Fyctia
Chapitre 24
La pause était déjà finie et les étudiants avaient repris place autour de leurs bureaux. Les deux filles firent de même et juste avant que le cours ne commence Emma entendit un merci sortir timidement de la bouche de Lisa. L’heure se passa normalement, enfin aussi normalement qu’Emma pouvait l’imaginer. La pause de midi était déjà là et Lisa et Emma déjeunèrent dans la bonne humeur, elles rirent de l’incident du matin, et programmèrent déjà une partie de leur week-end. Les cours finiraient ce soir à seize heures et reprendraient lundi. Elles avaient donc deux jours rien qu’à elles et elles avaient décidé que Lisa montrerait tout ce qui vaut la peine d’être vu à Emma. Quand quatorze heures sonnèrent elles se séparèrent, Lisa rejoignit les mages et Emma les combattants à mains nues. Elle était dans le groupe qui portait de lourdes armures sur les épaules. Un homme grand, très grand, environ deux mètres, s’approcha d’elle. Il était impressionnant, sa taille, mais aussi ses muscles firent frémir Emma. Elle eut l’impression que si jamais il lui mettait une baffe, elle finirait à la morgue. Il était torse nu, ce qui permit à Emma de contempler chacun des abdos de cet homme. On aurait dit un culturiste, mais encore plus développé. Il avait une grande cicatrice sur son œil gauche et celui-ci était fermé. Emma devina qu’il devait l’avoir perdu lors d’une bataille. Sa voix correspondait totalement à son corps, elle était grave, puissante. Il lui ordonna de suivre le groupe et Emma ne pensa pas une seule seconde à le contrarier. Ils arrivèrent dans un champ immense. Il y avait une partie totalement labourée, comme si un match de rugby venait de s’y dérouler. Une grosse voix se fit entendre.
-Bien, on commence par l’échauffement.
Emma entendit le tintement des armures quand tous les élèves se mirent à courir. Elle déglutit en se demandant si elle allait devoir faire pareil. Les armures avaient l’air de peser des tonnes et Emma se demandait comment les autres faisaient pour pouvoir ne serait- ce que bouger avec. Son professeur lui, n’avait pas encore dit un mot.
-Je dois courir moi aussi ?
-Non.
Emma attendit la suite, mais rien ne vint. Au bout de quelques minutes, il prit finalement la parole.
-Désolé d’avoir était si long, je réfléchissais à un entraînement qui ne te tuerait pas.
Emma sourit, mais quand elle vit dans le regard du prof qu’il ne plaisantait pas, son visage changea de couleur. Elle aurait voulu prendre ses jambes à son cou, mais ne réussit pas à bouger d’un millimètre. L’homme s’éloigna et revint quelques minutes plus tard avec une armure, celle-ci était totalement noire et possédait plusieurs couches.
-Tiens, mets ça. Tu devrais être en sécurité avec.
Emma attrapa l’armure et vit qu’elle pesait relativement lourd, elle se demanda comment elle arriverait à la lever assez haut pour pouvoir l’enfiler. Elle essayait de toutes ses forces de soulever l’armure, mais cette dernière ne dépassait jamais les épaules. Elle finit donc pas changer de tactique et décida de la tenir horizontalement et de se baisser elle. Elle enfila d’abord la tête et lâcha l’armure d’une main. Elle glissa cette dernière à l’intérieur et réussit à la passer. Puis ce fut au tour de la deuxième. Emma sentit une douleur dans son cou, mais n’en dit rien. Elle se releva avec l’armure sur les épaules. La sensation était moins désagréable que prévu. L’armure était lourde certes, mais s’adaptait parfaitement à ses formes. Elle était assez courte, lui arrivait juste en dessous de la taille, et s’arrêtait au niveau des épaules ce qui laissait ses bras libres de tout poids. Elle se frotta le cou pour essayer de faire partir la douleur, mais elle avait dû se froisser un muscle. Elle sursauta en entendant le maître crier.
-On passe aux sauts.
Tous les élèves se mirent donc à sauter, des sauts qu’Emma n’avait jamais vus ni même imaginés. Les élèves faisaient des bonds de plusieurs mètres et tout cela en avançant. Malgré le poids leur vitesse était élevée. Emma n’avait encore reçu aucun ordre, elle décida donc de faire pareil que les autres, bien sûr ses sauts à elle étaient bien plus petits et elle n’avançait pratiquement pas. Au bout d’une dizaine de minutes l’exercice changea, cette fois les élèves se mirent deux par deux et commencèrent à se battre. Les coups fusaient. Emma avait presque l’impression d’entendre l’air brassé par ces coups si puissants ! Elle était si subjuguée qu’elle ne remarqua pas que quelqu’un s’approchait d’elle. Une main se posa sur son épaule et elle fit un bond en arrière en mettant ses deux mains devant elle. Un jeune garçon se tenait là, il devait avoir quatorze ans, pas bien plus. Par contre il faisait déjà la même taille que Lisa et devait peser dans les quatre-vingts kilos. Il avait les cheveux bruns et une coupe au bol qui paraissait dépassée. Son visage tout rond faisait penser à un bébé. Un gros bébé !
-Tu veux bien t’entraîner avec moi ?
Emma fut surprise de la question, mais tout aussi enchantée. Elle eut envie de dire non, car elle ne se voyait pas se battre contre quelqu’un d’aussi fort, mais elle ne voulait surtout pas le vexer. Après tout il avait quand même fait l’effort de venir lui parler. Ils se mirent tous deux en position, Emma ferma ses poings comme son frère le lui avait appris il y avait de nombreuses années. Celui-ci lui avait déjà donné quelques cours de boxe par le passé, ce qui lui avait valu quelques bleus et de nombreuses réprimandes de ses parents. Emma s’approcha et porta le premier coup, le jeune homme l’évita facilement et frappa à son tour sur l’épaule d’Emma. Celle-ci ne ressentit pas grand-chose, l’armure avait fortement atténué le coup. Il la frappa à nouveau, cette fois en direction de l’autre épaule, mais Emma arrêta son coup de son bras, elle ne lui laissa pas le temps de se remettre en position et le frappa dans le ventre. Le garçon était surpris, il ne s’attendait pas à ça. Bien sûr le coup était prévisible, peu fort et mal placé, mais il n’en croyait pas Emma capable. Il décida de la prendre au sérieux et accéléra les frappes. Emma n’arrivait plus à en placer une seule, toute sa concentration passait à contrer. Il ne la frappait qu’avec les poings, alors que tous les autres utilisaient poings et pieds. Il allait de plus en plus vite et Emma avait du mal à suivre la cadence. Elle était en train de se fatiguer, son corps ralentissait peu à peu, elle avait l’impression que la scène tournait au ralenti et que son esprit partait ailleurs.
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