Dacia Gargouilles. La porte des ténèbres. Chapitre 4: Deuxième partie

Chapitre 4: Deuxième partie

—Je ne vois pas bien le rapport entre Jess et Monsieur Auvono, s’interposa Marie.

—Elle s’appelle Jessica Auvono et Charles est son père, déclarais-je sans autre forme de préambule.

Marie et Antoine se regardèrent l’air hébété.

—Ils passeront me prendre vers dix-huit heures et je rentrerai dans la soirée. Ou peut-être dimanche matin, si ça vous va.

J’argumentais outrageusement. Rien n’avait encore été clairement convenu avec Jessica et son père, mais je sentis l’hésitation plus que palpable de mes parents. Je devais frapper le fer tant qu’il était encore chaud, et cette promotion tombait à point nommé. Je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour en tirer parti.

—Jess est la fille de Charles Auvono. Eh bien, voilà qui est inattendu. Fit Antoine en portant sa coupe de champagne à ses lèvres.

—Ne me dit pas que tu envisages sérieusement de la laisser aller à ce diner. Bredouilla Marie. Cette fille est…

—Tout à fait charmante, l’interrompit Antoine. Je sais que ce n’est pas le grand amour entre vous, reprit-il d’une voix calme et posée, mais en ce qui me concerne, je la trouve polie et plus que correcte. Notre fille est intelligente. Si elle l’a choisie comme amie nous pouvons lui faire confiance.

—Après tout ce n’est qu’une soirée entre ados, soupira Marie après un long moment d’hésitation. Je m’apprêtais à sauter de joie lorsque Marie reprit. Mais je te préviens jeune fille, je veux que tu gardes ton téléphone portable avec toi, et que tu me promettes de me prévenir s’il y a le moindre problème.

—Croix de bois, croix de fer...

Emportée par l’excitation, je quittais le garage pour me précipiter dans ma chambre. Marquant l’arrêt devant la fine porte qui séparait le garage du reste de la maison, je me retournais en direction d’Antoine :

—Au fait P’a, je suis contente pour ta promotion.

Il m’adressa un large sourire :

—On fêtera ça devant un match, déclara-t-il en tirant quelque chose de la poche de son pantalon. Le week-end prochain, deux places pour Rennes-Marseille. Fit-il en agitant les billets. Ça fait partie de la promotion.

—Promit ! répondis-je.

Noël n’arriverait pas avant un mois et deux semaines, pourtant, je fus aussi excitée qu’un enfant la nuit du réveillon. Une soirée chez Jess et un match de football avec mon père —Dans un vrai stade qui plus est !—. J’eu l’impression de rêver.

Dans ma chambre, je tentais de modérer ma joie. « C’est presque trop beau pour être vrai ». M’asseyant sur le rebord du matelas, je sorti le téléphone portable de mon jean avant que Marie ne change d’avis.

—Tu ne devinera jamais. Mes parents sont d’accord pour que je vienne chez toi !

—Pourquoi, tu en doutais ? Je suis une fille géniale, répliqua Jess en ricanant.

—Ouais, une fille géniale avec les bras recouverts de tatouages. Ça suffit pour que ma mère ait des réticences.

—Ta mère est une femme bien. C’est normal qu’elle s’inquiète pour sa petite fille chérie, souligna Jess. C’est ce que toutes les mères font.

—Je te comprends pas. Pourquoi tu prends toujours sa défense alors que tu sais très bien ce qu’elle pense de toi ?

—Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? On ne peut pas plaire à tout le monde. Et, je suis sûre que ça va finir par lui passer.

—Depuis quand es tu devenue philosophe et sage ? Qui êtes-vous, et qu’avez-vous fait de mon amie ?

—Tu es médisante là, je suis toujours sage ! Enfin… disons presque toujours.

Nous partîmes dans un fou rire incontrôlé.

—Bon. On se voit demain alors ? Je vais prévenir mon père et je te donne plus de détail dans la soirée.

—Pourquoi, demain? Ton père a parlé de ton anniversaire...

—T'es intelligente, soupira mon amie à travers le téléphone.

—C'est demain ton anniv! fais je, mi surprise, mi en colère après Jess.

Elle m'avait caché cette information, tout comme le fait qu'elle jouait d'un instrument de musique.

—Bien joué, Sherlock! ricana-t-elle.

—Ok, on fait comme ça. Ah, au fait. Je ne savais pas que tu jouais du piano!

Bingo! Ma vengeance eu l'effet escompté. Jess poussa un long soupir. Je ne compris que bien trop tard, qu’elle aurait préféré éviter ce sujet.

—C’est ma mère qui m’a appris à jouer lorsque j’avais cinq ans, confia-t-elle.

Même à des dizaines de kilomètre de distance je pus ressentir la fébrilité dans sa voix. Mon cœur se serra douloureusement.

—Il faut que je te laisse, reprit Jess. A Demain.

Assise au milieu du grand matelas, le dos collé à la tête de lit, j’entrepris mon éternel rituel de début de soirée. Livres, cahiers et stylo jonchaient l’épaisse couverture. Je me perdis rapidement dans le rattrapage des cours.

Le soleil était déjà bas dans le ciel, si bien que je dus me lever pour allumer la lampe afin de terminer le devoir de Mathématique sur lequel je bloquais depuis de longues minutes. La photographie de mes parents trônait à côté de la lampe. Et entre les deux se trouvait le dictaphone. Préoccupée par cette histoire de diner j’en avais oublié jusqu'à la maison hantée et ses fantômes.

De retour sur le lit, j’écoutais les derniers enregistrements. Le craquement du plancher me fit frissonner, le grincement de la vitre me fit trembler, et lorsque je fermais les yeux, j’eu l’impression de ressentir à nouveau le souffle glacé sur ma nuque. Enfin, le bruit d’une sonnerie me fit sursauter. J’ouvris les yeux en me demandant vaguement combien de temps j’avais dormi.

—Angie, le diner est prêt ! Annonça Marie depuis l’étage inférieur.


Le diner ? J’eu la sensation d’avoir tellement rêvé, que plusieurs heures avaient dues passées. Pourtant, nous étions encore vendredi soir et mon estomac se mit à gargouiller. Même si l’idée d’une nouvelle assiette de pâte ne me réjouissais pas vraiment, je ne pus les ignorer plus longtemps.

—Qu’est-ce que c’est ? Demandais-je en pénétrant dans le salon.

Exceptionnellement, une grande table avait été dressée dans cette pièce qui d’ordinaire ne servait qu’à se reposer. Et divers plats aux odeurs enivrantes étaient disposés sur une belle nappe blanche.

—Nous avons décidé de nous faire plaisir, décréta Marie. Aujourd’hui est un grand jour, alors il était hors de question de faire des pâtes.

Des préparations aux couleurs vives —des plats provenant certainement d’un traiteur—, recouvraient la table. Je ne me fis pas prier pour prendre place sur la chaise que m’indiquait Antoine.

—J’espère que tu as faim, dit-il en balayant la table d’un geste de la main.

—Je suis affamée !

—Bon, eh bien espérons que ce sera aussi bon qu’appétissant, fit Marie, une pointe d’ironie dans la voix. Antoine et moi ne pûmes nous empêcher de rire aux éclats, face à autant d'ironie. Marie se joignit à nous, et le diner se déroula sous une pluie d’onomatopées de plaisir.


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4 commentaires

Mariebookfan14

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Il y a 2 ans

J'ai commencé à lire les deux premiers chapitres, je lirai la suite ce week-end. En attendant, j'ai tout liké 🙂

Dacia

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Il y a 2 ans

oh, merci !!! Tu es un amour ^^ J'espère sincèrement que durant ta lecture du week-end, tu appréciera l'histoire^^ Et, n'hésites surtout pas à me dire en commentaire ce que tu en pense ( et sans langue de bois) ^^ Excellente journée à toi, et hâte de te lire durant le week-end xD Kiss, Kiss.

minap_auteure

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Il y a 2 ans

a mon tour un petit coup de pouce pour t'aider à débloquer le chapitre suivant :)

Dacia

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Il y a 2 ans

Merci!! Mais, attention à ne pas te coincer le pouce dans la "porte des ténèbres" !! Kiss,Kiss.
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