Fyctia
Chapitre 2 - Partie 3
J’aurais juré qu’Archibald voyait en moi son égale. Ai-je fait fausse route ? Lorsqu’il m’attire contre lui et me murmure des excuses, j’essaie de réfréner ma colère. Parce que je me sais impétueuse, que j’ai conscience de ne pas toujours avoir les bonnes réactions. Et ça, Archie le sait mieux que quiconque et n’hésite pas à user de tous les stratagèmes possibles pour me faire flancher. Comme chaque semaine depuis près de huit mois, il suffit d’un baiser, de quelques caresses et de promesses chuchotées à mon oreille pour que mes barrières s'effondrent. Tout ce dont j’ai besoin, c’est pouvoir faire confiance.
— Chez toi ou chez moi ? m’interroge-t-il, les mains posées sur mes joues pour me réchauffer.
Ses pouces tracent des lignes sur mes pommettes et je pourrais me perdre dans le bleu de ses yeux. Mais à l’instant où il évoque la suite de la soirée, je grimace, gênée.
— Pas chez moi. Et à la réflexion… je crois que je devrais rentrer.
Impossible de lui dire que Colin a décidé de poser ses valises pour une durée indéterminée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux hommes n’ont aucun atome crochu. Je sais pertinemment que mon frère m’attend debout derrière la porte, impatient de connaître le fin mot de l’histoire et, bien entendu, de me sermonner. Archie se redresse, perd son sourire avant de me demander d’une voix presque froide :
— Pourquoi, « pas chez toi » ?
Ses yeux s’étrécissent, puis, avec une moue dédaigneuse, il lâche :
— Oh, j’imagine que Sa Majesté est là.
Je ne compte plus le nombre de fois où nous nous sommes accrochés au sujet de Colin. Il sait que je n’aime pas sa façon de parler de lui et que je supporte mal sa jalousie : de son côté, il ne cesse de me répéter que j’accorde trop d’importance à l’avis de mon frère. Histoire de ne pas jeter de l’huile sur le feu, j’entrelace nos doigts et me hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser chaste sur ses lèvres fraîches avant de l’entraîner jusqu’à ma voiture.
*****
Lorsque je pousse la porte de chez moi, c’est sans surprise que je trouve Colin à même le sol, le dos calé contre l’assise du canapé, torse nu et télécommande à la main. Dès l’instant où je pose un pied dans l’appartement, il tourne vers moi son regard clair, sourcils froncés et front plissé. J’envoie valser mes chaussures pour trottiner vers lui, attrapant au passage un soda dans le frigo. Je me laisse tomber lourdement sur le sofa, non sans avoir déposé un baiser sur le sommet de son crâne. Ses boucles brunes sont plus longues qu’à sa dernière visite, mais il n’est guère plus délicat :
— Alors ? Tu as vendu ton âme au Diable pour sauver les miches de l’autre con ?
Je retiens un soupir exaspéré, que je noie avec une gorgée de soda. Autre homme, même fierté mal placée. Quoi qu’il en soit, il a vu juste. Et j’imagine que mon silence est éloquent, puisqu’il se tourne pour me fusiller du regard :
— Tu rigoles, Heav ?!
J’aimerais bien. Que celui qui n’a jamais fauté par amour me jette la première pierre ! Parce que c’est de cela qu’il s’agit, non ? De ce qu’on est prêt à sacrifier ou non, par amour.
7 commentaires
francoise drely
-
Il y a 5 mois