Mary Cerize Hamathéïs Phase #13

Phase #13

Quelque part dans le monde...


-Oghje avemu intarratu unu di i nostri. Martin Kalo u nostru amatu...


L'âme de Martin Kalo aimable pêcheur semble sortir de son cercueil. Une lueur vaporeuse blanchâtre vacille et s'envole parmi les feuilles mortes d'automne. Le temps est pluvieux lors de son enterrement, la famille le pleure à chaudes larmes et Martin est spectateur de cette profonde tristesse. Avant qu'il atteigne le ciel orageux, il frôle sa petite tête blonde. La chair de sa chair qui n'a que 4 ans, il essaie de lui souffler quelques mots réconfortants au creux de l'oreille :


-U mo picculu, prumessu di veglia nantu à tè. Da induve saria. Ti tengu caru ùn ti scurdate micca.


Mais son fils n'a rien entendu, ni ressenti car la tristesse brouille totalement cet adieu poignant. Martin lève son regard au ciel en voyant une main faite en filaments de film de laminage scintillant l'interpeller. Son esprit est émanté par cet appel particulier, il se transforme en cristaux de menthe légèrement jaunâtre. Cette main tendue n'est autre que celle de l'ombre Méhra, complice de Gaïa, son pouvoir étant réparateur et de mener à bien la transition entre esprits et le monde extérieur à Hamathéïs. Elle s'adresse à Martin avec un ton fluet en latin :


-Gratissimum Martinum tuum mirabilem in Hamathéïs erit spiritus. Nolite ergo solliciti esse erimus partem novam familiam tuam.


Martin boit ses paroles tel un élixir précieux, ce qui fit qu'il oublie promptement sa langue natale. Il lui répond en latin en s'inclinant face à Méhra qui lui sourit :


-Deae gratias. Etiam si manere apud me mallem.


Au-dessus d'eux s'agitent des plantes grimpantes, les deux saisissent deux branches épaisses. Ils se balancent en traversant d'énormes nuages luminueux, ils se projettent en des cadrans aimantés par des aiguilles voltigeant dans tous les sens. S'ensuit lors de leur expédition vers Hamathéïs une ligne sinueuse composée de décharges électriques qui les propulsent plus haut dans le ciel.


Une symphonie mélancolique les accompagne, elle est composée de tigres de Tippu et de doucemelles. Martin semble ému par ce voyage vers l'au-delà atypique. En regardant autour de lui, non seulement l'esprit de Méhra est entouré de papillons éblouissants qui tournoient près d'elle. Mais il y a aussi, des esprits celestes qui le saluent en sifflant, ainsi que des cygognes qui volent au-dessus de lui. Ils attérissent tous sur l'île Siple, se situant près de la Terre Marie Byrd et face à la côte de Bakutis. Seuls des fulmar boréal, des bec-croisés et des troglodytes givrés animent cette île. Méhra mène Martin vers la fontaine de Castalie, afin de purifier son esprit de toutes les impuretés qui a pu lui nuire. Hormis le cancer ravageur qui a mené à sa perte. Bien entendu, cette fontaine est similaire à celle citée puisque Méhra a pensé intensément à cet élément important et lié à son rituel. Sous son regard vitreux, elle voit la renaissance de Martin autrement. Puisqu'elle est faite de pétoncules luisants et de photosynthèses oxygéniques ocres.


Leur venue est dérangeante pour les éléments de cette île, excepté pour Méhra puisque de gigantesques trombes marines l'agitent. En elles se trouvent des acanthastrea hemprichii, du coraildur aux couleurs verts et marrons tachetés qui pénètrent l'esprit de Martin. Il resssent une sensation étrange, voire dérangeante qui le transforme à nouveau. Méhra est impuissante face à la force de la nature, bien qu'elle soit son alliée.


Elle est retenue par la force de Phébé qui l'emmène à l'écart en la projettant par-dessus elle, en un phénomène électrique à vents violents. Méhra est exilé sur l'île Carney, tandis que Phébé se charge de l'esprit de Martin complètement désorienté. Il a beau demander de l'aide mais Phébé le taillade en coups d'éclairs en citant à haute voix :


"J'accepte qu'au centre de mon coeur, il y ait la bonté et que mon essence soit l'amour, mais que parfois je l'oublie"


Ces paroles de prières païennes atteignent l'île Carney et l'île Booth.



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2 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 ans

Beaucoup de tendresse et toujours autant de poésie dans ce texte.

Mary Cerize

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Il y a 2 ans

Merci bien pour ton intérêt lecture et ton observation 🙏🏽🌟
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