Fyctia
Légendes ou Vérités? Partie 1
— Alors, la visite te plaît ? me demanda Paul.
— je ne sais pas trop quoi te dire, repris-je, étonnée par l’intérêt soudain qu’il me porta. Elle vient juste de commencer.
Soudain, je compris. Perdue dans mes pensées, je n’avais pas remarqué la présence de Jess toute proche.
— Ouais mais, le plus important est passé, affirma-t-il.
J’eus beaucoup de mal à ne pas être d’accord avec lui. J’avais passé les derniers mois à étudier plus que de raison, et plus particulièrement les cours d’histoire. Au point que j’eus terminé le programme de l’année, bien nous n’étions qu’à la mi-décembre.
—Il reste beaucoup de chose à voir, déclarai-je, mais il regardait en direction de Jess, devant nous.
—Parfois, je me demande si elle vit dans le même monde que nous, lança-t-il comme s’il avait réfléchi à haute voix.
—Parfois je me demande si TU vis dans le même monde que nous, lançai-je à mon tour, afin de lui faire prendre conscience de l’ironie de son propos.
—J’ai simplement les yeux ouverts, trancha-t-il en ignorant ma réponse.
Désireuse de regagner son attention, Chloé qui s’était rapprochée de nous à la manière d’une anguille, demanda à Paul ce qu’il allait faire durant les vacances, se désintéressant de moi. J’observai Paul d’un regard oblique. J’éprouvai une impression étrange, que je tentai d’ignorer. Sans succès.
— Les vacances ? Eh bien, je vais chasser les extraterrestres, bien entendu. Rétorqua-t-il avec une grimace, apparemment préoccupé par ma remarque sur son monde.
J’eus soudain une idée. Une idée stupide, certes, mais j’espérais que le jeune Paul, apprécierait d’avoir une oreille attentive à ses théories. Il en connaissait un rayon sur les extraterrestres et les démons. Il en savait bien plus que moi, dans tous les cas, et j’espérais qu’il put éclairer ma lanterne au sujet des Gargouilles.
— Tu fais comment pour chasser les extraterrestres ? Tu guettes les signaux à la radio, ou tu scrute le ciel au télescope ? J’avais essayé de me remémorer le peu de choses que j’avais pu voir, dans les rares films et séries de science-fiction que j’avais regardé, plus jeune.
Je me fis l’effet d’une crétine, cependant, Paul étudia ma question.
— En général, je pars dans les collines avec mon père, confessa-t-il, flatté. On prend simplement deux paires de jumelles, et des détecteurs de radioactivité. En plus de tous ce qu’il faut pour y passer la nuit, précisa-t-il.
— Vraiment ?
Je craignis que Paul ne découvrît ma ruse et se détourne, à raison, mais il semblait toujours aussi enclin à parler de sa passion.
— Oui, c’est mon père qui m’a initié à l’astronomie. Lorsque j’étais enfant, on allait souvent pique-niquer, avec ma mère, admit-il en plissant le front. Mais leur relation a beaucoup changé, depuis quelques temps. Enfin, je suis grand, maintenant, tempéra-t-il. Je peux sortir seul.
—C’est dommage pour ta famille, dis-je, compatissante. Par bien des égards, sa situation familiale ressemblait à la mienne. Cela faisait un certain temps, que je n’avais pas assistée à un match avec mon père. Et, la relation entre Antoine et Marie se détériorée lentement. Je me sentis soudainement honteuse de ne pas m’être davantage intéressée à Paul, alors qu’il tournait autour de Jess, et donc de moi, depuis aussi loin que je m’en souvienne. Et maintenant, la seule raison pour laquelle nous avions cette discussion, fut purement égoïste.
Paul parut s’absorber dans la contemplation des magnifiques peintures qui ornaient la pièce
— Heu... hésita-t-il, tu veux savoir un truc fascinant à propos de cette cathédrale ?
— Tu sais bien que je suis une passionnée d’histoire, fis-je en adoptant un sourire complice. En plus, je suis ultra curieuse.
N’en faisais-je pas un peu trop ?
— Tu aimes les histoires insolites ? lança-t-il, tous sourire.
— Je suis écrivaine, m’exclamai-je comme si la réponse était évidente. Il me fixa d’une moue surprise, et je me rendis compte que Jess fut alors la seule personne de tout le lycée à connaître mes passions.
— Tu connais des légendes sur les Gargouilles de cette cathédrale ? commença Paul.
— Pas vraiment, assurais-je en tenant de masquer mon intérêt.
— Eh bien, disons qu’il existe des tas d’histoires, la plupart remonteraient à sa construction. Il y en a une en particulier, qui prétend qu’un homme, un apprenti-serrurier, voulait devenir maître. Pour cela, il devait accomplir un véritable chef-d’œuvre. On lui confia alors la tâche de fabriquer les ferrures des portes de la Cathédrale. Il y passa des jours et des nuits, cependant, il fut découragé par l’ampleur du travail.
Paul me lança un regard oblique. Comme pour étudier ma réaction.
—Une nuit, il jeta fer et marteau dans le feu de sa forge, en criant : « Au Diable ! ». On dit que le Diable apparut aussitôt, et lui proposa un marché : les ferrures contre son âme. L’homme refusa, mais au matin, quand il se réveilla, il trouva sur son enclume, les ferrures terminées et encore plus parfaites qu’il ne les avaient imaginées. Quand ils virent le travail de leur élève, les Maîtres s’extasièrent, et, bien sûr, il fut nommé maître-serrurier. Mais quand les ferrures furent installées, on s’aperçut que seules celles de la porte principale fonctionnaient, alors que celles des portes latérales, celles qui servaient aux fidèles, restèrent bloquées, les empêchant ainsi d’aller prier. Ils furent obligé de les changer. L’homme perdit sa joie de vivre, et finit par en mourir, Certains disent qu’il a été emporté en enfer, d’autres qu’il a été sauvé par la Vierge. Cette légende confirme que le Diable, lui—même, a indirectement prit part à la construction de la cathédrale.
—C’est… incroyable, soufflai-je, impatiente d’en savoir davantage. Paul m’adressa un clin d’œil.
—Et, c’est pas tout ! Fit-il, comme s’il avait gardé le meilleur pour la fin.
Je restais perplexe. Les histoires de serrures et de Diable n'avaient aucun intérêt pour moi. J'eus l'impression de piétiner sur place, lorsque Paul se reprit, tirant une nouvelle légende de son chapeau.
—Une autre histoire raconte qu’un homme est mort, là-bas, juste devant ces mêmes portes.
— Mort ? répétai-je sans plus cacher ma curiosité.
— Oui. La légende raconte que l’homme était un riche usurier désireux de se marier ici. Le jour du mariage, le cortège nuptial, accompagné de musiciens, se rendit jusqu’au pied de la cathédrale. Là, les futurs époux s’arrêtent devant les portes pour échanger leur consentement mutuel. Les portes s’ouvrirent devant eux, lorsqu’un objet en pierre, provenant de la façade, se détacha et tombât directement sur la tête de l’usurier, le blessant mortellement. La légende veut que ce soient les Gargouilles qui ont fait tomber la pierre sur sa tête.
—Pourquoi auraient-elles fait une chose pareille ? Je le dévisageai avidement.
Paul leva les yeux au ciel.
—Réfléchis un peu, fit-il avec une grimace lugubre. Ce sont des Démons, des enfants du Diable. Alors, un mariage… tu penses bien que ça ne devait pas leur plaire.
3 commentaires
Magali_Santos_auteur
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Il y a 2 ans
Jay H.
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Il y a 2 ans
Felicia 🖤
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Il y a 2 ans