Fyctia
Chapitre 25
Le silence s’installa soudainement. L’instant suivant, Jess éclata d’un rire aigu. Chloé n’eut aucune réaction. Du moins, elle ne fut pas sonore. La déclaration de Paul me prit au dépourvu, si bien que je me mis à contempler mes chaussures. —Des Vampires à Paris ? —Quelques jours plus tôt, je n’y aurai jamais cru. Mais aujourd’hui… Il me fallut toute ma concentration, pour ne pas démontrer mon intérêt pour cette étrange affirmation. Depuis maintenant plusieurs mois que je connaissais Paul, je savais qu’il passait le plus clair de son temps sur le net, à naviguer de site conspirationniste à un autre. Elaborant, presque chaque semaine, une nouvelle théorie. Après les Illuminati, les Francs-Maçons, et autres Hommes du Nord, ce fut au tour des Vampires d’entrer en scène.
—Je savais que ça allait vous en boucher un coin, déclara Paul.
—Des… Vampires, répéta Chloé, incrédule. Tu veux dire, comme dans les films ?
—Et, dis-moi. Il n’y aurait pas des Loups Garoux, dans ta conspiration ? J’ai toujours rêvé de rencontrer Taylor Lautner.
—Ne te moque pas de moi, s’offusqua Paul.
Alors qu’il tenta d’argumenter sa théorie, Chloé et Jess partirent dans un long échange, portant principalement sur leur personnage favori de la saga Twilight. Assise dans mon coin, je ne les écoutais plus que d’une oreille distraite. Paul subissait les moqueries concernant sa théorie, tandis que je m’imaginais révéler mon secret à Jess. Certes, contrairement à Paul, je ne fus pas une adoratrice des sites conspirationnistes, cela aurait pu jouer en ma faveur auprès de mon amie. Cependant, si tel n’avait pas été le cas, aurais-je moi aussi essuyer les foudres de sa critique ? Finalement, cela aurait été bien pire que de me faire interner dans un hôpital psychiatrique !
L’alarme de mon téléphone portable me tira de mes pensées. En bonne élève que je fus, mêmes mes pauses repas furent sujet au chronométrées.
—En route pour le pays des merveilles ! s’esclaffa Jess, à l’attention de Paul.
Ce vendredi-là, prit des allures d’école buissonnière. Les vacances d’hiver ne furent plus qu’a deux semaines, déjà des relents de liberté et de repos, bien mérités envahissaient le lycée tout entier.
Nous avions pour consigne de tous nous rassembler dans la cour du lycée. Là où se rejoignaient le hall conduisant à la salle dans laquelle Madame Benoit prodiguait ses cours d’histoire d’un côté, et le vaste porche menant vers l’immense gymnase de l’établissement privé de l’autre. Madame Benoit avait eu une excellente idée en organisant cette sortie. Tous les élèves de la classe, s’étaient regroupés en une masse compacte d’adolescents de diverses tailles. Certains, les plus petits, avaient peine à voir quoique ce fut qui aurait été plus loin que le bout de leurs chaussures, tandis que les autres, les plus grands, se dressaient vers le ciel à la manière de building. Des cheveux noirs, brun et quelques mèches blondes, dépassèrent de l’ama de tête et se mélangeaient avec des casquettes. Tous semblaient prit de frénésie. Jess et moi avions pris l’habitude d’éviter les agglutinements d’élève, et préférâmes nous tenir en retrait de la foule compacte. Chloé et Paul se tinrent à nos côtés, jusqu’à ce que Madame Benoit arrivât, accompagnée pour l’occasion de Monsieur Petit, le professeur de technologie.
Le trajet jusqu’à la Cathédrale se fit en autobus, et dura près de quarante-cinq minutes. Trois quart d’heure, durant lesquelles la horde de lycéens côtoya des hommes et des femmes de tout âge. Certains se rendaient à leur travail, tandis que d’autres, des personnes âgées, principalement, gardaient des sacs et des caddies débordants de courses à leurs pieds.
Les élèves les plus indisciplinés, occupèrent les places situées au fond du bus dès leur embarquement. Ils parlaient fort en écoutant leurs musiques favorites, tandis que Jess, Paul, Chloé et moi, nous tenions au plus près des premières places. Celles situées juste derrière le chauffeur, et de l’entrée principale.
Monsieur Petit et Madame Benoit, eurent fort à faire pour tenter de faire régner un calme relatif. Bien entendu, c’est en tant que déléguée de classe, que Jess fut mise à contribution. Elle joua les porte-paroles durant la quasi-totalité du déplacement. Lorsque nous arrivâmes à destination, Jess avait due parcourir plusieurs kilomètres à faire le piston entre nos places et l’arrière de l’autobus.
—Tu peux me rappeler pourquoi j’ai accepté d’être déléguée ? soupira Jess.
—C’était toi, ou l’intello de service, répondit Paul en me désignant du regard. Et, personne n’aime les délégués intellos.
La seule raison pour laquelle, Paul daignait me côtoyer en dehors des cours, fut la présence quasi-constante de Jess à mes côtés. Quant à Chloé, sa présence ne fut due qu’à celle de Paul. Bien que faisant parti, lui aussi, de la catégorie des intellectuels, Paul fut avant tout un geek. Il lui fut impossible de résister à la puissante attraction qu’exerça Jess, ses tatouages, et son caractère rebelle. Néanmoins, il faisait partie de ces rares garçons qui ne passaient pas leur temps à parler de mécanique, ou du dernier cd à la mode. Il me fut bien plus facile de tolérer sa présence. Chloé était plus légère. Bonne élève, bien qu’elle ne fût pas particulièrement brillante, elle avait tout du caméléon. Tantôt effacée, au point qu’on en oubliât parfois sa présence, tantôt, si bavarde que l’on pouvait s’imaginer recouvrir sa bouche avec du ruban adhésif, elle était pleine de vie. Seule ombre au tableau : Paul n’avait d’yeux que pour Jess.
—Il faut dire que tu es bien plus effrayante qu’Angélina, reprit Chloé.
—Effrayante, tu trouves ? l’interpela Jess.
Chloé se reprit aussitôt.
—Non, oui… euh. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a que toi qui pourrait calmer ses gugusses, fit-elle en désignant le fond du bus.
—ah, oui ? Eh bien, crois-moi que si je dois encore jouer aux gendarmes quand on rentrera, ça ne va pas être beau à voir !
Jess plissât les sourcils, pour se donner un air menaçant.
—Vraiment… effrayante, dis-je lorsque son regard de braise se posa dans ma direction.
Inévitablement, elle ne put contenir un rire qui fit disparaître toute forme de gravité de son visage. Monsieur Petit avait pris place au milieu du bus, tandis que Madame Benoit se trouva à l’arrière. Elle invita les élèves à rejoindre le professeur de technologie, ce dernier les guidait vers l’extérieur. Puis ce fut notre tour. Tout ce petit monde s’était rassemblé sur le large trottoir, à quelques enjambées seulement de notre destination finale.
Nous traversâmes au passage clouté à l’angle de la rue de la cité, et du Parvis Notre Dame. Notre place en queue de file, me donna tout le loisir d’admirer la vue qui s’offrait à moi. De l’autre côté des platanes aux branches dégarnies par l’arrivée de l’hivers, se dressaient les majestueuses tours de la cathédrale, ses rosaces, ainsi que ses grandes arches.
—Restez groupés, intimât Madame Benoit.
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ooorianem
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Il y a 2 ans
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Il y a 2 ans
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Elodée
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Magali_Santos_auteur
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Il y a 2 ans
Dacia
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Il y a 2 ans