Fyctia
Chapitre 14 (partie 2)
Sweta arrive deux heures plus tard. C’est une très belle jeune fille aux longs cheveux ébène et aux yeux aussi noirs que le charbon.
Elle s’installe avec nous après que Tahiri nous ait présentées.
— Ça va te changer de ta chambre actuelle, me dit-elle, car celle pour le personnel ont un confort amoindri.
— Ce n’est pas ça qui me fera peur, c’est déjà bien gentil à toi de me rendre ce service.
— Oh… je ne peux rien refuser à Tahiri, ajoute-elle en lui adressant un clin d’œil. Il est comme un frère pour moi alors les échanges de services, nous ne connaissons que trop bien.
— Je te remercie. Vraiment ! Tu n’imagines pas ce que ça représente pour moi.
— Il t’a expliqué les règles par contre ?
— Oui, il faut que je me fasse discrète pour que personne ne soit au courant de ma présence à ta place.
— C’est exactement ça. Et le mieux serait d’ailleurs que tu déménages tes affaires cette nuit, il y aura moins de monde qu’en plein jour.
— Je termine mon service dans une heure, je pourrais t’aider si tu veux, propose Tahiri en passant à côté de nous, un énorme plateau chargé de boissons en équilibre sur sa main.
— Ce serait super ! Merci à tous les deux.
— Par contre, il faudrait que je te montre le chemin maintenant, je suis attendue ailleurs, annonce Sweta en se levant.
— Très bien, je comprends, dis-je en me levant à mon tour en chancelant. Nini, tu viens avec nous ?
— Non, je préfère rester là encore un peu. Je te rejoins dans une heure avec Tahiri à ta chambre et nous t’aiderons avec tes affaires.
— Euh… je n’ai qu’une valise tu sais, répliqué-je en souriant.
— Peut-être, mais vu l’état de ta chambre ma belle, on va mettre du temps à tout rassembler, lâche-t-elle en éclatant de rire.
Je partage son hilarité en repensant effectivement au bordel que j’ai pu mettre. Je dois avoir des affaires dans les quatre coins de la pièce !
— Comme tu veux, à tout à l’heure alors, conclus-je avant de m’en aller accompagnée de Sweta.
Nous remontons la plage jusqu’à l’Hôtel du Soleil Couchant en parlant de tout et de rien. Elle est vraiment agréable, comme toutes les rencontres que j’ai pu faire ici d’ailleurs. Même son sourire communicatif ne s’efface pas lorsque je titube et qu’elle me rattrape de justesse pour ne pas que je tombe face contre terre. Hum, j’ai peut-être effectivement bu plus que de raison… Tant pis, il faut savoir relâcher la pression de temps en temps ! Et puis, je ne suis pas non plus complètement ivre, la preuve, j’arrive à tenir une conversation. Enfin je l’espère, j’avoue avoir parfois du mal à comprendre ce que me dit Sweta, mais je mets ça sur le compte de son accent créole qui déforme certains mots. Oui, ça doit être ça.
Nous passons devant le grand hall de l’hôtel et elle tape un code sur un petit boitier qui orne une lourde porte en métal.
— C’est la porte de service, tu passeras plus facilement inaperçue en passant par là ; nos réceptionnistes ont une très bonne mémoire visuelle et ils remarqueront tout de suite que tu ne fais pas partie des clients, m’explique-t-elle.
— Je pourrais tout simplement rendre visite à quelqu’un ?
— Ne tentons pas le diable. Passe par ce passage, ce sera plus simple.
La porte s’ouvre sur un long couloir éclairé par des néons fluorescents qui me brulent les yeux et me donnent la migraine. Je retire mes chaussures pour un meilleur équilibre.
— Ça va aller ? me demande Sweta.
— Oui, oui, ce sont juste ces lumières qui m’aveuglent.
Les lumières… Ou la bonne cuite que je viens de me prendre !
Tout au bout, le couloir se sépare en deux. Nous prenons sur la gauche puis, à la nouvelle intersection, sur la droite. Elle s’arrête devant la porte portant le numéro vingt-huit et la déverrouille à l’aide d’une clé qu’elle me tend.
— Et voilà ton nouveau chez toi. J’ai pris soin de débarrasser toutes mes affaires avant de vous rejoindre. Sur l’étagère là-bas, ce sont des draps propres. Tiens, elles sont à toi maintenant, me dit-elle en me tendant les clés. N’oublie surtout pas de les rendre à Tahiri avant ton départ, je pourrais avoir des problèmes sinon.
— Tu peux compter sur moi. Tu me fais une énorme faveur, je ne te causerai pas d’ennuis, crois-moi.
Elle le répond par un sourire.
— Ça va aller ? Tu vas retrouver ton chemin pour sortir ?
— Oui, c’est assez simple.
— Bon et bien je te laisse alors. Bonne installation.
Sur ce, elle tourne les talons et poursuis son chemin en continuant d’avancer dans le couloir avant de disparaitre à un angle.
Eh bien, eh bien, tout ce qu’on peut dire de cette chambre, c’est effectivement qu’elle va beaucoup me changer de celle que j’occupe actuellement. Un lit d’une seule place, un petit bureau et une étagère à cinq étages sont les seuls meubles qui occupent la pièce. Dans l’alcôve du fond, je découvre une douche à l’italienne pas très grande et un toilette qui aurait besoin d’un bon rafraichissement. On est vraiment loin du confort de ma chambre mais bon, je m’en contenterai, c’est toujours mieux que rien.
Dire que je ne savais même pas qu’il y avait des chambres de personnels dans les hôtels ! Sweta m’a expliqué que ça ne se faisait pas partout, mais que certains en avaient aménagés car c’était plus simple pour accueillir les saisonniers.
Je referme la porte derrière moi et la verrouille avant de reprendre le chemin en sens inverse pour rejoindre ma chambre au Paradise et rassembler mes affaires.
Lorsque je sors, je longe le bâtiment comme je l’ai fait avec Sweta et passe devant les grandes portes d’accueil. C’est alors que j’aperçois, un peu plus loin devant moi, un couple qui attire toute mon attention. Scott et Misha !
Je quitte aussitôt le trottoir et rejoins la plage pour m’éloigner d’eux ; je ne me sens pas capable de les croiser ce soir. Ma bonne humeur est revenue, je ne tiens pas à la voir ternir à nouveau.
Je ne peux cependant pas m’empêcher de jeter un coup d’œil dans leur direction et découvre que tous deux me dévisage, l’un avec peine, l’autre avec haine. Je me rends alors compte qu’il serait étrange que je les évite, Misha ne comprendrait sans doute pas pourquoi, alors que nous avons bien parlé au restaurant samedi soir, je les évite aujourd’hui. Je leur adresse alors un bref signe de main pour les saluer et détourne aussitôt le regard avant même de voir s’ils ont pris la peine de me répondre.
Je continue de me trainer dans le sable qui me fait perdre l’équilibre, déjà que l’alcool m’en a fait perdre beaucoup. J’ai l’impression que ça fait des heures que je marche. Je m’arrête alors un court instant pour relâcher la pression et souffler, comme si je venais de courir un marathon alors que je n’ai en réalité parcouru que quelques mètres. Cette rencontre inopinée a fait accélérer mon cœur et m’a coupé le souffle. Comme si leur simple vue avait un quelconque impact sur moi. Et j’ai beau me convaincre, c’est pourtant le cas.
Je relève la tête, honteuse qu’ils aient pu me voir dans cet état, et m’apprête à rejoindre mon hôtel quand une main agrippe mon bras et me tire en arrière pour me faire me tourner.
4 commentaires
FlorenceMrn
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Il y a 9 ans
AlexiaDujardin
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Il y a 9 ans
QuillQueen
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Il y a 9 ans
LudivineGoblet
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Il y a 9 ans