Naelly2023 Fyctiolympiades #11- Relais (godessofnutellas)

#11- Relais (godessofnutellas)

Du haut de son balcon, la jeune impératrice de l’empire d’Inertia, Athanasia Liliana Catillatio, regarde les foules pénétrer l’enceinte du château, sans qu’un seul garde ne les arrête.


Comment peuvent-ils être aussi ingrats ? Dans son court règne, elle a subjugué un royaume ennemi à son magnifique empire et ils osent se plaindre parce qu’ils ont faim ? Ne savent-ils pas qu’une guerre, ses robes, passe-temps, goûters et bals coûtent de l’argent ? Dans un soupir irrité, elle regagne ses splendides appartements. Devant un miroir, elle époussette sa robe jaune et ajuste son haut de ses mains tremblantes.


Tout va bien se passer. Tu es l’impératrice. Ils n’y verront que du feu.


Elle se tient devant une immense peinture illustrant l’impératrice sur son balcon, une tasse de thé porté à ses lèvres, une brioche reposant dans une petite assiette. À ses côtés, un serviteur aux mêmes cheveux blonds et yeux bleus. Son portrait craché masculin. Une main posée sur la peinture et une prière murmurée plus tard, elle fait face à la porte de ses appartements, son masque d’arrogance en place.


Je repentis pour tes péchés et les miens.


Sa détermination vacille au souvenir de leur dernière conversation.


— Lucien ! Que se passe-t-il ? Pourquoi mes soldats ne font-ils rien ?


— Votre Majesté, vous devez fuir.


— Qu–


— Échangez vos vêtements avec les miens. Nous nous ressemblons tellement que les révolutionnaires ne verront rien.


— Non ! Je refuse !


— Majesté ! Le temps nous manque et vous devez vivre.


Elle secoue vivement de la tête, ses yeux rougis de larmes.


— Je ne peux pas le faire sans toi, Lucien…


— Oui, vous le pouvez. Une fois, dans mes vêtements, prenez le passage secret, trouvez Joséphine dans les écuries et enfuyez-vous avec elle.


— Lucien…


— Tout va bien se passer, maintenant échangez de place avec moi.


Au moment où elle revient au présent, les portes s’ouvrent dans un fracas et la fausse impératrice se trouve encerclée d’hommes et femmes pointant leurs armes sur lui.


Il prend une inspiration et dans une voix similaire à sa sœur il déclare :


— Comment osez-vous pointer vos armes sur moi !


— Nous ne sommes plus capables d'endurer vos caprices, Majesté. Nous sommes votre peuple et vous vous devez de prendre soin de nous, d'assurer notre santé, vocifère un des hommes tenant une fourche.


— Nous ne voulons plus vivre dans la misère que vous nous infligez à cause de l'achat coûteux de vos besoins personnels ! crie un autre.


L'impératrice ne recule pas devant les propos qu'ils lui jettent au visage.


Avec une voix chargée de mépris, Lucien réplique:


— Vous devriez avoir honte ! Agresser comme tel votre impératrice, c'est un comportement d'animaux ! Au contraire de toutes ces insultes que vous me proférez, vous devriez vous incliner devant moi, me soutenir et être à mon service. Nous étions en guerre et cela nécessitait de l'argent. Comment pensez-vous que nous nous sommes défendus et avons gagné ?


Les intrus se regardent, plus trop certains de leur plan de départ. L'impératrice n’a jamais su trouver de si bons mots ni autant réfléchi.


Pour une fois, elle parait mature, le portrait d’une vraie souveraine. Certains reculent, d'autres sont figés.


Lucien continue d'afficher son air neutre, espérant imiter à la perfection la véritable impératrice. Alors que quelques hommes se replient, un seul s'avance dignement devant l'usurpateur. Il doit avoir une trentaine d'années à la vue de la barbe mal rasée qui s'étend jusqu'à son cou. Il s'arrête à moins de deux mètres de l'impératrice factice et dit sèchement:


— M'en fous royalement de vos explications. La robe que vous portez doit bien valoir trois cents ors au minimum ! Et j'parle pas de celles qui sont dans votre penderie. À elles toutes, y aurait assez pour rénover la ville et d'quoi nous nourrir et qu'on r'devienne des humains. Là, on r'semble à des animaux à cause du manque d'eau, d'nourriture et d'douche.


Quand il parle, il postillonne tellement que Lucien recule d'un pas. Son haleine empeste la charogne et ses dents sont orange signe du manque d'hygiène. Sa tenue n'est que haillons, sûrement des habits avant, maintenant déchirés et sales. La colère, plutôt la haine, la hargne et le désespoir se mêlent sur son visage, lui donnant un air de fou qui divague dans son monde imaginaire.


— Je suis l'impératrice aux dernières nouvelles, je gère Inertia comme je l'entends. Et je peux vous assurer que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour nous remettre de cette guerre. Alors, je vous prierai, vous et votre bande de voyous, de déguerpir de mes appartements et de retourner dans vos demeures afin de vivre aussi paisiblement que l'après-guerre le permet.


— Oh que non, ma p'tite dame, ricane l'homme, on vous fait exécuter sur l'champ !


Des huées s'élèvent de derrière l'imprudent.


— La folie vous transportera directement chez le Diable, isolant ! Oser tenir tête à l'impératrice est un des plus grands péchés imaginables ! Excusez-vous au plus vite à ma personne et je serais peut-être clémente à votre jugement !


— J'obéis pas. Assez parlé. Allez, les gars, on l'emmène !


Sur ces paroles, cinq hommes s'avancent vers Lucien et l’amènent brusquement en direction de la cour. Au centre, à la place de la fontaine asséchée depuis des années, trône un tas de bûches, prêtes à être brûlées.


Ils l'attachent au poteau de bois qui se dresse au centre et se reculent. Aucun procès et directement amené à sa mort. Il veut rire du ridicule de sa situation. Comment sont-ils arrivé jusque là ? Méritent-ils d’être brûlés pour leurs péchés ? Certainement, mais la vérité est toujours dure à accepter, le déni est la solution facile.


Son regard trace les flammes qui dévorent les bûches et le foin.


Au moins mon corps sera brûlé et personne ne saura que c’était moi…


Il lève les yeux vers la foule. Tous ont des expressions heureuses. Ils crient victoire, contents de sa mort. Non… pas tous. Là, au milieu, se trouve une jeune fille d’à peine quatorze ans dans des habits de garçon, une cape dissimulant son visage, mais il arrive à décerner ses traits, puisqu’il porte les mêmes.


Il ferme les yeux, les flammes commençant à lui lécher les pieds. Il ne réagit pas, attendant son jugement avec volonté et force.

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14 commentaires

Gaëlle K. Kempeneers

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Il y a 9 mois

Cette histoire a une petite vibe servant of evil qui me plaît bien. ❤️

Naelly2023

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Il y a 9 mois

Merci

Catherine Domin

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Il y a 9 mois

En réponse à ta question, voilà la phrase concernée : "La folie vous transportera directement chez le Diable, isolant ! Oser tenir tête à l'impératrice..."

Naelly2023

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Il y a 9 mois

Ah oui, merci. Oups ! On avait pas vu

Marie Andree

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Il y a 9 mois

Le peuple est impitoyable ! J'aime bien le nom du royaume, Inertia. 👌😁

Naelly2023

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Il y a 9 mois

Merci, c'est GoddessofNutella qui m'a trouvé

Naelly2023

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Il y a 9 mois

@GoddessofNutella, dsl pour les fautes dans ton pseudo, mon correcteur en a fait qu'à sa tête et j'ai pas pris le temps de corriger 😐

GoddessOfNutella

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Il y a 9 mois

😂😂 t’inquiète ça va ! (J’me disais bien que l’orthographe était bizarre)
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