du nom.
Les trompettes rejoignent les tambours après les paroles d'Isis.
Cléopâtre se lève de son beau fauteuil et s'avance vers nous. Je me fends d'une gracieuse révérence. Même si, techniquement, je suis plus puissante qu'elle, je me dois de la respecter.
– Votre Majesté, poursuit Isis, laissez-moi vous présenter ma très chère amie, Athénaïs Olympus.
– Enchantée de vous rencontrer votre Majesté. C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui.
– Alors c'est vous... C'est vous dont Isis à tellement confiance qu'elle me conseil de faire appel à vous pour me conseiller dans la gestion de mon royaume... Bien...
Elle semble dédaigneuse. Son ton était hautain. Elle tourne le dos et rejoint son trône.
– Je n'ai jamais eu à douter d'Isis, mais je ne suis pas vraiment certaine que vous soyez à la hauteur de la tache qui vous attend.
– Votre Majesté, si vous me le permettez, laissez-moi au moins une chance de vous prouvez le contraire.
– Très bien. Une personne dans cette pièce est un traiter à la couronne et complote afin de provoquer ma mort. Trouvez cette personne et j'aurais une confiance absolue en vous. Vous avez dix minutes.
– Il ne m'en faudra qu'une. Je sais déjà de qui il s'agit.
Et c'est vrai. Quand Cléopâtre avait fait mention d'un traître, une seule personne avait eu une réaction différente des autres. Tandis que tous semblaient offusqués qu'on en veuille à la vie de la Reine, une seule personne n'avait pas bronché : Isis. Ce que je ne savais pas c'était pourquoi cependant. Pourquoi voulait-elle la mort de la Reine ? Et puis, en croisant son regard, j'ai compris que ce n'était pas vraiment ça, elle protégeait le secret d'une autre personne présente dans cette salle, la seule au courant des projets d'Isis : la Reine elle-même.
– Vous prévoyez vous-même votre mort, avec la complicité d'Isis. Vous êtes les deux seules à n'avoir eu aucune réaction après votre révélation.
– Je vous félicite, vous avez un très bon sens de la déduction. En effet, Isis et moi étudions toutes les façons de me tuer afin de déjouer les différentes tentatives d'assassinat à mon encontre. Vous êtes une personne étonnante. Mais je ne doutais pas de mon amie, elle m'a assuré que vous étiez la personne idéale pour l'affaire qui nous concerne et elle a entièrement raison.
– Que puis-je pour vous, Majesté ?
– Je dois rencontrer une délégation romaine dans quelques jours, j'aimerais que vous soyez ma conseillère principale dans cette entrevue. Vous avez su très vite déceler le vrai du faux il y a quelques minutes, alors je n'ai aucun doutes sur le fait que vous arriverez à déchiffrer mes interlocuteurs et à déterminer leurs véritables intentions vis-à-vis de moi et de mon peuple. S'il doit y avoir une guerre, je veux les meilleurs alliés de mon côté.
– Quel sera leur émissaire ?
– Un certain Marc-Antoine, il parait que c'est un général très réputé.
– On dit aussi qu'il est très séduisant et qu'il met plus d'une femme dans sa couche, lors de ses explorations militaires..., je souffle.
– Alors vous l'avez rencontré ?, me demande Cléopâtre.
– Non, mais j'ai entendu beaucoup de rumeurs à son sujet quand j'étais auprès de l'Empereur. Si ce dernier venait à mourir, il ne fait nul doute que ce général prendrait sa succession et que les citoyens de Rome n'y verrait rien à redire.
– Acceptez-vous de me conseiller durant mon entrevue avec lui ?
– Ce serait un honneur pour moi, votre Majesté.
– Très bien, Isis, trouve lui une tenue à la hauteur de l'occasion. Si elle doit être mon bras droit, il faut qu'elle soit irréprochable. Athénaïs, vous et moi allons devenir de grandes amies. En fonction de cette rencontre avec le camp ennemi, vous pourriez devenir ma conseillère officielle durant mon règne. Maintenant mes suivantes vont vous montrer vos appartements.
Six ans plus tard
Je me rend en courant au chevet de la Reine. On dit depuis plusieurs jours qu'elle est malade. Aujourd’hui, j'en ai la confirmation. Isis est venue m'avouer qu'après la mort de Marc-Antoine, Cléopâtre n'avait plus goût à la vie. Elle a choisit le poison pour partir.
– Majesté, qu'avez-vous fait ?
– Je n'avais pas le choix. La vie ne vaut pas d'être vécue sans lui.
– Vous avez été une grande reine, dis-je en l'entendant rendre son dernier souffle. Merci pour tout.
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