Robcar Funeste engrenage Le mensonge et le drame 4

Le mensonge et le drame 4

Les trois hommes y entrent et Maloire demande au gérant :

– Vous permettez que je m’installe à votre place, je voudrais voir le panorama ?

– Je vous en prie, faites comme chez vous, Inspecteur.

– Donc, c’est d’ici que vous surveillez les pistes et les parkings ?

– Oui, je peux voir la totalité de la piste et du parking des poids lourds qui se trouve sur la gauche, mais seulement une petite partie du parking pour les autres véhicules qui se trouvent sur la droite. Comme vous pouvez le constater, le vitrage de mon bureau est à angle droit sur deux pans de mur.

– Effectivement, d’ici je vois bien l’emplacement où se trouvait le camion en question. Hormis les poids lourds, qui d’autre accède à ce parking ?

– En principe, personne. Ce lieu est essentiellement fréquenté par les conducteurs routiers, il y a peu de mouvement sur ce parking.

– Justement, hormis les conducteurs routiers, y avez-vous vu d’autres personnes, des femmes par exemple ?

– Il y a quelques femmes qui conduisent des poids lourds, mais elles sont rares et les hommes, eux, sont rarement accompagnés de leur femme.

– J’entends bien, mais d’autres femmes, des femmes étrangères au parking.

– Quelques fois, le soir, j’aperçois des femmes s’approcher des cabines, certainement des prostituées, mais elles sont peu nombreuses et très discrètes. Elles ne se montrent jamais le jour, raison pour laquelle je les tolère, et puis quelque part, ça doit bien fidéliser un peu une partie de ma clientèle.

– Ce soir-là, en avez-vous vu une ?

– Non, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en avait pas.

– Par contre, les autres routiers présents ont pu être racolés, ou ont pu en apercevoir une de leur cabine ?

– Bien sûr, ils sont aux premières loges et directement concernés.

– Je vous demande de faire passer le message à tous les routiers que vous connaissez et qui étaient susceptibles d’être là le soir des faits. Nous cherchons celui d’entre eux qui a peut-être vu quelque chose, une femme qui sait ? Toutes sortes de témoignages m’intéressent. Voici ma carte, n’hésitez pas à m’appeler même pour un détail qui peut vous paraître insignifiant.

– Bien, monsieur l’Inspecteur, ce sera fait, je vous raccompagne.

Maloire et son stagiaire sortent de la station, jettent un dernier coup d’œil aux lieux, entrent dans leur voiture et repartent.

– Edgar, en rentrant au bureau, je vais étudier tous les rapports d’expertise et passer quelques coups de fil pour avoir des informations complémentaires. Ça va me prendre une bonne partie de l’après-midi, pendant ce temps, tu donnes un coup de main à Maude et tu avertis la veuve que nous lui rendrons visite demain, en milieu de matinée. Nous partons à huit heures précises, ne sois pas en retard, car il y a un bon bout de chemin à faire.


Le lendemain, à huit heures tapantes, les portières claquent et la voiture démarre. Après trois longues heures de route, qui ont permis de réfléchir et d’échanger des points de vue, la voix du GPS indique que la maison des Savin est toute proche. Maloire tourne à gauche dans la ruelle, ralentit pour pouvoir déchiffrer les numéros inscrits sur les portes, et gare sa voiture devant le quatorze. Il en descend, enfile soigneusement sa veste, contemple ses chaussures lustrées comme des miroirs, lisse le pli rectiligne de son pantalon à pinces et ajuste son nœud de cravate. Il vérifie le nom collé sur la boîte à lettres, pousse le portillon d’accès dépourvu de verrou et de sonnette, s’approche de la porte d’entrée et sonne. Sans ouvrir, une voix lui demande :

– Qui est-ce ?

– Police madame ! Ouvrez s’il vous plaît.

La porte s’entrebâille et laisse apparaître la moitié d’un visage auquel Maloire présente sa carte.

– Bonjour, madame Savin ! Inspecteur Maloire et mon adjoint l’inspecteur Caublet. Pouvons-nous entrer quelques instants, s’il vous plaît ?

Rassurée, elle ouvre sa porte en grand et les invite à entrer.

– Je vous en prie, prenez place leur dit-elle en désignant un canapé avachi et creusé par le poids des ans.

– Madame Savin, je comprends bien dans quel état vous devez être en ce moment, nous vous avons laissé un peu de temps pour reprendre vos esprits, mais comme vous le savez, la mort de votre mari n’est pas naturelle et je dois vous poser quelques questions pour élucider cette affaire, ça ne sera pas long.

– Mais j’ai déjà répondu à beaucoup de questions.

– Je sais que vous avez été questionnée par nos confrères locaux qui nous ont mis au courant de votre entretien, mais c’est moi qui mène l’enquête et je dois vous entendre à nouveau, de vive voix. Si c’est nécessaire, je serai encore amené à vous poser d’autres questions au cours de l’enquête.

– C’est tout naturel, monsieur l’Inspecteur, faites votre travail.

– Bon, je commence. Votre mari a-t-il reçu des menaces récemment ?

– Non, aucune.

– Avait-il des ennemis ?

– Non, pas que je sache.

– Était-il en conflit avec un de ses collègues, un de ses employeurs, ou un de ses voisins ?

– Non, il me racontait tout, ses moindres tracas.

– Avec des membres de votre famille peut-être, que sais-je, cherchez bien ?

– Non, il était aimé et apprécié de tous.

– Était-il anxieux, soucieux, ces derniers temps, avait-il des dettes ou des problèmes d’argent ?

– Non, aucunement, nous avions remboursé tous nos crédits et avions même un petit compte épargne.

– Excusez cette question, mais je dois vous la poser. Aviez-vous une vie sexuelle équilibrée ?

– Oui, je pense, comme tous les gens de notre âge, du moins, il ne s’en est jamais plaint.

– D’après vous, il n’avait donc pas de maîtresse ?

– Notre couple se portait bien, mais je ne peux être sûre de rien, du fait qu’il était souvent en dé-placement. Mais à mon avis, non ! Nous les femmes nous ressentons ces choses.

– Avez-vous entendu une conversation bizarre au téléphone, ou remarqué une attitude particulière de sa part ces derniers temps, qui aurait pu vous faire penser qu’il essayait de vous cacher quelque chose.

– Non, rien du tout Inspecteur. Vous savez, depuis l’annonce de sa mort, je ne dors presque plus et pense constamment à lui. J’ai tout passé en revue dans ma tête et je n’ai rien trouvé qui peut justifier un tel acte, je suis vraiment désolée.

– Non, madame, c’est moi qui suis désolé, encore quelques questions et je vous laisse en paix.

L’interrogatoire se poursuit encore quelques minutes, puis Maloire conclut en disant :

– Merci pour votre concours, madame, cela nous a été très utile, ne nous raccompagnez pas, nous connaissons le chemin. Dès que nous avons du nouveau, nous vous tenons au courant. Surtout, ne quittez ni la ville ni votre maison, sans nous avoir préalablement prévenus. C’est par simple mesure de sécurité pour vous et l’assurance, pour nous, de pouvoir vous contacter rapidement.

Maloire et son adjoint regagnent leur voiture pour prendre le chemin du retour. Le véhicule dé-marre et disparaît de la ruelle.

Tu as aimé ce chapitre ?

2

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.