Fyctia
Chapitre 5
Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Je me relève doucement. Mon reflet apparaît dans le miroir. J'ai le teint pâle et les traits tirés. D'énormes cernes se creusent sous mes yeux. On dirait un véritable zombie. Est-ce que j'étais déjà comme ça en allant au travail, où bien est-ce à cause de mon manque de sommeil de cette nuit ? C'est à peine si je me reconnais.
-On a mauvaise mine, hein ?
Je me colle un peu plus contre la porte – si tant est que ce soit possible. Je n'ai pas rêvé, mon...mon reflet vient de parler. C'est impossible.
Je me frotte les yeux et regarde à nouveau en face de moi. Mon reflet me sourit, pourtant je sais que je ne souris pas. Ce n'est pas possible.
-C'est un cauchemar, me dis-je. Je suis encore en train de dormir.
-Oh non, tu ne dors pas, me répond mon reflet. Ça fait bien longtemps que tu ne dors plus. Y a qu'à voir ta tête de déterrée.
Je regarde cette image de moi qui me fait face. C'est bel et bien moi, mais son regard ne ressemble pas tout à fait au miens. Il est plus sombre.
-Qu'est-ce qui se passe ? dis-je.
-T'es en train de péter les plomb, voilà ce qui se passe, rétorque mon reflet.
-Quoi ?
-Regarde-toi. Regarde ce que tu es devenue. Tu ressembles à un mort vivant. Et tout ça pour quoi ? Parce que t'es même pas capable de te défendre.
-Je...je ne comprends pas.
Est-ce que je suis vraiment en train de parler à mon reflet ?
-Tu passes ton temps à exécuter les ordres qu'on te donne, poursuit ce dernier. Tu travailles comme une acharnée et tout ça pour quoi ? Pour un mec qui n'en a rien à foutre de ta gueule et qui a bien compris qu'il pouvait se servir de toi sans que tu ne dises rien. Tu crois sérieusement qu'Hades va te filer cette promotion ? Non. Tu vas rester à ta place de petite correctrice insignifiante, à toucher un salaire de misère alors que tu fais des heures supp' pas payées, tout ça parce que tu es trop lâche pour te rebiffer.
Mes jambes trembles, je tiens à peine debout.
-Remarque, tu l'as bien cherché. Si t'en es là, c'est bien parce que t'as rien dit dès le départ, justement. T'acceptes tout sans broncher, alors voilà où tu en es. Finalement, tout ce qu'il a pu te dire depuis que tu bosses pour lui est peut-être vrai.
-Je...comprends pas.
L'image dans le miroir change, et c'est soudain mon patron que je vois. Je suis tétanisée face à son regard perçant et son sourire carnassier.
-Vous devriez vraiment vous maquiller, Cooper, dit-il. La présentation est essentielle, vous le savez.
Cette voix... C'est celle que j'ai entendue tout à l'heure, celle de l'homme qui était en train de m'étrangler. Alors c'était lui ? Mais comment a-t-il pu se retrouver dans mon miroir ? Je n'y comprends plus rien.
-Pathétique, dit-il.
Je me bouche les oreilles et ferme les yeux, mais je ne peux empêcher ses paroles de m'atteindre. J'entends toutes les remarques qu'il a pu me faire depuis que je travaille pour lui. Des petites choses, rien de bien méchant au premier abord. Mais je les entends mises bout à bout. Je me souviens de chacune d'entre elles. Toutes les critiques.
D'autres voix se mélangent alors à la sienne. Le simple badaud qui me bouscule dans la rue et qui m'engueule, ma voisine de l'étage qui se plein tout le temps que je fais trop de bruit et qui envoie les flics chez moi tous les quatre matins, alors que je ne fais absolument rien de mal...
Je n'en peux plus. Je n'arrive plus à respirer, ma tête va exploser.
-T'es qu'une victime.
Là, c'est ma voix que j'entends.
-Tais-toi, dis-je entre mes dents.
-T'es qu'une victime, me répète la même voix. Et tu seras toujours une victime.
-Je t'ai dis de la fermer !!
Je rouvre les yeux et me précipite vers mon miroir, où mon reflet continue de me fixer. Mon poings atterrit en plein milieu de son visage. La glace se brise en mille morceaux. Quelques-uns tombent sur le sol.
Un moment s'écoule avant que je ne retire ma main. Elle est en sang, et je sens la douleur qui commence à se répandre dans mes doigts. Mais, au moins, mon reflet n'est plus là et je n'entends plus son rire.
J'attrape un des morceau du miroir qui est tombé sur le sol et me dirige vers la porte. J'ai vu mon patron dans ce miroir mais, peut-être qu'il y a encore quelqu'un derrière cette porte. Toute cette histoire est pourtant tellement irrationnelle, mais je ne peux m'empêcher de rester sur mes gardes.
J'ouvre la porte et avance d'un pas prudent. Je regarde dans tout l'appartement, tous les endroits où quelqu'un aurait pu se cacher. Il n'y a rien. Les fenêtres sont fermées et la porte d'entrée est verrouillée, comme c'était le cas avant que j'aille me coucher. Je suis seule.
Je me laisse tomber dans le couloir de l'entrée, lâche le morceau que je tiens, et je m'effondre. Mes sanglots déchirent le silence de mon appartement. Je me tiens le ventre tellement j'ai mal. Je ne suis même pas capable de me lever pour aller soigner ma main. Je la laisse saigner et je laisse couler mes larmes que je retiends depuis bien trop longtemps.
3 commentaires
cedemro
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Il y a 4 ans
cedemro
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Il y a 4 ans
Mamicette
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Il y a 4 ans