PhoenixA God or demon Chapitre 5

Chapitre 5

Je montrai le dossier que je tenais fermement comme pour appuyer mes dires. Puis, je m’empressai de me diriger vers le bureau d’Idris. Avant que je ne quitte l’accueil, Edith m’interpella : 


— Tu vas nous le ramener, n’est-ce pas ? 


— Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, la rassurai-je. 


Pendant quelques secondes, elle arrêta d’être la garce qu’elle avait toujours été et surtout, elle m’avait tutoyée, un grand pas venait d’être franchi. Néanmoins, l’étrange sentiment qui m’habitait ne me lâchait pas. Comme un terrible poison qui se déversait dans mes veines. Je sus que je ne serais rassurée que quand elle serait morte. 


— Bon, de toute façon, tu es assez cinglée pour réussir. 


Je souris : Edith venait-elle de me faire un compliment ? Il devait pleuvoir en enfer ! Je n’aurais rien de mieux venant d’elle. Je le savais et surtout, me dis-je, elle ne m’aurait pas ainsi. Foutu dragon !


— Oh, ne t’inquiète pas, je ne suis pas une débutante, je suis sur le coup, la singeai-je. 


Kev me suivit. Il semblait qu’il avait décidé de me coller comme un gosse de quatre ans. En tournant la poignée de la porte, je lui demandai enfin : 


— Je peux savoir ce que tu fous ? 


— Euh, dit-il en se grattant la tête. Je n’ai aucune mission, aujourd’hui. J’ai pensé que tu pourrais avoir besoin d’un coup de main. 


Je soufflai pour la énième fois. La journée allait être longue. 


En pénétrant finalement dans le bureau de mon père, mon regard tomba sur le désordre qu’il y régnait. Idris n’avait jamais été très maniaque. Pire, il aimait laisser traîner les choses, les entasser et ne jetait jamais rien. Pour preuve, les livres empilés les uns sur les autres remplissaient la pièce, des feuilles étaient éparpillées partout, de la craie, signe qu’il avait réalisé un sort, et même ma tasse à café d’il y avait trois jours. 


Ce jour-là, il était assis près de la fenêtre et me hurlait dessus comme si je n’avais été qu’une gamine. Une boule se forma dans ma gorge. 


— Vas-tu arrêter de prendre des risques inconsidérés ? avait-il crié. 


Je l’avais regardé droit dans les yeux avec une lueur de défi. 


— Pas avec moi, jeune fille ! Baisse immédiatement ce regard insolent ! 


Cela m’était impossible. Je ne pouvais agir autrement. J’étais faite ainsi. L’insolence avait toujours été ma réponse à tout, surtout quand je me sentais piégée. Alors, je l’avais regardé droit dans les yeux et lui avais lancé :


— Je fais ce pour quoi tu me paies. 


Il avait reculé comme si je l’avais giflé, mais je n’avais pas fini. 


— Je pars en mission et je reviens toujours entière une fois qu’elle est accomplie. Je ne comprends pas que tu t’inquiètes autant. 


— Tu ne comprends vraiment pas ? Si j’envoyais Joshua et Noah sur l’une de tes missions, que dirais-tu ? 


— Je dirais que tu es inconscient, ils n’ont pas eu le même entraînement que moi. 


— Là n’est pas la question, Tash, je suis ton père. Que ressentirais-tu en tant que sœur si je le faisais malgré tout ? 


Avec une mauvaise foi évidente, j’avais répondu : 


— Je suppose que je me débrouillerais pour qu’ils reviennent tous deux en un seul morceau. 


Idris avait soufflé. 


— Tu aurais la trouille de ta vie, hurla-t-il. Voilà comment tu te sentirais. Exactement comme je me sens quand tu quittes nos locaux. Tash, je ne te dis pas de ne pas prendre de missions, juste de faire attention et d’emmener quelqu’un avec toi quand il s’agit de quelque chose de difficile. 


Je savais bien qu’il s’inquiétait. Alors sans scrupule, j’avais menti : 


— Bien, ne t’inquiète plus. Quand ce sera nécessaire, j’emmènerai un autre chasseur. Peut-être que Kev voudra bien me tenir compagnie, avais-je souri. 


Finalement, Idris s’était calmé. Il s’était assis et avait tourné sa cuillère dans son café. Il n’était pas dupe. Ce n’était pas la première fois que nous avions cette discussion et à ce moment-là, j’ignorais que c’était la dernière. 


— Tu me tueras, avait-il alors soufflé. 


Et voilà maintenant qu’il n’était plus qu’une pierre froide. Je retins un sanglot. J’aurais voulu qu’il soit encore là aujourd’hui à me crier dessus et cette fois, j’aurais été une bonne fille en faisant en sorte qu’il ne s’inquiète plus. Je lui aurais promis avec sincérité que je prendrais un équipier pour assurer mes arrières. 


Je regardai Kev et ma toute nouvelle résolution vacilla. De qui je me moquais ? S’il y avait une chance de ramener Idris, je prendrais tous les risques. Il n’était certainement pas question que j’entraîne quelqu’un, surtout Keyvan, dans ma quête.


Je m’installai sur la chaise d’Idris en positionnant mes pieds sur le bureau en essayant d’éviter les documents qui le jonchaient. J’avais toujours pensé que cette place était la meilleure. Kev, quant à lui, prit place en face, sur un fauteuil, celui sur lequel je m’affalais habituellement. Il me sembla bien plus confortable, pour une fois. Un juron m’échappa. 


J’avais à peine commencé ma lecture qu’un truc me sauta aux yeux : le type qui s’était occupé de la précédente affaire m’était inconnu. 


Un certain Gilles Fredman. Pourtant, je connaissais quasiment tout le monde, ici. Je traînais dans ces bureaux depuis l’âge de cinq ans. Alors qui était ce Gilles machin chose ? 


— Eh, Kev. Gilles, je relus mes fiches pour être sûre de ne pas me tromper — Fredman, ça te dit quelque chose ? 


Il réfléchit quelques minutes avant de sourire. 


— Oui, je l’ai aperçu une fois.


Mais je crois que le boulot de chasseur ne lui convenait pas. La MIN s’est arrangée pour l’éloigner tout en trouvant le moyen de le réduire au silence. 


Je levai un sourcil narquois. Le réduire au silence ? Le seul moyen que je connaisse pour réussir un tel exploit était d’envoyer le type six pieds sous terre. J’étais curieuse de savoir comment la MIN s’était occupée de son cas. 


— Je suppose que l’organisation garde des traces de ses anciens employés ? Il nous faut retrouver ce Freeman. 


— Fredman, me reprit Kev. 


— Fredman ou Freeman, quelle importance ? Je ne suis pas sa mère et je ne fais pas partie de sa famille, que je sache ! 


Je me replongeais dans ma lecture quand la porte s’ouvrit avec fracas et qu’un gros bonhomme dégarni avec une énorme bedaine entra sans y être invité. 


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